Accueil Editorial Faut-il sacrifier l’économie pour arrêter le virus ?

Faut-il sacrifier l’économie pour arrêter le virus ?

Depuis le 22 mars et au moins jusqu’au 19 avril, la Tunisie est en confinement total. Toute l’économie est à genoux. Les moteurs de la croissance sont à l’arrêt. Ils baissent les uns après les autres depuis l’apparition du Covid-19. Ils s’enfoncent davantage en territoire négatif et la crise risque encore de s’alourdir en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. La pandémie n’a pas seulement des conséquences sanitaires immodérées, mais aussi des répercussions très lourdes sur les finances publiques. Elle met en péril tout l’échafaudage de l’économie et de la finance. L’ensemble du secteur économique est impacté. La baisse d’activité a engendré une récession dans plusieurs domaines qui tournent presque au ralenti. Beaucoup d’entreprises ont baissé le rideau et les interruptions de travail explosent. Certaines ont pu préserver leur main-d’œuvre, mais la plupart ont déjà opté pour un ajustement à la baisse. Un violent coup d’arrêt qui vient s’ajouter à celui subi depuis 2011.

Dans une étude publiée récemment sur la crise relative au Covid-19, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) s’est particulièrement intéressé à la gestion de la période à venir. Il insiste sur l’impératif d’élaborer un plan de gestion de crise complet, avec des responsabilités partagées entre gouvernement, secteur privé et organisations nationales. Il s’agit en premier lieu de « la mise en place d’un plan national pour mieux se préparer à une éventuelle deuxième vague de confinement », et l’élaboration, ensuite, d’une stratégie de « relance nationale à partir de 2022 en rapport avec la reprise attendue à l’échelle mondiale ».

Il est certain que les dispositions actuelles de l’économie tunisienne ne lui permettent pas, sinon très peu, d’échapper à la récession. Beaucoup de contraintes pèsent déjà sur les finances de l’Etat. En dépit de quelques éclaircies, le rythme de croissance est toujours moins soutenu que celui des années ayant précédé la révolution. Face à la pandémie de coronavirus et au prolongement du confinement, les prévisions sont davantage revues à la baisse. Les répercussions risquent d’être plus lourdes et le temps de la reprise encore plus long.

Il faut dire que depuis 2011, la crise économique que connaît le pays fait écho à une déformation qui tient son nom et sa raison d’être de l’absence de réactivité et de ressort des autorités concernées. Toute performance découle forcément d’une certaine logique. Faute de vision logique et rationnelle, le contexte a fait que les approches économiques, telles qu’elles ont été gérées, ont abouti à des stratégies non rentables. Si les problèmes et alternatives étaient connus de tous, les solutions paraissaient impossibles aux yeux de ceux qui veillaient à la politique économique du pays. Effacée face aux problèmes, la politique économique, menée d’un gouvernement à l’autre, ajoutait à ce tableau noir un déficit d’implication évident. Elle tournait le dos aux véritables besoins de la Tunisie. Aux besoins des Tunisiens.

Aujourd’hui, la conséquence principale de la pandémie, c’est assurément la chute bien plus forte qu’anticipée du secteur économique. Faut-il tuer l’économie pour arrêter le virus ? L’idée n’est pas de mettre en cause la valeur de la vie humaine. La santé des Tunisiens n’a pas de prix. Mais le Covid-19 ne nous offre-t-il pas une chance de penser l’économie sur de nouvelles bases, de nouveaux principes, loin de ceux qui ont failli à la première grande épreuve ? 

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