«Cendres» de Mehdy Ajroudi aux JCC: Le sens d’un pardon 

Présenté mercredi soir à la salle Mad ‘Art dans le cadre des JCC (Journées cinématographiques de Carthage), le court-métrage de Mehdy Ajroudi n’est pas passé inaperçu, ne serait-ce que par l’émotion qu’il nous a communiquée sur un sujet très peu traité par le cinéma tunisien, mais aussi par son langage cinématographique.


Mehdy Ajroudi fait partie de cette jeune génération de réalisateurs qui pourront injecter du sang neuf dans le cinéma tunisien, d’autant plus  que, de par sa formation aux Etats-Unis, il pourrait enrichir le paysage avec une écriture somme toute fraîche et qu’il sait s’adapter à notre culture. Ce court-métrage le prouve… Acteur, scénariste, il est aussi co-réalisateur (avec Lewis Martin Soucy) de «Cendres» tourné à la fin de l’an 2020 dans le Sud tunisien  avec une équipe technique  tunisienne  à 100%, notamment avec Sofiane El Fani à l’image et Moncef Taleb au son.

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Notons aussi la complicité de Moez Belhassen dans cette écriture de scénario. Le film est également produit par Mohamed Ayachi Ajroudi. Voici un ancien soldat français hanté par sa mémoire  qui décide un jour de prendre ses affaires et d’aller en Tunisie pour visiter Ksar Ghilane.

Il décide de louer alors les services d’un guide tunisien spécialiste dans les parcours touristiques dans le désert. Au cours de ce voyage, les personnages évoluent et le guide se trouve face à une découverte atroce sur son passé face à cet ancien soldat en quête de rédemption. L’écriture place de prime abord et sans ambages  les personnages et leur donne une place prédominante dans la tête du spectateur.

Une écriture qui choisit la clarté dans le schéma narratif déchargé de toutes les tares qui pourraient alourdir cette histoire qui se passe entre l’époque coloniale tunisienne et l’époque actuelle. Une écriture qui donne sa place au visuel, à l’action et au suspense qui  ne tombe pas dans le côté aguicheur et commercial en gardant au centre le noyau de l’histoire grâce à l’interprétation irréprochable des deux principaux acteurs,  Mehdy Ajroudi et Marc Andréoni. On ne tarde pas à être «très vite dedans !» et c’est peut-être l’un de ces défis de ce court-métrage qui ,dans à peine une vingtaine de minutes, nous saisit  à la gorge.

Un film sur l’impossible rédemption, mais aussi sur le sens du pardon face aux atrocités commises par les militaires dans le passé sur notre terre. Dans une interview qu’il nous a accordée  lors du tournage, Mehdy Ajroudi a déclaré : «L’idée de base était d’écrire un film sur l’Histoire tunisienne et mettre en avant notre pays. J’ai voulu prendre à contresens le thème d’actualité repris par tout le monde, celui des jeunes qui partent clandestinement en Europe. J’ai choisi les gens qui se sont battus pour que notre pays soit notre territoire».

Mais à aucun moment, le film ne politise l’affaire pour en faire un discours et c’est certainement là où se trouve toute la magie du cinéma, et ce qui le distingue de tous les autres écrans… C’est simplement l’histoire d’un homme à la recherche de la rédemption écrite par un jeune homme passionné par l’écriture et le cinéma.

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