Report des sessions de dialogue entre le gouvernement et l’UGTT : A quoi faut-il s’attendre ?

Que se passe-t-il entre le gouvernement et la centrale syndicale ? Alors que nous avons pensé au dénouement avec la signature de ce que La Kasbah appelle un pacte social, les relations entre les deux parties sont, de nouveau, tendues.

Il était attendu que les partenaires sociaux entament hier plusieurs sessions de dialogue, sauf que la veille La Kasbah a décidé unilatéralement de les reporter, comme le confirme l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt). C’est son site d’information Echaâb News qui a fait l’annonce. La séance de négociation prévue vendredi 19 août entre le gouvernement et l’Ugtt, dans le cadre du dialogue 5+5, n’a pas eu finalement lieu, elle devait examiner les revendications sociales inscrites dans le préavis de grève du 16 juin 2022, dont l’ouverture de négociations pour des majorations salariales dans la fonction et le secteur publics, l’augmentation du Smig et la réforme des entreprises publiques.

«Ce report constitue une surprise pour l’opinion publique qui attend d’être rassurée, et aspire à une stabilité dans une situation difficile qui requiert conventions et initiatives», souligne l’Ugtt citée par ce site d’information.

Du côté de La Kasbah, aucun responsable n’a brisé le silence pour s’exprimer autour de ce nouveau rebondissement qui pourrait dégrader davantage la situation sociale dans le pays, d’autant plus que la centrale syndicale urge des réformes et des négociations pour répondre à la baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens.

En effet, si l’Ugtt considère que cette réunion était une «occasion pour assainir le climat social», le gouvernement semble se pencher sur d’autres dossiers qu’il juge plus importants, notamment les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).  

Effectivement, dans ce cadre, les discussions allaient porter sur les points inscrits dans le préavis de grève du 16 juin, liés notamment à l’ouverture de négociations sur les majorations salariales dans la fonction et le secteur publics, l’augmentation du Smig, l’annulation de la contribution sociale solidaire (CSS), l’annulation de la circulaire n° 20…, mais ce report, vient confirmer les déclarations des décideurs de l’Ugtt, qui, selon eux, la crise sociale est bien partie pour s’installer en Tunisie, et que le document signé récemment entre les partenaires sociaux n’a jamais été un «nouveau pacte».

L’Ugtt maintient la pression

Ces négociations allaient également porter sur l’application de toutes les clauses de l’accord du 6 février 2021 et l’amorce de la réforme des entreprises publiques, au cas par cas.

Pour l’Ugtt, il est primordial aujourd’hui d’ouvrir les dossiers sociaux en dépit de la tension politique et de la période transitoire par laquelle passe le pays.

Au fait, pour la centrale syndicale, un accord sur les majorations salariales doit avoir lieu dans les plus brefs délais pour aider les Tunisiens à surmonter cette crise sociale.

Sauf que la réponse gouvernementale était immédiate. Le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a indiqué que «l’économie tunisienne traverse une situation très critique», pour barrer la route à toute augmentation salariale.

En effet, il explique qu’il n’y a pas de «possibilité d’augmentation des salaires, actuellement, mais cela n’empêche pas une augmentation progressive si l’économie est capable d’atteindre des taux de croissance et de créer de la richesse ». S’agissant des négociations avec le FMI, il a précisé que le problème n’est pas de parvenir à un accord avec cette institution financière, « mais qu’il s’agit plutôt d’un problème interne».

Un nouveau bras de fer à l’horizon ? 

La Centrale syndicale n’a pas certainement apprécié cette décision unilatérale et inexpliquée du gouvernement.

Cela va-t-il impacter le dernier rapprochement observé entre les partenaires sociaux ? En tout cas, le porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail, Sami Tahri, a indiqué que la centrale syndicale décidera bientôt une grève générale dans le secteur et la fonction publics si le gouvernement poursuit sa politique d’atermoiement. Tahri a expliqué que cette décision intervient parce que «le gouvernement actuel n’a pas honoré ses engagements à l’égard de l’Ugtt».

Il faut rappeler qu’une séance de dialogue a eu lieu lundi dernier entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail dans le cadre de la reprise des séances de dialogue social.

Cette séance de dialogue a porté sur les revendications présentées lors de la grève dans le secteur public du 16 juin dernier.

Parmi ces revendications figurent notamment l’annulation du décret n° 20 interdisant aux ministres, secrétaires d’Etat et directeurs généraux des établissements publics d’entamer des négociations sans autorisation préalable de la présidence du gouvernement, ainsi que pour lancer les négociations sociales afin de demander une augmentation des salaires dans le secteur et la fonction publics.

Laisser un commentaire