Campagne des moissons : Jamais mieux que cette année

Trois millions de quintaux collectés et une récolte très prometteuse cette année. Tout le monde est de la fête avec, en premier lieu, les céréaliculteurs qui vont pouvoir enfin engranger des profits substantiels, après des années de vaches maigres qui ont failli mettre en déroute toute la filière des céréales. Ce qui est certain, c’est que la saison des moissons va contenter les agriculteurs qui n’ont pas engrangé de profits en espèses sonnantes et trébuchantes durant les trois dernières campagnes agricoles passées

Une cadence de quatre cent mille quintaux par jour et plus de 20 millions de quintaux attendus, cette saison, la meilleure depuis 2003

Jamais mieux que cette année, la campagne des moissons des grandes cultures, des céréales, de surcroît, n’a dégagé de bilan euphorique, comme celui de la campagne 2018/2019 qui devrait fournir une récolte estimée par tous les professionnels à plus de 20 millions de quintaux 

Autant dire que tout le monde est de la fête, cette année, avec en premier lieu les céréaliculteurs qui vont pouvoir enfin engranger des profits substantiels, après des années de vaches maigres qui ont failli mettre en déroute toute la filière des céréales. Déjà la collecte va tambour battant avec une cadence estimée par le président-directeur général de l’Office de céréales, Taoufik Saidi, lors de la visite qu’il a effectuée jeudi dernier au Kef, à plus de trois cent mille quintaux par jour, une cadence qui devrait s’accroître sensiblement au cours des prochains jours, tant la campagne vient d’atteindre sa vitesse de croisière avec le démarrage des opérations de moisson à Béja, grand bastion de la céréaliculture, où près de quatre millions de quintaux sont attendus, contre 3,3 millions à Siliana et 3 millions au Kef, et ce, en dépit des dégâts occasionnés par les chutes de grêle sur de vastes étendues d’emblavures céréalières situées dans le sud du gouvernorat, alors que les autorités de Jendouba tablent sur une récolte avoisinant les 2,3 millions de quintaux 

Un problème de stockage

Face à l’euphorie de la production et des rendements records qui continuent de tomber de plus belle dans la plupart des foyers agricoles, avec près de 30 quintaux sur certaines parcelles du gouvernorat du Kef, plus précisément à Kalaa Khesba où certains céréaliculteurs ce disent quelque peu surpris par l’ampleur de ces records, au demeurant réalisés, en dépit de l’insuffisance des apports nécessaires d’ammonitrate, surviennent les questions d’évacuation et de transfert de la production vers les centres de collectes et de stockage du pays, en ce que la capacité de stockage dans les principaux foyers de production demeure limitée. Ce qui a poussé les autorités à réagir promptement, d’abord en concluant un accord avec les collecteurs portant révision à la hausse de leur marge bénéficiaire et la mobilisation de tous les moyens pour garantir les conditions nécessaires à la collecte et au transfert de la récolte, par le biais des chemins de fer et des transporteurs privés, mis à contribution, cette année, exceptionnellement sans limite de tonnage, et ce nous dit-on pour mieux gérer l’abondance, un sujet récurrent qui agace les autorités et les met à mal à chaque fois que certaines filières agricoles réalisent des récoltes exceptionnelles, comme pour la pomme de terre, les agrumes et les solanacées (tomate, piment).

Pour ce faire, une soixantaine de nouveaux wagons ont été acquis, cette année par la société nationale de chemin de fer (Sncft) qui a mobilisé en tout 130 wagons, avec des rotations rapides dans chaque région en vue de procéder à l’évacuation de la récolte vers les centres de stockage ou de transfert. Mais cela n’a pas permis pour autant de réduire les longues files devant les centres de collecte qui sont pris d’assaut, chaque jour, par les céréaliculteurs désireux de livrer leur récolte le plus rapidement possible. Certains passent même la nuit devant les centres tant ils sont obnubilés par les phénomènes de vol et d’incendie. Ce scénario risque cependant de durer encore longtemps, au moins jusqu’à fin juillet, selon les projections de l’Union régionale de l’agriculture du Kef, dont le président Mounir Abidi évoque une année agricole faste qui touche aussi le secteur des fruits et même les légumes de saison, en allusion aux producteurs de solanacées et de cucurbitacées.   

L’abondance se remarque aussi au niveau des fourrages où la récolte a donné cette saison entre 250 et 300 balles par hectares, tout comme pour la paille dont le prix a chuté cette année, au point que certains agriculteurs ont préféré l’abandonner, carrément, au champ, plutôt que de la ramasser

Petite hausse des prix à la production 

Une autre satisfaction qui pourrait encourager, un tant soit peu, les céréaliculteurs et les aider à rentrer dans leurs frais, concerne la hausse des prix des céréales à la production cette année décidée par le gouvernement qui n’a pu contenter tout le monde, avec un rajout de cinq dinars pour le quintal et trois petits autres dinars pour l’orge qui représente dans certaines régions la variété des graminées la plus cultivée cette saison. Comme dans la région du Kef, à titre d’exemple, où sur les 200 mille ha emblavés, 130 mille   ont été affectés à l’orge. Ce qui est certain, c’est que la saison des moissons va contenter les agriculteurs qui n’on pas engrangé de profits en sonnantes et trébuchantes durant les trois dernières campagnes agricoles passées.

Les syndicats des agriculteurs ont beau appeler à une augmentation d’au moins dix dinars par quintal, mais ils ont dû se contenter de ces petites augmentations jugées de pacotille car les coûts de production ont fortement augmenté, depuis trois ans, notamment pour les intrants et les semences sélectionnées dont le prix a atteint la barre des 107 dinars le quintal.

L’abondance de la récolte devrait, selon la tradition, favoriser un essor de l’activité socioéconomique car durant les années fastes, les poches se remplissent et les yeux s’ouvrent généralement sur les marchés.

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