Commentaire | Le couperet est tombé !

 

L’on n’est pas censé ignorer que c’est tout le paysage politique qui traverse aujourd’hui une crise identitaire. Mais le parti islamiste et ses alliés subissent une crise multiforme de fiabilité, d’efficience et de rayonnement. Une crise qui a pour manifestation première un désaveu avéré auprès de l’opinion publique.

Le recours aux contestations et aux protestations ne semble plus servir à grand-chose. Le chemin est encore long pour Ennahdha, le Front du salut et leurs alliés pour pouvoir mobiliser la rue. Il est ainsi de plus en plus impératif qu’ils se donnent de nouvelles alternatives et pourquoi pas doter leurs discours d’arguments plus convaincants et de crédibilité. Jusque-là,, ils n’en font pas plus. Encore moins mieux.
Emoussés mentalement, discrédités publiquement, ils restent sur une série de mauvaises performances. La spirale ne semble pas finir et les déceptions se multiplient. Les échecs, les déboires en appellent d’autres. Ce qui est entrepris actuellement est synonyme de décadence caractérisée, de risque et d’incertitude.
L’on n’est pas censé ignorer que c’est tout le paysage politique qui traverse aujourd’hui une crise identitaire. Mais le parti islamiste et ses alliés subissent une crise multiforme de fiabilité, d’efficience et de rayonnement. Une crise qui a pour manifestation première un désaveu avéré auprès de l’opinion publique.
Ennahdha et le Front de salut savent-ils qu’il arrive un moment où l’on ne revient jamais en arrière ? Savent-ils que les Tunisiens ont besoin aujourd’hui d’entendre des discours complètement différents de ceux habituellement préconisés par le mouvement islamiste, et derrière lui la plupart des partis politiques ? On ne sait pas s’ils en sont vraiment conscients, ou s’ils tardent encore à le comprendre: leurs choix et leurs agendas ont dénaturé le paysage et l’action politiques.
On sait toutefois que leur crédibilité a été affectée par la dégringolade continue des valeurs et des principes. Le couperet est tombé avec la descente à un niveau jamais atteint et amorcé.
Et voilà que les Tunisiens ne font plus confiance à tout ce qui inspire les politiques dans leurs réflexions et dans leurs prises de position. De nouvelles expériences et des défis d’un autre genre sont aujourd’hui rêvés.
On aimerait que la classe politique, à travers ses différentes formations, en ressente l’envie, mais surtout la conviction. Depuis 2011, on n’a rien vu de rassurant et encore moins ce qui fait honneur à la révolution.
Quand on vient de loin, on a plus de risques de trébucher. Il n’est pas difficile de déduire que depuis qu’il avait accédé au pouvoir de décision, le mouvement islamiste s’est taillé la réputation de formation politique à l’origine de la faillite de beaucoup de partis. Les ennemis d’hier peuvent être les amis d’aujourd’hui et vice-versa. Cela est encore valable pour ses principaux dirigeants qui se sont fait certes des noms, un statut, mais ne font jamais l’unanimité.
D’ailleurs, ils font de plus en plus l’objet de critiques les plus virulentes. Leurs noms sont évoqués dans pratiquement toutes les phases difficiles par lesquelles passe la Tunisie.
Il existe aujourd’hui une vraie cassure. Le discours, même s’il ne diffère pas de celui du passé, n’est plus accepté. Le mode d’implication est presque le même, mais il n’est plus toléré. On ne voit plus le parti, ni ses hommes de la même façon. Ils sont de plus en plus incapables de s’imposer, de cohabiter, voire d’exister dans un environnement qui semble plus que jamais leur échapper.
Forcément, c’est tout le paysage politique qui est appelé aujourd’hui à changer, à évoluer. Les priorités à prendre en considération devraient se situer dans la recherche d’une harmonie encore plus efficiente, d’une unité de pensée et d’action encore plus efficace.
Les politiques auraient intérêt à défricher plus loin… C’est l’occasion de dire qu’on ne doit plus oublier les valeurs et les principes qui font remuer les Tunisiens et qui sont vraiment de nature à mobiliser la rue. Des valeurs et des principes qui représentent la vitalité de l’action politique.
Pas la peine d’attendre encore pour se plonger au cœur de l’opération séduction. Au-delà de tout jugement et appréciation, il est aujourd’hui indispensable de tirer les enseignements de ce qui a été raté, ce qui a été gâché.
Qu’on le veille ou non, on doit admettre que le destin et l’avenir de beaucoup de partis politiques ne peuvent plus être laissés au bon vouloir de quelques-uns.

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