Justice — Arrestation de Kamel Letaief, de Khayam Turki d’Abdelhamid Jelassi et de syndicalistes sécuritaires: Coup de balai à grande échelle ?

La justice carbure à fond ces derniers jours et nul ne semble être à l’abri de poursuites quelle que soit sa position ou l’étendue de son réseau d’influence. Ce week-end a été ainsi marqué par des interpellations de personnalités de gros calibre, qui semblaient auparavant intouchables. Pour leur part, les sécuritaires interpellés sont impliqués dans une affaire de détournement de fonds.


En effet, selon l’avocat Abdelaziz Essid, l’activiste politique Khayam Turki a été arrêté par des agents de sécurité au cours d’une descente chez lui.  Il a ajouté que son domicile a été fouillé et il a été conduit à un endroit qu’il tente actuellement de localiser. Par ailleurs, des sources proches et concordantes ont indiqué que l’homme d’affaires Kamel Letaïef aurait  été interpellé par une unité sécuritaire.

Les mêmes sources ont indiqué que l’unité n’a pas précisé à sa famille les raisons de son arrestation et où il sera conduit.

On apprend aussi que l’ex-dirigeant du mouvement Ennahdha Abdelhamid Jelassi a été arrêté pour soupçons de complot contre l’Etat.

Selon les premiers éléments, l’enquête a été menée sur la base d’une suspicion d’atteinte et de complot contre la sécurité intérieure et d’autres délits en lien avec la sûreté de l’Etat.

Toujours selon les mêmes sources, une unité spécialisée dans la lutte contre le terrorisme s’est chargée de l’enquête qui touchera d’autres personnalités politiques, en attendant les résultats des investigations qui ont été engagées. D’ailleurs, un ex-militaire, retraité depuis dix ans, un ancien diplomate et un homme d’affaires ont été également arrêtés. Sur un autre plan, le ministère de l’Intérieur a révélé hier que les résultats des audits financiers et des recherches effectués par l’unité centrale d’inspection générale de la garde nationale à El Aouina, dirigées avec l’aide d’experts de l’autorité générale d’inspection financière mandatés par le ministère public du pôle judiciaire et financier où sont mis en examen les membres du bureau exécutif d’un syndicat de la sécurité, ont abouti à des soupçons d’emploi illégal de fonds. Il s’agit de pratiques frauduleuses diverses et généralisées, d’escroquerie et de manipulation des fonds du syndicat, pouvant atteindre 134 millions de dinars. L’enquête a également révélé des soupçons d’émission d’ordres de paiement falsifiés, de surfacturation et d’exécution de virements bancaires non justifiés vers des comptes privés de plusieurs intermédiaires qui se sont révélés être des parents et des connaissances des membres du bureau exécutif du syndicat en question et ce en vue de justifier à tort de fausses dépenses pour des services professionnels ou sociaux fictifs ainsi que la réalisation de retraits d’espèces importants, dont le sort reste inconnu. Le communiqué ajoute qu’à cet effet, le Parquet a autorisé la détention de 9 personnes parmi les membres du bureau exécutif du syndicat  et les intermédiaires impliqués. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur affirme qu’il continuera à soutenir le véritable travail syndical qui garantit les droits et les intérêts des adhérents dans un cadre participatif et conformément aux dispositions et contrôles légaux. Il est à rappeler qu’au mois de septembre dernier, le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, avait décidé de suspendre les prélèvements des salaires des agents de sécurité, au titre des adhésions aux syndicats sécuritaires.

Il avait  expliqué que sa décision a été prise car il n’y avait aucun texte qui organise cette pratique. Il a fait part de son inquiétude de voir les prélèvements atteindre la somme de 34 millions de dinars des salaires des adhérents depuis le début de l’année 2022 et qu’ils pouvaient atteindre 40 millions de dinars à fin août 2022. Il avait aussi indiqué qu’il y avait de fortes présomptions de mauvaise gestion et noté qu’un mandat de dépôt avait été émis contre deux syndicalistes suite à cette infraction. Pour lui, «il n’est pas question de garder le silence face à cette situation d’infraction de loi, sinon on deviendra complice dans cette affaire», a-t-il expliqué. Il est aussi à noter que le 26 septembre 2022,  l’exécution d’un jugement d’évacuation du local d’un Syndicat des forces sécuritaires pour loyer impayé a permis la découverte d’une somme de 600 mille dinars retrouvée dans un coffre-fort au siège du Syndicat national des forces de sécurité intérieure. La justice avait alors ordonné une enquête judiciaire à cet effet qui a permis de retrouver d’importantes sommes d’argent dans les comptes bancaires dudit syndicat, annonce le bureau d’information du Tribunal de première instance de Tunis.,

Le bureau d’information et de communication du Tribunal de première instance de Tunis 1 a souligné également qu’une enquête judiciaire a été ouverte à cet effet.

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