Quand les aigles de Carthage perdent la boussole : Inodore, incolore…

 

Battu par la Guinée équatoriale, le onze national n’a été que l’ombre de lui-même.

Jalel Kadri a fait le choix de jouer contre la Guinée équatoriale plus pour grappiller un point, plus pour ne pas perdre que pour gagner. Le point du nul suffisait à ses yeux pour garder la tête du groupe et un succès sur le Botswana en septembre lui permettrait de sauvegarder la première place. Il avait, toutefois, oublié que la meilleure défense c’est l’attaque et que le mieux était d’aller bousculer le onze guinéen devant plutôt que de l’attendre derrière. Résultat : le Team tunisien a pris un but à cinq minutes de la fin sans pouvoir réagir. Il est  rentré avec zéro point et a perdu son fauteuil de leader. On peut protester à propos du penalty plus que discutable accordé généreusement par l’arbitre ivoirien, le mauvais état de la pelouse, mais on ne peut pas en tirer la conclusion que les Aigles de Carthage méritaient mieux que cette défaite amère au vu de l’ensemble de leur prestation au-dessous de la moyenne tout au long de la rencontre, ou que les Guinéens ont volé leur victoire puisqu’ils ont été supérieurs dans toutes les statistiques de la seconde mi-temps ( possession du ballon, duels, essais au but ), et qu’il ont affiché plus de fraîcheur physique et fait preuve de plus de volonté de bien faire et plus d’ardeur pour l’emporter. Ce qui fait mal au point de s’en mordre les doigts, c’est qu’avec une meilleure approche de cette partie contre la Guinée équatoriale qui est loin d’être un foudre de guerre, on aurait pu s’en sortir aisément et ne pas passer à côté du sujet.

Mauvais casting

Dans le onze de départ aligné par Jalel Kadri, on peut faire au sélectionneur de nombreux griefs. Le premier est que Anis Ben Slimane dont la titularisation a été une surprise était un milieu de trop aux côtés du trio Issa Laidouni, Mohamed Ali Ben Romdhane et Hannibal Mejbri. Ce choix discutable a créé une confusion dans les tâches notamment au niveau de la projection vers l’avant. Il aurait mieux valu écarter plus le jeu et opter pour un joueur de couloir avec le profil d’ailier de débordement d’emblée plutôt qu’à un quatrième demi de récupération et de verrouillage. On a eu droit à un bon comportement défensif, certes, comme s’en est vanté Jalel Kadri mais le prix à payer a été très cher puisqu’on a sacrifîé complètement le travail d’animation offensive. Avec un Wajdi Kechrida positionné moins haut que d’habitude comme latéral droit et qui n’a pas effectué ses montées et ses percées habituelles pour adresser de nombreux centres aériens ou des passes en retrait judicieuses et avec la paire Ali Abdi-Mohamed Ali Ben Romdhane qui n’a pas bien fonctionné et n’a pratiquement rien entrepris sur le flanc gauche, il n’y a pas eu ce pressing fort et ce surnombre en attaque pour créer de véritables situations et occasions de buts. L’autre second reproche qu’on peut faire à Jalel Kadri, c’est que dans ce système hyper-défensif qu’il a adopté, Issam Jebali n’aurait pas dû être titularisé comme attaquant de pointe. Le point fort de Issam, c’est sa présence dans les duels aériens et son très bon jeu de tête. Sans des centres multipliés sur les deux côtés de l’attaque, en l’absence d’ailiers de débordement et de dédoublements répétés avec des latéraux qui font leur boulot offensif, il a été condamné à un isolement pitoyable, sans capacité de constituer un danger au cœur d’une défense adverse bien musclée et assez vigilante. Ce n’est pas un hasard si le gardien guinéen n’a pratiquement jamais été sérieusement inquiété et a passé un après-midi tranquille qu’il n’avait pas espéré avant le coup d’envoi. En outre, le recours au jeu direct avec de longs ballons balancés en avant n’a pas été une réussite et on aurait pu mieux asseoir et imposer notre jeu malgré l’état de la pelouse si Hannibal Mejbri avait été placé un cran devant comme régisseur car il a les qualités pour jouer court, ouvrir des brèches dans les derniers trente mètres de l’adversaire, d’être le pourvoyeur constant des dernières passes précieuses et de créer cette profondeur dans le jeu qui nous a terriblement  manqué. Il a évolué plus replié qu’il ne le fallait et n’a été d’aucun secours pour ses partenaires sur le plan offensif et d’aucun danger pour ses adversaires qui n’ont pas eu à trop souffrir pour le neutraliser.

Changements pêle-mêle !

On savait que Jalel Kadri ne jouerait pas la carte jeune à fond pour ce match important par son résultat pour s’accrocher à la première place du groupe et maintenir le moral à la hausse de son équipe. Il a commencé par lancer Haykel Chikhaoui en attaque et ça été insuffisant pour que la stratégie d’attaque marche convenablement. Il a attendu les vingt dernières minutes pour faire passer aux jeunes talents le message qu’il ne les a pas appelés pour auréoler simplement la liste des remplaçants sur le banc. Vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué, conforté dans l’idée que le point du nul était quasiment assuré, il a fait entrer pêle-mêle Mohamed Dhaoui, Oussama Bouguerra, Mohamed Wael Derbali,  Haithem Jouini sans  fil conducteur et un plan de jeu précis et bien orchestré en tête. Juste pour leur faire plaisir et ne pas les frustrer. Au lieu de donner le plus, ces changements pas très réfléchis ont au contraire déréglé tout le système et fragilisé l’équipe déjà à bout de souffle sur le plan physique. La Guinée équatoriale a saisi cette perche pour presser plus haut et étouffer notre défense qui a cafouillé et paniqué à l’image de Wajdi Kechrida qui n’a pu éviter le contact avec son adversaire direct dans le surface de réparation, lequel a bien simulé la faute commise sur lui et obtenu le penalty qu’il cherchait et qui a amené le but de la victoire. Jalel Kadri fait même entrer Hamdi Lâabidi qu’il a ignoré durant les 90 minutes, alors que la rencontre touchait pratiquement à sa fin et que les dés étaient pratiquement jetés.

Ce dernier changement résume à lui seul la mauvaise approche et la gestion tactique très approximative d’un match qu’on a perdu plus de notre faute que par la force et la supériorité manifeste d’un adversaire auquel nous avons offert le succès et la tête du groupe. Ce faux pas du Stade de Malabo nous met sous forte pression pour le match amical de demain face à l’Algérie. Il nous faudra montrer un meilleur visage et ne pas essuyer un deuxième revers d’affilée qui nous ferait entamer une courbe descendante  pas du tout souhaitable à 6 mois de la Coupe d’Afrique en Côte d’Ivoire.

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