Commerce extérieur: Bien réussir à l’international !

D’après les dernières données de l’Institut national de la statistique, les exportations tunisiennes ont évolué au cours du premier semestre de cette année pour atteindre 31.271 millions de dinars, soit une hausse de 10% comparativement à leur niveau durant la même période de l’année 2022. Même si nos échanges s’améliorent par moments, le déficit commercial tunisien est connu pour être chronique.

Il n’y a pas longtemps, la banque française « BNP Paribas » a publié une note sur le profil commercial de la Tunisie. Ce document fait ressortir plusieurs atouts du commerce extérieur tunisien. Ainsi et selon les dernières données disponibles de la Banque mondiale, les échanges extérieurs du pays représentent 94% de son PIB. La fabrication de fils et câbles continue d’être la principale industrie exportatrice de la Tunisie avec 13,3% de toutes les exportations. Les textiles, les sous-produits pétroliers, l’huile d’olive, les composants automobiles et les plastiques occupent aussi des places de choix. Les produits d’hydrocarbures constituent de loin les principales importations de la Tunisie, suivis des véhicules, des appareils électriques, des céréales…

D’après les dernières statistiques de la banque française, l’Union européenne est le principal partenaire commercial de la Tunisie, représentant 67,5% de ses exportations et 44,2% de ses importations. Au niveau des pays, les exportations sont principalement dirigées vers la France (24,1%), l’Italie (18,4%), l’Allemagne (12,8%), l’Espagne (4,1%) et la Libye (3,9%) ; tandis que les importations proviennent principalement d’Italie (13,5%), de France (11,4%), de Chine (10,4%), d’Allemagne (6,5%) et de Turquie (5,4%).

Le marché africain

La Tunisie a poursuivi une politique active de renforcement de ses échanges avec le reste de l’Afrique. A cet égard, la Tunisie a signé un nouvel accord de coopération commerciale avec le Ghana en 2019. Au cours de cette même année, le Parlement tunisien a ratifié l’adhésion officielle du pays au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa, une zone commune de libre-échange avec vingt États membres s’étendant de la Libye au Swaziland). En outre, la Tunisie cherche à rejoindre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et est signataire d’un accord avec la Zone de libre-échange continentale africaine (Afcfta).

Côté accords internationaux et procédures douanières, la Tunisie a, à son actif, plusieurs conventions internationales. Ainsi, elle est membre de l’Organisation mondiale du commerce, elle est signataire du Protocole de Kyoto, de la Convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction, de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières des déchets dangereux et de leur élimination, du Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone, de l’Accord de « Wassenaar » sur le contrôle à l’exportation des armes conventionnelles et des biens et technologies à double usage et de l’Accord international sur le café.

En 2022, les exportations  ont progressé de +23,4%

Selon la Banque mondiale, le déficit s’élevait à environ 10,1% du PIB en 2021. La même année, les exportations ont atteint 16,6 milliards de dollars (+20,8%), les importations augmentant à un rythme similaire (+ 22,5 %), pour un total de 22,5 milliards de dollars.

Concernant les services, les exportations se sont établies à 2,7 milliards de dollars contre 2,5 milliards de dollars d’importations (+26,5% et +18,9% en glissement annuel, respectivement). Selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique, en 2022, les exportations ont progressé de +23,4% pour atteindre 57,5 ​​milliards de dinars. Quant aux importations, elles ont augmenté plus rapidement (+31,7%) et ont atteint 82,7 milliards de dinars. En conséquence, le déficit commercial s’est aggravé passant de 16,2 milliards de dinars en 2021 à 25,2 milliards en 2022. La même année, le taux de couverture a perdu 4,7 points par rapport à l’année 2021 pour atteindre 69,5%.

Les remèdes nécessaires

« Dans notre pays, l’exportation a longtemps été considérée comme une simple extension géographique de l’activité commerciale des entreprises, qui ne nécessitait d’autre compétence que la connaissance des douanes, des incoterms et des crédits documentaires, comme en témoigne l’enseignement très technique du commerce international dans notre pays. Ainsi, nous abordons l’exportation sans nous soucier suffisamment des compétences business qui lui sont nécessaires. En conséquence, nous échouons », nous explique un universitaire.

Selon lui, tous les pays qui ont réussi à l’international ont au contraire considéré que le commerce international était une compétence particulière, qui méritait de former spécifiquement les étudiants à la gestion d’opérations commerciales export. Il cite plusieurs exemples à cet effet ; le développement de la discipline «international business» depuis les années 70, dans l’enseignement supérieur en Scandinavie et dans les pays anglo-saxons, la création de sociétés dédiées à la seule commercialisation export en Allemagne, Japon et Corée (agents export, sociétés de commerce international), mobiliser la diaspora et la coopération entre entreprises pour consolider la compétence commerciale internationale des PME et ETI (rôle de la diaspora italienne…).

Cette corrélation entre compétence commerciale export et succès à l’international fait d’ailleurs l’objet d’un large consensus au sein de la recherche académique. De nombreuses études démontrent que le succès commercial à l’international d’une entreprise ne tient pas simplement à sa compétitivité prix et produit, mais également à son degré de compétence commerciale internationale.  « Si cette compétence est suffisante, les efforts de l’entreprise sur la qualité et le prix de son offre se transforment en succès commercial international. Sinon les efforts sur la qualité et le prix du produit ne contribuent pas à la performance. La compétence commerciale internationale intervient donc comme un facteur limitant du succès à l’international », conclut l’universitaire.

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