Le football en voie d’émancipation: Touchez pas à nos sous !

Le championnat saoudien destiration des stars du foot mondial à l’image de Ronaldo  | Photo : © Mokhtar H’MIMA

L’argent, lorsqu’il vient du vieux continent, n’a pas d’odeur. Il est repoussant lorsqu’il vient d’ailleurs et surtout lorsqu’il empiète sur les platebandes financières des lobbys surpuissants qui se considèrent intouchables…


Qui décide de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas ? Qui décide de ce qui est vrai de ce qui est faux ? Qui décide de ce qui répond aux contraintes déontologiques et qui affirme le contraire ?

Les réseaux sociaux sont envahis par des images montrant des femmes tenant des bébés, des enfants en pleurs, des hommes hirsutes dans un décor de désolation. C’est, semble-t-il, le désert où ils sont contenus pour ne pas entrer sur le territoire tunisien. Personne ne précise comment ces pauvres hères sont arrivés jusque-là et pour quelle raison ils veulent entrer sur le territoire d’un pays souverain qui se doit d’agir pour ne pas se faire envahir par tous ceux qui décident de quitter leurs pays pour l’aventure ailleurs.

Les raisons, il est inutile de les rappeler avec toute la compassion qui s’impose : pauvreté, famine et autres aléas. Mais est-ce une raison pour aller débarquer chez le voisin en contradiction avec toutes les lois en vigueur ?

La Grande-Bretagne a commencé une opération  inédite, pour contrôler les migrants en affrétant une barge chargée de conteneurs pour…  loger migrants.et demandeurs d’asile

Les autorités ont, en effet, affrété une énorme barge chargée de containers, dans lesquels seront logés les demandeurs d’asile et autres migrants, dans l’attente de la décision de les garder ou de les refouler. Les défenseurs des droits de l’Homme ont beau rouspéter, rien n’y fait.

Celles, rendant compte de ce qui se passe à nos frontières, reviennent en boucle. Pourquoi toute cette entrée en matière ?

Tout simplement parce que, sur le plan sportif, c’est le même manège qui se produit ces derniers temps. Le Real Madrid, le PSG, Manchester City ou n’importe quelle équipe européenne est en mesure d’engager des centaines de milliards pour «acheter des joueurs». Les scandales se multiplient à la faveur de seuils financiers dépassés et contournés par des artifices comptables qu’ils découvrent et qui mettent des années pour être déchiffrés en prévision d’une sanction qui se fait attendre. Les joueurs incriminés peuvent continuer à jouer, se marier, avoir des enfants, et des petits-enfants avant de voir apparaître ces sanctions qui ne signifient plus rien. Mais que l’Arabie Saoudite annonce la création de «SRJ Sports Investments», une société d’investissement devant s’occuper de la relance  du secteur sportif dans le pays et  accélérer la croissance du sport  dans le royaume, c’est le scandale !

Les clubs européens invitent la Fifa à réagir contre l’apparition de cette «nouvelle force sportive en gestation».

En fin de compte, après la campagne montée (avec du vrai et du faux), contre le Qatar à la veille du Mondial, c’est au tour de l’Arabie Saoudite de subir l’ire européenne. Une levée de boucliers aussi surprenante que les motifs qui l’ont déclenchée. Pour les incitateurs, personne, oui, personne ne doit relever le chef. Toutes les nations du monde sont tenues de plier et de baisser la tête devant l’activisme européen pour qu’il demeure la tête de pont, la tête pensante et la source des initiatives qui se transforment rapidement en lois et règlements à appliquer par tous.

Il fut un temps où les autres continents étaient en retard, n’avaient pas de cadres hautement qualifiés, pas d’écoles de sports, absence totale d’infrastructures etc. mais le monde a changé, et ce n’est plus une question d’argent, c’est aussi une question d’affirmation légitime de tous ceux qui y mettent le prix.

L’argent, lorsqu’il vient du vieux continent, n’a pas d’odeur. Il est repoussant lorsqu’il vient d’ailleurs et surtout lorsqu’il empiète sur les platebandes financières des lobbys surpuissants qui se considèrent intouchables. ?.

Ils craignent que leurs compétitions ne perdent de leur valeur. Et alors ? Le football, le sport est un spectacle. On paie la quintessence de ce qui existe pour jouir des meilleures représentations et avoir l’élite de ce qui se trouve sur la scène.

Où est le mal ?

L’Arabie Saoudite, il est vrai, en quelques mois, a attiré de nombreuses vedettes du football : Cristiano Ronaldo, Sadio Mané, Mehrez, Karim Benzema, Fofana, Brozovic, Coulibaly et N’Golo Kanté ont été des précurseurs. D’autres suivront. Les motivations sont telles que les meilleurs craqueront devant l’appel des sirènes saoudiennes. On leur reproche de répondre à l’appel de l’argent aux dépens de leurs carrières sportives.

En fin de compte, où est le mal ?

Il est dans les pertes énormes que le football européen risque de subir. Les programmes de publicités, les droits à l’image, les paris sportifs légaux et illégaux, le brassage des milliards faciles, risquent de changer de cap ! Et c’est ce qui affole les lobbys qui manipulent tout ce monde.

«La nouvelle société SRJ Sports Investments investira dans l’acquisition et la création de droits de propriété intellectuelle pour des événements, les droits commerciaux de compétitions populaires, ainsi que l’accueil de grands événements mondiaux sur le territoire saoudien», dit-on.

C’est clair, les moyens (colossaux) sont là et c’est aux joueurs de choisir. Le championnat arabe, contre lequel il est possible de réagir négativement, car il ne reflète en rien le niveau véritable des équipes arabes (surtout que celui de nos équipes représentatives a été au-dessous de tout), est déjà un spectacle qui impose. On est bien obligé de le suivre, ne serait-ce que pour voir et revoir les stars à l’œuvre. Canal + a, semble-t-il, acheté les droits de diffusion de la compétition saoudienne.

Comment l’Arabie Saoudite fera-t-elle évoluer «son» football? C’est une autre histoire à laquelle les promoteurs de cette initiative répondront dans quelques années.

Il n’en demeure pas moins que le football italien ou espagnol, qui avait ouvert à outrance les frontières à une certaine époque, ne se portent pas mal.

Les vedettes hongroises, brésiliennes, sud-américaines, provenant des autres continents, ont joué à merveille le jeu et ont tiré vers le haut ces deux pays qui jouent actuellement les premiers rôles.

De quel côté sera la Fifa ? Du côté de ceux qui veulent à tout prix la maintenir dans leur giron pour en faire une chasse gardée, ou du côté de ceux qui voient en son expansion sur d’autres continents une manière de l’émanciper ?

Nous le verrons bien.

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