Campagne des moissons : Des monticules de céréales en plein air attendent d’être stockés

Les agriculteurs mettent en garde contre les risques de perte d’une partie de la récolte et  l’apparition de certaines maladies provoquées par les rongeurs.
Ils ont appelé à prolonger les délais de livraison rapide  suite à la saturation de nombreux centres de collecte

Les agriculteurs du Nord-Ouest ont lancé cette semaine un nouvel appel aux  autorités pour dégager les quantités de céréales qui s’entassent à même le sol, sous forme de monticules impressionnants de grains de blé ou d’orge et qui risquent de moisir et d’être détériorées par les mauvaises conditions climatiques, notamment s’il vient à pleuvoir. Ils ont mis aussi en garde contre les risques d’apparition de maladies graves  comme la peste que la prolifération des rongeurs pourrait engendrer.
Selon le Syndicat régional des agriculteurs du Kef,  plus de 700 mille quintaux  de céréales  sont encore exposés à la pluie et aux autres dangers potentiels  pouvant entraîner la détérioration de la récolte qui  semble très bonne partout dans le pays avec déjà plus de 11 millions de quintaux collectés, alors que la campagne des moissons ne s’est pas encore achevée et que la fin des délais de livraison rapide pointe à l’horizon, faisant craindre aux producteurs la peur de ne pouvoir livrer leur récolte en temps imparti .
Certains agriculteurs du Kef ont carrément lancé une alerte aux muridés  qui incluent les rats , les souris et les gerboises   et dont la multiplication pourrait engendrer des risques de maladies pour la population , d’autant plus que l’exposition à l’air libre de la production des céréales constitue un facteur de prolifération de cette catégorie d’animaux nuisibles à la récolte des céréales et des légumes, comme ce fut le cas il y a une dizaine d’années où le pays a été envahi par  une population monstre de souris.
Les agriculteurs  se disent aujourd’hui sidérés par l’ampleur des quantités de céréales encore  accumulées sur le sol, en dépit des appels répétés aux autorités pour transférer ces quantités vers les centres de stockage et éviter qu’elles ne déprissent en plein air. Ils ont exprimé leur réprobation face au silence des autorités sur cette question d’intérêt national qui  porte sur la préservation des richesses du pays alors que la situation économique est loin d’être enviable.
Déjà encore, les files d’attente se font toujours longues devant certains centres de collecte où l’on peut apercevoir  des véhicules bondés de céréales sur près de deux kilomètres comme ce fut le cas jeudi , devant le centre de collecte de Zaafrane au Kef-Est où des agriculteurs nous ont raconté avoir passé la nuit devant le centre, poussant le Syndicat régional des agriculteurs à crier au scandale et à exprimer son ras-le-bol face à cette situation jugée indigne de la Tunisie d’aujourd’hui
Aussi, a-t-on soulevé, ces derniers jours, la résurgence d’un nouvel incident dans le barème d’agréage, en l’occurrence l’application de la réfraction sur le mitadinage  du blé, suite à la réfraction des graines, a entraîné la baisse de la tarification du blé livré et la grogne des céréaliculteurs. Ces derniers refusent ce qu’ils ont qualifié de réelle injustice, tant ils ne se sentent nullement responsables de cet aléa de la nature.
Les agriculteurs nous racontent ne jamais avoir rencontré, leur vie durant, de si mauvaises surprises et désordre dans la gestion de la campagne des moissons tant la situation est jugée, cette année, intenable et dérogeant à la règle. Le gouvernement semble fermer les yeux et les oreilles sur une telle situation alors qu’il aurait dû se mobiliser davantage pour profiter de cette manne inespérée qui n’arrive pas souvent et trouver des solutions aux problèmes de stockage  et de transfert de la récolte, le plus rapidement possible, en les affectant dans  des lieux sécurisés, le temps  de tout régler en bonne et due forme.

Jamel TAÏBI

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