Projection – Débat autour du documentaire «Diversités oubliées : richesse et patrimoine des minorités dans la Médina de Tunis» à l’Institut Français de Tunis : Questionner les mémoires individuelles et collectives

 

La Tunisie se distingue par un vaste gisement culturel riche de plus d’un millier de monuments classés, mais également d’une diversité ethnique et religieuse à travers les communautés populaires ou encore des minorités ignorées ou méconnues.

La Médina de Tunis est un exemple parfait de cette mosaïque. Au-delà de son architecture fascinante, ce lieu d’inspiration artistique abrite en intra muros une diversité sans contraste avec la « convivencia » qui signifie vivre ensemble. Afin de mieux mettre en exergue cette pluralité culturelle et favoriser la mentalité de coexistence, l’Institut français de Tunisie et l’Association tunisienne de soutien aux minorités (Atsm) ont organisé, le lundi 29 janvier, une projection-débat autour du documentaire «Diversités oubliées: richesse et patrimoine des minorités dans la Médina de Tunis». L’ambassadrice de France Mme Alix Everard, et l’ambassadeur d’Allemagne, Peter Prugel, ont été présents à l’événement. Le court métrage, réalisé par l’Atsm,  en dialecte tunisien et sous-titré en français pour atteindre un large public, parvient à dépeindre sur différentes périodes historiques cet univers riche en personnages et en émotions à travers des témoignages variés de juifs, de chrétiens, d’Ibadhites  et d’autres catégories qui «ont vécu côte à côte dans un climat d’entraide, de bon voisinage et dans le respect mutuel », comme mentionné dans le documentaire. L’histoire est contée à travers un récit à la fois simple et empli de poésie qui vise à questionner les mémoires individuelles et collectives. Cette manière frontale et contemporaine  d’aborder les multiples facettes de la Médina de Tunis traduit un engagement continu pour mettre ces minorités sous les projecteurs, dynamiser la recherche et se détacher des fictions du cinéma pour gérer la mosaïque de groupes ethniques et religieux avec tact et équité. En effet, si la loi n’établit aucune distinction entre ces minorités, elles sont niées et refoulées. Certains groupes se trouvent voués à l’exclusion, voire à l’exode.

L’Atsm, qui est une association non-gouvernementale, s’engage à défendre les droits légitimes des minorités, mais surtout à développer et enraciner les valeurs de la diversité dans la société afin que l’existence et l’apport de ces groupes sociaux soient reconnus. En vue de leur apporter un appui actif et d’ancrer la diversité de leur contribution historique dans le système éducatif, ce court métrage sera projeté dans des établissements scolaires avec autorisation du ministère  de l’Education.

La projection a été suivie d’un débat animé par Ahlem Ghayaza, universitaire, journaliste francophone, en présence de Soumaya Bourougâaoui, maître-assistante spécialisée dans l’étude des minorités culturelles, religieuses et linguistiques en Italie et en Tunisie, de Hatem Bouriel, écrivain et journaliste, et Augustin Jomier, chercheur associé à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) et spécialiste d’histoire religieuse et culturelle du Maghreb. L’échange a porté essentiellement sur la singularité tunisienne qui repose sur la mixité culturelle et le dialogue. Pour préserver la notion du vivre-ensemble et l’acceptation de l’autre en dépit des mises à l’épreuve, il est impératif de la nourrir dans la conscience collective et de valoriser les endroits qui reflètent cet art du compromis à l’instar de la Médina. L’ambassadrice de France a également souligné l’importance des espaces de réflexion et de dialogue pour continuer à construire des ponts entre les cultures, les religions et entre les générations par la transmission de ce riche héritage à la jeunesse tunisienne.

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