Financement du transport public : Les sources sont multiples

 

Le secteur du transport ne va pas bien. Tout le monde le sait. Et il l’est d’autant plus que la question de son financement n’est pas facile à résoudre.

Il s’avère de plus en plus que les efforts de l’Etat restent très limités et ne peuvent en aucun cas relever les nouveaux défis. D’où l’idée d’explorer de nouvelles pistes et d’impliquer d’autres intervenants.  Il est évident que le transport public,  notamment, a ses propres obligations et contraintes. D’une part, il doit répondre à une demande toujours croissante et de plus en plus exigeante et d’autre part il doit veiller à s’acquitter de son rôle éminemment social. Certes, l’équation est difficile à mettre en pratique, mais elle demeure, toutefois, possible. On se demande, alors, comment parvenir à concilier tous ces enjeux.

Création d’un fonds spécial

Une initiative est déjà sur la table. Il s’agit de la création d’un “Fonds de financement du transport urbain “ annoncé, justement, par la loi de finances 2024. C’est un compte spécial qui pourrait inaugurer une certaine dynamique dans une nouvelle approche du secteur. En attendant la mise en œuvre de ce fonds et la précision de ses contours, il nous semble qu’il y a d’autres possibilités pour réaliser les mêmes objectifs.  D’aucuns pensent au lancement d’emprunts obligataires, à l’instar des emprunts au profit de l’Etat, mais qui seraient, cette fois, orientés vers le financement du transport. Le succès des différentes opérations effectuées dernièrement ne peut qu’encourager les autorités à prendre en considération cette option.

Qu’en est-il de la tarification ?

En outre, la question de l’augmentation des tarifs ou de leur réajustement ne doit plus être considérée comme un tabou. Il est normal que la disposition d’un transport de qualité dépend, nécessairement, de ses sources de financement. Une politique de tarification objective n’est pas à exclure. Sur ce point, nous pouvons rappeler que de nombreux usagers de la ligne E du Rfr (lors de son démarrage en mars 2023) avaient assuré qu’ils étaient prêts à payer jusqu’à un dinar le trajet entre la station Barcelone et Bougatfa au lieu des 700 millième fixés par la société. Cela montre, si besoin est, que les clients peuvent être compréhensifs si, toutefois, ils trouvent leurs comptes. Ne paient-ils pas, parfois, le triple au profit du transport privé ?

Aussi, l’idée d’appliquer des tarifs tenant à la fois compte de la qualité du service et de la réalité des coûts sur la seconde ligne du Rfr (ligne D) ne serait-elle pas mauvaise. Là, non plus, les clients ne devraient pas décevoir. 

Un sursaut patriotique

L’apport des banques serait, lui aussi, d’un grand secours. Ne leur est-il pas  possible d’investir dans le secteur du transport par le biais de crédits exceptionnels et à des taux préférentiels, le temps que la situation s’améliore et que les sociétés se remettent sur pied ? Les modalités des contributions pourront être examinées par les représentants du peuple ou par des spécialistes.

De même, il n’est pas exclu d’impliquer les citoyens et les entreprises dans le cadre du volontariat ou à travers l’instauration d’une taxe “symbolique” pour le transport. Celle-ci se traduirait par une retenue (temporaire) sur les salaires ou par l’imposition d’un timbre sur certaines transactions qui resteraient à préciser. 

On pense, par ailleurs, aux grandes entreprises qui accumulent de très gros bénéfices. Elles sont capables de peser de tout leur poids si elles le veulent. Des actions solidaires permettraient, à n’en point douter, de prêter main-forte aux efforts de l’Etat. En fait, c’est d’un sursaut patriotique que nous avons besoin. Mais les sociétés de transport ont un rôle primordial dans la préservation des matériels et leur durabilité, ainsi que dans la gestion. Ce service public devrait être géré comme on gère une entreprise privée. 

S’attaquer aux actes de vandalisme

Lorsqu’on entend les responsables de la Transtu, de la Sncft ou des autres opérateurs se plaindre des milliers d’actes de vandalisme et d’agressions, on ne peut que s’étonner. En effet, cela fait de longues années que l’on ne fait que parler et reparler de ces anomalies. Pourtant, on ne nous dit pas ce qui a été fait. Les services des contentieux n’ont pas fourni les informations concernant les affaires engagées en justice et ce qu’il en a été. Il est temps de réagir avec la vigueur nécessaire pour sanctionner les auteurs de ces actes (ou leurs parents si comme on le dit ce sont des mineurs) et les obliger à payer les dégâts causés. Ces dédommagements seraient, alors, réinvestis pour réparer les moyens de transport vandalisés. 

En dernière analyse, il y aurait lieu de souligner l’intérêt d’un partenariat avec la Chine. Au cours de la dernière rencontre entre le Chef du gouvernement et l’ambassadeur de Chine en Tunisie (12 janvier dernier), la question de la contribution de ce grand pays au projet du Rfr a été évoquée. Tout le monde sait que la Chine a accompli de grands projets de coopération en Afrique. Est-il besoin de rappeler que depuis les années 2000, la Chine a réussi à poser plus de 6.000 km de voies ferrées à travers l’Afrique. Ces propos ainsi présentés n’ont qu’un seul but : Contribuer à un débat national qui peut être lancé, afin de trouver les solutions les plus appropriées. 

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