Marché municipal Ksar Saïd II (Le Bardo) : Une réouverture en demi-teinte

 

Situé au cœur du quartier Ksar Saïd 2 à Tunis, près d’un square pour les piétons et de nombreux centres de services, ce marché très ancien qui a connu un franc succès à une époque a fermé au public un an durant, pour des travaux de rénovation. Il vient de rouvrir ses portes, il y a une dizaine de jours. Reportage.

La façade extérieure du marché est refaite avec une couche de peinture et de tôlerie, tout en gardant ses trois entrées dans un espace d’une superficie moyenne de 600 m2 tout juste satisfaisant. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il y a beaucoup de reproches émis par la clientèle. Si la cinquantaine de stands décomptés sont désormais bien aménagés et numérotés, sans exception, de façon claire et visible, beaucoup d’autres ne sont pas occupés, faute de stores baissés, alors que d’autres sont encore en état d’abandon, pour manque de locataire. Ce qui fait tache dans un marché censé être rénové et remis au goût du jour.

Faible affluence, mais…

Près du tiers des stands sont réservés aux primeurs, mais seuls les marchands d’épices et commerçants semblent occupés. Ce qui dénote un désintérêt des consommateurs qui se sont habitués, entretemps, à s’approvisionner ailleurs. Pourtant, on est en plein mois de Ramadan, avec normalement un pic de consommation des produits alimentaires. Une jeune mère de famille, qui s’impatiente d’obtenir quelques petits-pois pour préparer le ragoût du soir, confirme une certaine tendance pour le rationnement. «Je fais mes courses au jour le jour sans excès et seulement ce qui est nécessaire pour la rupture du jeûne de ma famille».

Parce que certains préfèrent encore acheter au marché, où on trouve normalement tout, en un seul tour. La fréquentation d’ensemble reste agréable et de bon aloi. C’est que le parterre refait avec de petits carreaux et les bouches d’évacuation des eaux sont plutôt propres et commodes à la surface pour déambuler en toute quiétude. Même si la fréquence est faible à moyenne, sachant que l’affluence réside davantage à l’extérieur avec beaucoup de monde qui s’approvisionne auprès des vendeurs ambulants ou anarchiques  environnants pour la qualité et le prix, ce qui reste à vérifier, qui eux non plus ne pratiquent pas l’affichage de prix sauf pour les oranges “chinois” à 1,2 D le kilo…

Il est presque 11h00, une vingtaine de clients s’agglutinent dans le marché pour acheter des fruits ou légumes ou encore des épices. Sachant qu’une boucherie jouxte le bâtiment, mais les stands de volailles et de viandes rouges demeurent fermés ! Hormis les différents étalages plus ou moins fournis, le problème de l’affichage des prix refait surface avec acuité, sur fond de manquement à certaines obligations dans les pratiques commerciales. La règle est devenue l’exception dans ce souk, où rares sont mentionnés les prix des légumes ou fruits. On marche sur la tête!

Non-affichage des prix

Aucun prix ou presque n’est visible de prime abord, avant de circuler et de trouver quelques bonnes opportunités. En effet, les pommes de terre et courgettes à 1 D, des tomates à 2,4 D trônent au-dessus des légumes comme un prix alléchant. Ceux qui ne sont pas affichés comme les citrons sont vendus “à la tête du client”, soit 1.4 D le kilo, alors que son voisin propose, quant à lui, des citrons à 2,5 D. Une cliente s’arrête et s’impatiente pour être servie. Elle achète 500 grammes de petits-pois écoulés à 4.5 D le kilo. Les oranges de toutes variétés sont de 1,950 D/kilo, catégorie “chinois”, Thomson tout comme les mandarines, tandis que les oranges à jus elles sont de 1,150 D le kilo. Les fraises à 3,5 D le demi-kilo et les petits-pois à 3,5 D le kilo. Le vendeur de citrons propose même de la citronnade fraîche pour 1,5 D le demi-litre. Quand on lui demande où sont les volaillers, il répond aussitôt : «Le vendeur de viande blanche est limitrophe, juste au détour du souk», révélant que ceux qui vendent la viande ne se précipitent pas pour prendre place dans le marché… Ils ne sont donc pas légion ! «Autre particularité, les oignons verts foisonnent et sont présents en grandes quantités. D’autant plus qu’il n’y a plus d’oignons blancs, depuis quelque temps, hormis rarement quelques oignons rouges qui vont “bientôt disparaître à leur tour des étalages, faute de récolte conséquente”, révèle un marchand de primeurs sur place…

Parallèlement, le contrôle économique bat son plein et les multiples visites sur le terrain se sont soldées par une multitude d’infractions contre des marchands qui ne se plient pas aux exigences de la loi et au Code du commerce. Les commerçants dans le marché doivent donc se ressaisir pour éviter de subir à leur tour le contrecoup de certaines sanctions, même si Ramadan laisse place à un peu de clémence et donne parfois, une deuxième chance aux fauteurs de troubles…

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