Il s’agit d’instaurer tout un programme d’accompagnement et de suivi pour motiver le changement comportemental des personnes à risque et les amener à adopter une hygiène préventive.
L’Association tunisienne d’étude et de recherche sur l’athérosclérose (Atera) a organisé un congrès à Tunis. Ledit événement a offert aux chercheurs confirmés dans le domaine de l’athérosclérose un moment privilégié de se rencontrer et de partager les connaissances et les dernières avancées en matière d’innovation dans le domaine de la prévention cardiovasculaire liées à l’athérosclérose.
La prévention cardiovasculaire constitue un objectif d’action principal des décideurs, des politiques de santé et des professionnels du secteur vu sa répercussion indéniable dans la mortalité et la morbidité en Tunisie et plus généralement dans le monde. En effet, les maladies cardiovasculaires constituent un ensemble de troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque sur lesquels on peut agir augmentent à un rythme alarmant à l’instar du vieillissement, du changement du mode de vie, du stress, du manque d’activité physique et du tabagisme.
Ces maladies ont fait près de 17,5 millions de morts en 2012, soit 31% de la mortalité mondiale totale. Les principaux facteurs de risque de ces maladies sont le diabète, l’hypertension artérielle (HTA), l’obésité, la dyslipidémie et le tabac.
En 2010, le diabète touche 6,6% de la population adulte mondiale (soit 285 millions de personnes). On l’estime à 7,1% en 2030. En Tunisie, Dr Riadh Jemaa et Dr Amani Kallel, biochimistes et membres fondateurs de l’Atera (Association tunisienne d’etude et de recherche sur l’athérosclérose), ont réalisé une enquête nationale sur ce thème.
Ce projet a pour objectif premier de déterminer la prévalence des principaux facteurs de risque classiques dans la population tunisienne. Démarrée en 2014, et après deux années consécutives de préparation, l’enquête a concerné 13.610 sujets, âgés de 25 à 75 ans (soit 5.891 ménages, issus des 24 gouvernorats du pays). L’enquête sociodémographique s’est basée sur un examen médical et une enquête nutritionnelle très détaillée sur les habitudes d’alimentation des sujets. Un bilan sanguin a été également effectué, afin d’évaluer le profil lipidique, la numération de la formule sanguine, et la fonction du rein auprès de la population étudiée. Tous les échantillons de sang ont été acheminés vers le Laboratoire de Biochimie au CHU La Rabta, où ils ont été analysés selon les règles des bonnes pratiques de laboratoire.
Quatre chiffres inquiétants…
L’équipe scientifique de chercheurs a présenté en exclusivité les principaux résultats statistiques du projet. Quatre chiffres inquiétants attirent l’attention : la dyslipidémie est retrouvée chez 38.8% des sujets, l’hypertension artérielle chez 34.7%, l’obésité chez 22.3% et le diabète chez 19.8%. Ces prévalences sont plus élevées si l’on considère les sujets à risque (prédiabétiques et préhypertendus).
Les prévalences très élevées de ces facteurs de risque incluent les sujets dont l’atteinte a été découverte fortuitement. Dans ce sens, le diabète a été découvert fortuitement chez 35.9%, contre 53.3% pour l’HTA et 72.2% pour la dyslipidémie.
Sur un plan lipidique, 10.3% de la population a une triple perturbation lipidique (triglycéride, HDL cholestérol et Cholestérol total). Ce chiffre grimpe chez les hommes pour atteindre 14.8%, contre 6.5% chez les femmes.
Le risque lipidique élevé est couplé à des habitudes alimentaires perturbées, à l’instar de l’excès de consommation de pain blanc (73.1%) et des pâtes (64.9%), l’ajout du sucre (59.0%) et l’ajout du sel (32.4%). Le dépistage des sujets à risque cardio-vasculaire réalisée par l’équipe de chercheurs constitue la première étape du projet.
Les données statistiques collectées préparent le terrain à la mise en place des actions majeures pour prévenir l’explosion épidémiologique des maladies cardiovasculaires comme la consolidation de la formation scientifique continue par la mise en place d’une formation avancée sur la dyslipidémie proposée, sous forme de e-Learning aux professionnels de la santé et en particulier aux médecins de famille pour leur rôle central dans la prévention des affections cardiovasculaires. Un jeu a été également conçu sous forme d’une course de compétition avec des messages éducatifs intégrés.
Il s’agit, à travers ce projet, d’instaurer tout un programme d’accompagnement et de suivi pour motiver le changement comportemental des personnes à risque et les amener à adopter une hygiène préventive.
Un premier projet de télémédecine sera réalisé pour aider les patients à risque à adopter les bonnes pratiques d’hygiène de vie. «eAraieQ», c’est de cela qu’il s ‘agit, est une application qui permet à l’utilisateur de gagner des points de santé (assimilés à des points de fidélité) en échange de l’adoption de règles d’hygiène préventive saines. Au final, les points de santé seront transformés en des gratuités ou des rabais pour différents achats.
Dans ce sens, des discussions avec Ubisoft, compagnie spécialisée dans les jeux vidéo, seront bientôt entamées pour voir les possibilités de développer ce nouveau concept.