Le dossier des assassinats politiques est entouré de tous les mystères. Eventuelle implication de partis politiques, ingérence étrangère, ramifications terroristes et autres, les Tunisiens sont exposés à un flux énorme d’informations et parfois de contre-vérités.
Aujourd’hui, si un dossier s’impose pour apaiser la tension politique dans le pays et pour rompre avec la culture de l’impunité, c’est certainement celui des assassinats politiques. Mais jusqu’à présent, aucune avancée n’a été enregistrée et justice n’est pas encore rendue.
Cependant, le membre du Comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l’avocat Abdennaceur Aouini, a annoncé un nouveau rebondissement dans cette affaire pour relancer encore une fois les investigations. Selon ses dires, il y a de «nouveaux faits confirmant la relation directe du mouvement Ennahdha, notamment son président et ses dirigeants, avec la planification et la mise en œuvre des deux assassinats, outre l’implication de responsables sécuritaires».
Il a expliqué aux médias que ces faits ont été prouvés par des enregistrements téléphoniques parvenus à la justice. «Nous sommes convaincus de l’existence de liens au niveau international dans cette affaire. Certaines parties essayent de blanchir le mouvement Ennahdha sous prétexte du coup d’État du 25-juillet en avançant que ses leaders sont devenus des victimes, mais le comité de défense des deux martyrs fait face aujourd’hui à une bataille, et il sera présent», a-t-dit.
Toujours selon la version présentée par ce membre dudit comité, l’affaire implique des ramifications avec le dossier d’embrigadement et d’envoi de jeunes dans les zones de tension. «Les données auxquelles nous avons accès attestent également que ce parti et ses dirigeants sont impliqués dans ces réseaux d’embrigadement de jeunes», a-t-il encore expliqué. Sauf qu’en dépit de ces nouvelles accusations et éléments présentés par le comité de défense des deux martyrs, le dossier est toujours au point mort et l’examen de l’affaire est à chaque fois reporté.
Des accusations directes
Il faut rappeler que ce comité a directement accusé le dirigeant nahdhaoui Habib Ellouze et le juge Béchir Akremi d’avoir assisté l’un des principaux accusés dans cette affaire et de l’avoir aidé à fuir le pays. Il s’agit de Chokri Ben Othman, imam de la mosquée Errahma à la Cité El Khadra, où les préparatifs et le plan d’assassinat de Chokri Belaïd ont été exécutés.
Toujours selon la version du comité, cet imam aurait accueilli dans sa mosquée les autres accusés, notamment Kamel Gadgadhi, Yasser Mouelhi et Mohamed Ali Dammak, et a été à l’origine de la fatwa appelant à assassiner Chokri Belaïd.
En juin dernier, Me Gzara, membre du comité de défense des deux martyrs, a annoncé que «le premier juge d’instruction au bureau 23 du Pôle judiciaire antiterroriste a prononcé 17 chefs d’accusation contre 33 suspects, dont notamment l’appartenance à une organisation terroriste et le blanchiment d’argent».
Me Imène Gzara annoncé qu’au total, 33 individus, dont le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont «officiellement accusés d’appartenance à une organisation terroriste» dans l’affaire dite de «l’appareil secret» attribué au mouvement Ennahdha et qui serait, selon ce comité, en lien avec les assassinats politiques en Tunisie.
Sauf que l’affaire de ce que les médias appellent «l’appareil secret d’Ennahdha» connaît également le même sort et conserve toujours tous ses secrets. Elle traîne maintenant depuis plusieurs années.
On se rappelle tous lorsque l’ancien Président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, avait abordé ce dossier en Conseil de sécurité nationale, mais depuis, aucune avancée n’a été enregistrée et aucune vérité n’a été dévoilée, alors que le parti Ennahdha nie toujours toute implication.
Connu sous l’appellation d’appareil secret attribué au parti islamiste Ennahdha, ce dossier actuellement entre les mains de la justice suscite toujours l’intérêt des Tunisiens au vu de la gravité des accusations portées contre certains dirigeants de ce parti.
La situation est telle que le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi accuse le parti islamiste de contrôler un appareil sécuritaire secret qui serait responsable de ces assassinats politiques et de certaines affaires terroristes.
Cependant, à maintes reprises, le parti Ennahdha a rejeté tout lien avec ce que les médias appellent «l’appareil secret d’Ennahdha». Le parti islamiste pense même qu’il s’agit d’une arme médiatique et politique pour intimider ses dirigeants.