La destination Europe, en particulier l’Allemagne, affiche le taux le plus élevé pour la catégorie «personnel de santé», 21% par an en moyenne sur la période 2009- 2022, suivie du Canada avec un taux de 20% par an sur la même période, puis l’Afrique avec 10% enfin arrivent les pays arabes avec un taux de 7%.
La migration des professionnels de santé est un défi majeur pouvant mettre en péril les performances du système de santé tunisien, si aucune mesure d’envergure n’est prise pour y faire face, a souligné l’étude intitulée «La migration des professionnels de santé : défis pour le système de santé tunisien», publiée récemment par l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites).
L’étude propose une analyse approfondie de la situation et appelle à des actions concrètes et concertées pour lutter contre le phénomène de la migration des travailleurs de la santé.
En effet, selon les chiffres de l’Agence tunisienne de coopération technique (Atct), le nombre de coopérants dans le secteur de la santé augmente plus rapidement que le nombre total des coopérants, tous métiers confondus.
D’ailleurs, sur la période 2016-2022, le taux de croissance annuel moyen des coopérants en santé était de 8% contre 5% au total, indique la même source. Les métiers de santé (infirmier, technicien supérieur, sage-femme, etc.) représentent en moyenne 72% du total des recrutés dont les médecins spécialistes, 21% en moyenne, et 7% seulement pour les médecins généralistes, sur la période 2009-2022. Jusqu’à avril 2023, la part des recrutés du «personnel de santé» dépasse 92% du total des recrutements en santé.
En outre, les coopérants dans le domaine de la santé constituent, en Europe, 48% du total des coopérants.
Selon les données de l’Atct, 52% des coopérants dans le domaine d’activité «santé» sont installés dans les pays arabes, suivis de l’Europe. Toutefois, l’Europe et le Canada ont enregistré les taux de croissance les plus élevés du nombre des recrutés (respectivement 22 et 21% en moyenne annuelle sur la période 2009-2022) ; tandis que le nombre de recrutés dans les pays arabes et d’Afrique évolue avec un taux de croissance annuel respectif de 4 et 5% sur la même période.
Jusqu’au mois d’avril 2023, plus de 65% des recrutés sont destinés à l’Europe, en particulier l’Allemagne, avec 190 personnes.
La destination Europe, en particulier l’Allemagne, affiche le taux le plus élevé pour la catégorie «personnel de santé», 21% par an en moyenne sur la période 2009- 2022, suivie du Canada avec un taux de 20% par an sur la même période, puis l’Afrique avec 10%. Enfin arrivent les pays arabes avec un taux de 7%.
En effet, l’Allemagne devient la destination la plus attractive pour le personnel de la santé depuis 2019 avec une augmentation de 50% en moyenne et par an entre 2019 et 2022. En 2022, sur les 459 coopérants recrutés en Allemagne, 93% sont des travailleurs de la santé.
Des facteurs communs à tous les émigrés
Selon l’étude de l’Ites, ces chiffres sont confirmés par une enquête réalisée par l’Institut des métiers de santé (IMS) et présentée lors du Salon des métiers de santé en juin 2023. En effet, les destinations privilégiées pour les infirmières et les sages-femmes sont respectivement l’Allemagne (47%), l’Arabie saoudite (12%), le Qatar (12%), les Émirats arabes unis (6%) et la France (6%).
Jusqu’à 2019, l’Arabie saoudite était la destination la plus attractive pour les médecins spécialistes coopérants, avec un taux de croissance annuel moyen de 11% sur la période 2009-2019.
La majorité des médecins généralistes coopérants sont recrutés par l’Arabie saoudite sur la période 2009-2020, pour être remplacée par la France à partir de 2021, année à partir de la quelle le nombre a doublé.
Selon l’étude sur la migration des Tunisiens hautement qualifiés réalisée par l’Observatoire national de la migration (ONM), citée par l’Ites, il y a des facteurs communs à tous les émigrés qui sont liés aux conditions économiques et politiques de la Tunisie, les salaires et les conditions de travail ainsi que les facteurs d’attraction dans les pays d’accueil.
D’autres facteurs sont spécifiques à la migration des compétences hautement qualifiées, à savoir la satisfaction des ambitions dans le domaine de la recherche ainsi que dans le domaine professionnel (avancement de carrière) ou la recherche d’un autre mode de vie.