Les jeunes ont brillé par leur absence. Pour les observateurs, le vote s’est déroulé sans heurts ni conflit puisque les bureaux de vote étaient quasi-vides tout au long de la journée

Endimanchés, près de 7 millions de Tunisiens étaient attendus, en ce 6 octobre 2019, aux centres de vote répartis sur tout le territoire national pour choisir leurs futurs élus au Parlement. En tout, 1507 listes partisanes, coalisées et indépendantes, sont en lice dans 33 circonscriptions électorales à l’intérieur du pays et à l’étranger, se disputant les 217 sièges au Bardo. Mais, jusqu’à une heure tardive dans la matinée, l’affluence était modeste. Du jamais vu depuis la révolution.

En effet, le taux de participation n’a pas dépassé 7% à l’échelle nationale, comme l’a affirmé le président de l’Isie, lors de l’une de ses premières rencontres avec les journalistes, au centre des médias au palais des congrès à Tunis.

Partout, l’ambiance électorale est telle qu’elle a pu nourrir réticences et grande déception. Devant l’école primaire « Ibn Mandhour » à El Mourouj 1, érigée pour la circonstance en centre de vote, il n’y avait pas foule ni de longues files d’attente.

Las d’une classe politique sclérosée et autiste, les quelque 5.643 électeurs inscrits n’étaient pas tous au rendez-vous avec l’histoire. « Deux heures après l’ouverture des bureaux de vote, à peine 700 citoyens y sont venus voter. A midi, ce nombre a presque doublé, tout en restant insignifiant par rapport au premier tour présidentiel du 15 septembre dernier », recense M. Lazhar Chihaoui, chef du centre de vote « Ibn Mandhour ».

D’après lui, « les jeunes semblaient être aux abonnés absents. Même pas un vote blanc, dirait-on! Au bureau 5, comme aux autres dont dispose ledit centre, les isoloirs ont été presque désertés. Personne, semble-t-il, n’a eu la bonne volonté d’y aller. « Jusqu’à midi, seulement 1.400 inscrits ont déjà voté.. », révèle-t-il encore.

Rien à signaler !

Dans la circonscription de Ben Arous, l’on compte, au total, 55 listes candidates classées sur les bulletins de vote tels que présentés aux votants. Pourtant, l’on a observé un bon déroulement du scrutin. Soit, un évènement qui a eu lieu dans la sérénité totale. « Tout va bien, sans infractions ni dépassements.. », décrit Wafa Ferchichi, un des observatrices du Réseau « Mourakiboun » massivement mobilisés pour la réussite de ce rendez-vous. Et d’ajouter qu’elle était là sur place, même avant l’ouverture des bureaux.

A ses yeux, il n’y avait pas assez de participants, ce qui est des plus graves en ce moment de choix décisif et crucial. « Rien à signaler ! », résume Amel Hammami, observatrice relevant de l’Ugtt. Sauf que, précise-elle, le climat électoral n’a jamais été de saine émulation. Et d’attirer l’attention sur des tentatives d’influencer les électeurs émanant des sympathisants du parti « Au Cœur de la Tunisie » de Nabil Karoui. Sinon, l’opération électorale s’est bien passée. Auprès des agents de l’Isie, l’obligation de réserve l’emportait : pas un mot ou une déclaration faites aux médias. En ce jour de vote, il est interdit de déroger aux restrictions de l’Isie.

Beaucoup d’observateurs ont tenu à relever que la campagne pour les législatives n’a pas été menée dans les règles de l’art.

Crimes électoraux à gogo et l’argent sale coulait à flots. Une telle campagne mal partie a abouti à un jour « J » loin d’être mobilisateur pour de nombreux électeurs. En attendant dimanche prochain, rendez-vous avec le second tour présidentiel.

Kamel FERCHICHI

Laisser un commentaire