Hier, au palais du Bardo, quand les députés ont pris la parole  pour débattre du  discours-programme d’Elyes Fakhfakh, le chef du gouvernement désigné sollicitant la confiance des élus du peuple pour son équipe ministérielle, les Tunisiens ont senti,  à travers les interventions de leurs représentants, qu’il flottait au sein de l’hémicycle un air de méfiance, de suspicion, voire de doute ou de tergiversation, nourri par ceux qui étaient venus pour accorder leurs voix à Fakhfakh et à ses ministres mais qui se sont trouvés obligés d’avaliser le choix de leurs partis, tout en annonçant que leur confiance en  ce même choix sera une confiance conditionnée, que leur soutien aux orientations du gouvernement sera un soutien critique,voire sévèrement critique, et qu’ils tiendront à l’œil le chef du gouvernement et ses ministres,  mêmes les ministres représentant leurs propres partis.

Pour être  plus clair, on avait, hier, la conviction que les députés cherchaient à mettre en  garde Elyes Fakhfakh et son équipe ministérielle contre toute erreur ou tout dépassement.

Les interventions-ultimatums lancées au chef du gouvernement, les conseils-pressions et enfin les analyses-caprices des grandes orientations contenues dans le discours-programme prononcé par Fakhfakh à l’ouverture des travaux du Parlement (choix et projections pourtant cautionnés par les représentants des partis-alliés du chef du gouvernement désigné qui ont signé le document contractuel appelé «le programme de la clarté et de la restauration de la confiance»), révélaient, en réalité, l’atmosphère de division, de déception et d’amertume régnant toujours au sein de certains partis qui se sont trouvés dans l’obligation de soutenir malgré eux le gouvernement qui sollicite leur confiance, tout simplement parce que la conjoncture et les intérêts partisans leur imposent de tels alignements même s’ils sont très difficiles à accepter.

Quand Sahbi Attig et Noureddine Arbaoui, deux grosses pointures d’Ennahdha, mettent à  l’épreuve Elyes Fakhfakh et lui demandent de se comporter en chef de gouvernement et d’avoir le courage et l’audace de se libérer de l’habit du Premier ministre qui attend les directives et avouent qu’il existe des considérations (iîtibarat) qu’ils sont tenus de respecter pour lui accorder leurs voix, il n’est pas difficile de saisir que leur soutien est conditionné et qu’ils se comporteront (eux et leur parti) en partenaires-surveillants guettant les erreurs de leur allié de conjoncture, en attendant des lendemains meilleurs.

En somme, c’est une confiance en sursis qu’Elyes Fakhfakh cherchait auprès de ses alliés dont les ministres siègeront à La Kasbah, une confiance qui pourrait s’évaporer, une fois que les conditions l’ayant motivée viendraient à expirer.

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