Coronavirus | Pénurie de masques de protection : Les spéculateurs s’en donnent à cœur joie

La police enquête.

Alors que le coronavirus, décidément le vent en poupe, continue de frapper un peu partout dans le monde, les Tunisiens commencent sérieusement à s’inquiéter, anxieux de voir l’épidémie se répandre à deux pas de nos frontières. Une anxiété qui semble, du moins pour le moment, tenir la route, en dépit de «l’avalanche» de communiqués officiels se voulant rassurants, malgré l’annonce du premier cas en Tunisie.

Pour Hassan, un banquier de 38 ans, «On n’est pas encore sorti de l’auberge, quand on voit avec quelle rapidité se propage le coronavirus, y compris dans des pays mieux nantis et protégés que le nôtre. Certes, on use chez nous, de campagnes de prévention et de sensibilisation dans les médias. Mais, franchement, je trouve cela insuffisant, dans la mesure où, par exemple, on n’a pas annulé les vols aériens à destination et à partir des régions contaminées en Europe et ailleurs. Et pourtant, presque toutes les compagnies aériennes, de par le monde, l’ont fait».

Cherche masque désespérément

L’autre motif de l’inquiétude grandissante des Tunisiens réside, a-t-on constaté, dans la pénurie des masques de protection. «Cela fait dix jours que je sillonne les pharmacies à la recherche d’un masque introuvable», s’insurge notre interlocuteur qui affirme être «prêt à en acquérir un, quel que soit son coût».

Voilà, nous y sommes : les propos de ce plaignant nous amènent à aller au fond des choses pour évoquer l’existence d’un probable trafic. Une crainte d’ailleurs relayée par la police qui a, apprend-on, ouvert une enquête dans le but d’élucider cette énigme !

Enigme : le mot est lâché, puisque les stocks des masques ont été, ces jours-ci, rapidement épuisés, tant dans les locaux de la Pharmacie centrale que dans les officines. «J’ai beau passer et repasser des commandes d’approvisionnement, peine perdue», déplore un pharmacien de l’Ariana, affirmant, par ailleurs qu’il y a bien trafic et spéculation autour des masques de protection. «Il y a 15 jours, quelqu’un est venu acheter un contingent de 16 masques. Je ne pouvais pas les lui refuser». Pour convaincre le pharmacien, le client avait prétendu que les membres de sa famille présentaient des symptômes de l’épidémie. Dans ce même contexte, notre enquête a abouti à la conclusion que des contrebandiers, jouant à fond la carte de la spéculation, ont tôt fait d’acquérir d’importantes quantités de masques dans quasiment tous les coins de la République, avant de les écouler clandestinement, dix fois plus cher que leur prix d’achat. Corroborant cette information, des sources policières indiquent que selon les premiers éléments de l’enquête diligentée pour la circonstance, deux vérités se dégagent, à savoir qu’un masque acheté à 300 millimes est écoulé à 30 dinars sans utiliser la moindre facture et que ce sont des réseaux de trafiquants nouveaux qui gèrent l’offre et la demande. L’hypothèse d’implication d’autres parties prenantes (pharmaciens et dépôts de commercialisation de produits médicaux) n’est pas non plus écartée par les enquêteurs.

Entre-temps, les perspectives de la lutte contre le coronavirus en Tunisie se sont récemment quelque peu assombries par l’aveu des autorités qui évoquent l’impossibilité de s’approvisionner, pour le moment, en masques importés, étant donné leur consommation record dans les quatre coins du globe.

Mohsen ZRIBI

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