M. Ridha Chiba, Conseiller international en exportations, à La Presse : L’AMS a besoin d’un nouveau souffle pour survivre

Sauver la société AMS de Sousse et ses 450 employés menacés de chômage technique est l’objectif des autorités publiques. M. Ridha Chiba, conseiller international en exportations et ex-cadre supérieur à la société AMS, chargé du département export et sous-traitance ainsi que de la direction et de la gestion des stocks des magasins, nous donne plus de détails à ce propos. Interview.

La société AMS (Ateliers Mécaniques du Sahel) de Sousse traverse actuellement une situation financière délicate qui nécessite l’intervention urgente des responsables aux niveaux national et régional afin de sauver cette entreprise qui compte 450 employés menacés de chômage technique.

Afin d’en savoir plus sur cette société, nous avons contacté M. Ridha Chiba, conseiller international en exportations et ex-cadre supérieur à ladite société, chargé du département export et sous-traitance ainsi que de la direction et de la gestion des stocks des magasins.

Est-ce que vous avez imaginé un jour que la société AMS de Sousse arriverait à une telle situation financière aussi délicate ?

Je n’ai jamais imaginé que la société AMS, pionnière de l’industrie tunisienne, leader dans son domaine, bénéficiant d’une notoriété nationale et internationale, dotée d’un circuit de distribution performant, d’un personnel professionnel expérimenté et jouissant d’une très bonne image de marque, arrive à une situation aussi délicate.

En fait, la société AMS a été confrontée ces derniers temps à des problèmes financiers énormes entravant sa bonne marche, mettant en péril la vie de ses 450 employés qui ne sont pas revenus au travail depuis début mars 2020 et qui sont menacés par le chômage technique, voire leur libération définitive.

Quelles sont les difficultés qui ont entravé la bonne marche de cette société ?

Certes, cette société traverse actuellement beaucoup de problèmes qui sont les conséquences néfastes d’un cumul de plusieurs facteurs entre autres le commerce parallèle qui se propage d’une manière spectaculaire profitant du pouvoir d’achat très faible des Tunisiens. Ce commerce n’est soumis à aucun contrôle de la part des autorités compétentes et dont les produits ne correspondent à aucune norme de qualité mettant en danger la vie des consommateurs.

De même, l’importation des produits contre-façonnés ont fait subir à la société des préjudices considérables et ont influencé négativement le développement de l’économie nationale, et ce, malgré les actions que les responsables de la société n’ont cessé d’entreprendre auprès des autorités de tutelle et à travers les tribunaux pour mettre fin à ce fléau qui inquiète sérieusement nos produits nationaux.

Parmi les autres facteurs qui demeurent à l’origine de ces difficultés, je cite la dépréciation grave et inattendue du dinar par rapport au coût d’achat des matières premières dont la majorité vient de l’extérieur, l’exécution parfois à perte de certains marchés publics dont les prix proposés étaient fermes et non révisables ainsi que l’augmentation des impôts et des taxes sur des marchés cadres signés et valables pour une longue durée.

Ceci, outre l’augmentation impromptue et à plusieurs reprises du taux directeur de la Banque centrale qui a engendré des frais financiers supplémentaires pour la société, les difficultés qu’elle rencontre auprès du secteur bancaire qui lui  refuse le soutien financier escompté, l’exigence du respect  des engagements de la société avec la Cnss et l’administration fiscale qui refusent tous paiements avec des échéances souples et des compromis permettant à la société d’assurer les différentes tâches qui lui sont assignées avec beaucoup d’aisance.

Comment peut-on sauver la société AMS et améliorer sa situation économique et financière ?

En premier lieu, je tiens à signaler que la société s’est toujours imposée par ses articles de robinetterie en laiton avec ses différentes séries de mélangeurs et de mitigeurs, ses articles inox très variés de couverts de table, par ses diverses collections de casseroles de très bonne qualité qui bénéficient tous de L’ISO 9001 et répondant aux attentes des consommateurs sur les marchés national et international.

Pour sauver cette société de grande renommée, l’Etat doit intervenir énergiquement auprès du secteur bancaire pour faire  bénéficier la société d’un crédit lui permettant de sortir de cette impasse surtout auprès de la Cnss et du ministère des Finances en vue d’alléger les paiements de certains dûs.

L’Etat doit aussi lutter continuellement contre l’amplification du marché informel, les produits contre-façonnés, le dumping des produits étrangers et tout ce qui nuit à l’économie nationale.

Il doit aussi encourager davantage le secteur industriel qui connaît ces derniers temps des difficultés à l’instar du secteur hôtelier en vue de lui assurer un avenir radieux.

Le mot de la fin.

Enfin, j’espère que le chef du gouvernement, les ministres concernés, le secteur bancaire et tous les autres intervenants à l’échelle régionale et nationale agiront positivement et rapidement à temps pour mettre un terme à la situation financière dans laquelle se trouve la société AMS pour la sauver ainsi que ses employés en vue de lui permettre de réaliser les meilleures performances et d’atteindre les résultats probants dans le cadre macro-économique.

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