Commerce de cigarettes: le commerce parallèle brille de mille feux

Malgré la disposition de la Régie nationale des tabacs et des allumettes de fournir les quantités de cigarettes en nombre suffisant  sous différentes marques, plusieurs citoyens préfèrent se rabattre sur les cigarettes contrefaites provenant d’autres horizons, ce qui constitue un manque à gagner pour la Régie. D’où la nécessité d’assainir le secteur en barrant la route devant le commerce parallèle des cigarettes.


Le nombre de fumeurs est important en Tunisie, notamment parmi les jeunes. Ces derniers se débrouillent comme ils peuvent pour se procurer du tabac même auprès des vendeurs ambulants. En effet, certains vendeurs exposent leurs paquets de cigarettes dans les artères les plus fréquentées par les passants. On y trouve les marques les plus célèbres mais contrefaites. C’est pour cela que leur prix est à la portée des fumeurs appartenant à la classe moyenne ou pauvre. Les jeunes fumeurs ne peuvent pas rester sans tabac et sont obligés de se débrouiller pour pouvoir acheter quelques  cigarettes. Certains vendeurs de fruits secs se sont mis aussi de la partie en vendant, en cachette, les cigarettes contrefaites car leur vente est interdite par la loi.

Ces cigarettes contrefaites transitent par la Libye ou l’Algérie pour échoir dans le marché tunisien. Malgré les alertes lancées par les services de santé sur les dangers encourus suite à la consommation de ces cigarettes, les fumeurs continuent à les acheter en tant qu’alternative aux cigarettes originales. Pour beaucoup, les cigarettes tunisiennes ne sont pas comparables à celles qui viennent de l’étranger même si elles sont contrefaites.

Un investissement lourd

Pourtant, la Régie nationale des tabacs et des allumettes (Rnta) est disposée à approvisionner le marché en cigarettes locales. Les unités font travailler une main-d’œuvre qualifiée depuis des années. Principal et premier acteur dans le secteur du tabac en Tunisie, la Rnta est une entreprise centenaire dans la mesure où elle a été créée en 1891. Elle n’a cessé de se développer depuis sa création à travers la modernisation de ses appareils de production ainsi que ses équipements de contrôle de la qualité.

La Rnta occupe une place importante dans l’économie nationale et contribue au budget de l’Etat à hauteur de 9%. Elle procure près de 30.000 sources de revenus dont 2.000 emplois statutaires dans ses deux usines, centres de culture et centres de distribution, 2.500 tabaculteurs rattachés à 12 centres de culture, 15.818 débitants. La date de restructuration sous forme de Régie a été effectuée en décembre 1964. Placée sous la tutelle du ministère des Finances, la régie est dotée d’un capital de 3,5 millions de dinars et s’étend sur une superficie de 12 hectares. Le chiffre d’affaires réalisé en 2016 est de l’ordre de  289.707 millions de dinars en hors taxes. Un investissement lourd est consenti pour effectuer les différents achats    d’équipements destinés à la fabrication des cigarettes qui sont achetés par plusieurs citoyens. A noter que les cigarettes font parfois l’objet de majoration des prix dans la mesure où elles sont considérées comme un produit de luxe qui n’est pas indispensable. Ce qui n’est pas l’avis, bien entendu, des fumeurs qui ne sont pas prêts à  renoncer à leur nicotine.

Seuil demandé non atteint

Selon le rapport d’activité de 2019, et malgré que le taux de réalisation soit de 95.84%, la production cumulée n’a pas atteint le seuil demandé, sachant qu’on a enregistré l’accélération du rythme de production et la création de nouvelles lignes de production.  Pour ce qui est de la fabrication des cigarettes souples (Cristal),  elle s’élève à 67.915.000 paquets contre un objectif fixé à 70.000.000 paquets. Quant aux cigarettes dites rigides (VMG), l’objectif était de fabriquer   305.000.000 paquets mais on n’a réalisé réellement que 291 470 560.  La production de cigarettes cumulée à la fin de l’année 2019 a atteint 359 385 560 de paquets, enregistrant une hausse par rapport à la production réalisée durant la même période de l’année 2018, marquant une augmentation assez significative, soit de 22.12%. Cette augmentation se manifeste par un passage positif de la production du Produit VMG de 228.2 MP au titre de l’année 2018 vers 291.5 MP en 2019, soit à raison de 27.70 %. En outre, on a enregistré une hausse de 2.82 % par rapport à 2018 au niveau des cigarettes souples (Cristal). Mais la Rnta ne se contente pas de fabriquer uniquement les cigarettes. Elle propose, en effet, d’autres produits aux consommateurs comme « la Neffa » qui constitue un autre type de tabac, utilisé surtout par le passé et aujourd’hui aussi par certaines personnes âgées et même des jeunes. Ainsi, la fabrication du produit « Neffa » s’est caractérisée durant l’année 2019 par une baisse de (- 20.77 %) par rapport à la même période de l’année 2018 qui a enregistré une production de 16 411 200 sachets, dont 144 000 sachets sont dédiés à l’exportation (marché français).

Des produits supplémentaires

Notons que la production de la poudre à priser est en diminution continue au cours des cinq dernières années. Il est à noter que l’année 2019 a enregistré une augmentation marquante au  niveau des quantités produites des différentes variétés de Cigare de + 225.85% par rapport à l’année précédente. Par contre, il n’y a pas eu une production de sachets de « Yasmine Pipe », cette année. La confection des « bâtonnets filtres » s’est caractérisée durant l’année 2019 par une hausse remarquable (+77.03 %) par rapport à la même période de l’année 2018. On note aussi  une augmentation remarquable au niveau de la production de « scaferlati ». Cette hausse est expliquée par la préparation d’un stock des tranches pour la fermeture de l’atelier des « Préparations Générales ».

En comparant la consommation de scaferlati et la production des deux années 2018 et 2019, on remarque une augmentation proportionnelle de production et de consommation de scaferlati. Le rythme de croissance de production est supérieur à celui de la consommation (22.12 % contre 18.21%). Ces produits dérivés du tabac constituent un apport de plus pour la régie, mais ne sont pas tous connus par les consommateurs qui se rabattent surtout sur les cigarettes sous leurs différentes marques. Certains économistes proposent le désengagement de l’Etat de la fabrication des cigarettes, considérant que ce secteur concurrentiel doit être pris en charge par le secteur privé, choix que la centrale syndicale refuse soulignant que la Rnta constitue un acquis national à préserver par tous les moyens afin qu’elles puisse poursuivre ses activités en préservant les postes d’emploi créés et réaliser des bénéfices.

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