Accueil A la une Nouvelle initiative pour sortir de la crise : Et si c’était la bonne ? 

Nouvelle initiative pour sortir de la crise : Et si c’était la bonne ? 

 

La crise politique aurait atteint son apogée en Tunisie avec la nette division entre le pouvoir en place et la double opposition conduite par le Front de salut national, d’une part, et le Parti destourien libre d’autre part. Les retombées d’une telle situation sont assurément de nature économique et sociale alors que le FMI avait déprogrammé sa réunion qui allait finaliser l’accord de financement au profit de la Tunisie.

Si la crise est de nature politique en premier lieu, pour les observateurs de la scène nationale, la réponse devrait être sociale et économique au vu de la gravité de la situation. Entre-temps, les initiatives portant sur une éventuelle sortie de crise poussent comme des champignons. Chacun sa vision, chacun ses agendas, de nombreuses personnalités politiques et autres se précipitent pour proposer des solutions et pour promettre le dénouement.

Sauf que le Président de la République, qui conduit actuellement le processus du 25 juillet, campe sur sa position et refuse toute initiative, optant plutôt pour un contact direct avec le peuple et multipliant les réunions avec les ministres et les visites sur le terrain. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle initiative visant à sortir de cette crise est née. Il s’agit de celle conduite visiblement par l’Ordre des avocats (Onat), l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh). D’ailleurs, une réunion importante entre le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, le président de la Ltdh, Bassem Trifi, et le bâtonnier des avocats, Hatem Mziou, a eu lieu récemment pour renforcer les « concertations ayant pour objectif d’élaborer une nouvelle vision pour sauver le pays ».

« Ces trois organisations envisagent de lancer une initiative tripartite à trois dimensions : politique, économique et sociale ». C’est ce qu’a révélé le président de la Ltdh, Bassem Trifi, précisant que cette initiative pourrait se concrétiser sous la forme d’un dialogue national qui réunira d’autres organisations nationales et composantes de la société civile. Trifi a indiqué que les grandes lignes de cette initiative seraient élaborées dans le cadre des prochaines réunions prévues entre l’Ugtt, l’Onat et la Ltdh dans un esprit participatif et en vue d’aboutir à une feuille de route qui serait proposée au peuple tunisien pour mettre fin à la crise actuelle.

L’Utica sollicitée

Pour sa part, le président de l’Ordre national des avocats de Tunisie, Hatem Mziou, a annoncé qu’une invitation avait été adressée à l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) pour se joindre à l’initiative lancée par l’organisation en coordination avec l’Union générale tunisienne du travail et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Si l’Utica n’a pas encore répondu aux sollicitations du trio, le bâtonnier a souligné que cette initiative restait ouverte aux organisations nationales et composantes de la société civile qui souhaiteraient en faire partie. 

Mais cette initiative sera-t-elle ouverte aux partis politiques ? Il faut préciser que selon ses initiateurs, elle vise essentiellement à limiter les retombées de la crise politique sans forcément impliquer les partis politiques. Enfin pour Mziou, « actuellement, cette initiative n’est pas ouverte aux partis politiques. Nous sommes confiants que le Président de la République va réagir positivement à cette initiative qui n’est pas actuellement ouverte aux partis politiques », a-t-il dit. Dans ce même contexte, une autre initiative est née. Cette fois-ci, il s’agit d’un processus lancé par les parties soutenant le processus du 25 juillet.  Le bureau politique du Harak du 25 juillet a, en effet, appelé à la formation d’un front de salut dans le cadre d’une initiative lancée par le mouvement.

Ce front regroupera « toutes les forces nationales, organisations et partis politiques, qui croient en les objectifs du processus du 25 juillet et ce, en concertation avec le Président de la République, Kaïs Saïed. Il n’est pas question d’un retour en arrière ; le processus de réforme du 25 juillet se poursuivra. Son parachèvement ne dépendra pas des personnes », affirme  le parti.

Le porte-parole du Harak, Mahmoud Ben Mabrouk, a expliqué que cette initiative vise à lancer des messages rassurants aux Tunisiens et aux hommes d’affaires en œuvrant à améliorer le climat des investissements, établir une trêve sociale, réformer le secteur de la justice et trouver des moyens de dialogue entre le Président de la République, le gouvernement et les citoyens.

Où ira-t-on ?

Le blocage persistera-t-il ? Jusqu’à quand la Tunisie peut-elle supporter de telles circonstances extrêmement coûteuses sur le plan social ?

Pour l’Ugtt, la seule issue à cette crise reste « un dialogue national qui rompe définitivement avec l’avant-25 juillet ». Si pour cette organisation nationale le processus du 25 juillet a été dévié, « le Président de la République est appelé à rectifier le tir, d’autant plus que la crise économique devient de plus en plus critique ». Le taux d’inflation devrait dépasser la barre des 10% en 2023. Le constat est unanime et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, l’a confirmé, dernièrement. Selon ses prévisions, « le taux d’inflation va poursuivre sa hausse durant l’année 2023 pour atteindre 11% », a-t-il laissé entendre lors d’une conférence de presse, estimant que la Tunisie n’a pas plusieurs solutions pour lutter contre la hausse de l’inflation.

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