Cours particuliers — privation de salaires pour les instituteurs qui incitent leurs élèves à recourir à leurs services : Fin de la récréation 

La fin de l’impunité dans le dossier des enseignants absentéistes, qui donnent des cours particuliers à leurs élèves, est-elle un signe que le système éducatif va s’assainir ?


La rentrée scolaire entérinée pour tous les élèves de la République depuis le mercredi 15 septembre 2021, un cortège de questions reste en suspens, notamment lié aux cours particuliers au point qu’ils ont supplanté les cours en salles de classe ces dernières années. Mais patatras. Une annonce tonitruante du ministre de l’Education nationale, Fethi Sellaouti, sur les ondes d’une radio régionale fait les choux gras de la presse. Une enseignante a relayé l’onde de choc sur les réseaux sociaux dans la soirée du vendredi 17 septembre 2021. Elle affirme : «Trois mois de suspension de salaire pour tous les enseignants qui obligent les élèves à prendre des cours particuliers».

Cette mesure rude mais audacieuse et courageuse coupe l’herbe sous les pieds des fauteurs de troubles. Les réactions ne se sont pas fait attendre, craignant notamment la prise de décisions arbitraires ou inadaptées dès les prochains jours. La Toile s’affole autour de cette publication : « Soyons logiques, ce sont souvent les parents qui courent derrière les cours particuliers », affirme l’un d’eux auquel un autre rétorque à sa manière : « Simplement, ce sont les enseignants qui en profitent sans que personne n’évalue leur travail ». Un laisser-aller et un sentiment d’impunité règnent dans le milieu éducatif et de l’enseignement avéré au point qu’il connaît la pire décennie de son existence en Tunisie, à n’en point douter. Les signes d’un nouveau décollage tardent encore, même si des échos parviennent ça et là de certaines régions du pays pour prouver le contraire. En attendant, conjugué au trop-plein de devoirs qu’on donne aux élèves, le phénomène des cours particuliers ne va pas s’éteindre de sitôt. Il concerne tous les niveaux de classe dorénavant alors qu’il se limitait aux dernières années au lycée ou à l’université ces derniers temps. Le ministre de l’Education nationale est revenu sur les conditions extrêmement difficiles que vivent certaines familles tunisiennes pour garantir la scolarisation de leurs enfants en empruntant de la banque ou en vendant leurs effets personnels, quitte à tout perdre. Il promet que l’équipe de son ministère va appliquer les sanctions et assurer la primauté de la loi. Une mesure forte et dissuasive qui pourrait mettre fin à la gabegie qui règne au niveau de l’enseignement et aux passe-droits.

En veux-tu, en voilà ! 

Même si la question reste épineuse et très complexe puisque n’importe qui se prétend enseignant ou instituteur, en dehors du milieu scolaire pour donner des cours particuliers contre des pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes. Un manque à gagner colossal pour l’Etat et une absence de traçabilité de montants de millions de dinars chaque année, sans que personne ne bronche. Mais cette situation confuse n’est que le résultat de la dégradation de l’enseignement en Tunisie qui marque l’enlisement continu depuis au moins une décennie.

 On se souvient d’une vidéo témoin où l’on entend un aveu d’une institutrice qui oblige ses élèves à prendre des cours particuliers en dehors de l’école sous peine de « briser les notes » en recourant au chantage. Sans doute, cette nouvelle mesure et ce renforcement de la loi viennent pour apporter de l’eau au moulin des fraudeurs qui veulent poursuivre leur stratagème.

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