L’espoir fait vivre

Visiblement, les choses changent et l’espoir fait vivre : « La formation d’un nouveau gouvernement pourrait entraîner une baisse de 400 points du coût de couverture du risque de défaut des obligations souveraines, après avoir franchi la barre des 840 points », estime l’expert en économie et en marché financier Moez Hadidane. Le doute fait ainsi place à l’espoir. Il est vrai que les grandes idées amènent les grands changements et les grandes évolutions.   

Il n’en demeure pas moins que l’impératif d’un possible redressement, après la nomination de Najla Bouden à La Kasbah, impose de nouvelles obligations. Mais aussi et surtout une véritable prise de conscience de la part de ceux qui sont concernés de près ou de loin par les affaires du pays. Une manière de se réhabiliter, de se racheter ? Il n’est jamais trop tard, sommes-nous tentés d’affirmer, sauf que la Tunisie est dans l’urgence et que l’opération de sauvetage est fortement minée. Entre tensions politiques, défis économiques, risques financiers, impatience sociale et menaces sanitaires, la mission de Bouden ne s’annonce pas de tout repos. Dans un contexte aussi contraignant, le plus important n’est pas de savoir si elle sera réellement Cheffe de gouvernement, ou un simple Premier ministre sous les ordres de Carthage, ou encore si les dispositions exceptionnelles donnent de larges pouvoirs exécutifs au Président de la République au détriment des prérogatives attribuées au locataire de La Kasbah,  mais plutôt si Bouden disposera réellement des meilleures conditions pour mener à bien une mission pour laquelle elle n’a qu’une seule possibilté : la réussite. Presque jamais observés depuis 2011, la concorde et le rapprochement entre Carthage et La Kasbah sont aujourd’hui plus que jamais déclarés, voire assumés. 

Parfois, les épreuves et les défis ne sont pas seulement gagnés par les personnes les plus indiquées, mais surtout par les plus averties. Celles et ceux qui n’abdiquent pas et n’abandonnent jamais. Les chantiers sont encore grandement ouverts et le risque de ne pas savoir par quoi, ni comment commencer est bien là. Sauf qu’après une décennie de laisser-aller, de relâchement et d’impunité, le cœur de l’action, le cheval de bataille seront essentiellement la lutte contre la corruption. « J’ai eu l’honneur d’être chargée par le Président de la République, Kaïs Saïed, de former le nouveau gouvernement tunisien dans les plus brefs délais. Notre mission principale sera de lutter contre la corruption ». C’est ainsi que la Cheffe du gouvernement a entamé sa première déclaration médiatique. La lutte contre la corruption ne doit plus rester au stade des slogans. Elle devrait être, si l’on comprend bien le message de Saïed lorsqu’il a accordé sa confiance à la Cheffe du gouvernement, un combat de tous les jours, de tous les instants. Cela ne peut que répondre  aux attentes et aux aspirations des Tunisiens, mais aussi servir de message à tous ceux qui ont porté, d’une manière ou d’une autre, atteinte à la Tunisie.

Ce que la classe politique n’est plus en mesure de réaliser, ou encore d’entreprendre, met à nu son inaptitude à se relancer sur la bonne voie. Nous sommes dans le regret de reconnaître que le fossé qui sépare ce qui est exigé, par rapport à ce qui est vécu, et également aux valeurs, à leur authenticité et à leur conformité, n’a jamais été aussi compromettant et aussi inquiétant que ces dernières années. Au fait, il y a de ces mauvais souvenirs qui font plus mal que les autres. Il suffit d’en évoquer les péripéties et les dérapages pour raviver un mal-être, voire un traumatisme chez les Tunisiens, de plus en plus en rupture avec une classe politique défaillante.

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