Femme tunisienne au travail: Ces droits qui manquent !

Il s’agit là d’une sorte de plaidoyer en faveur de la femme, afin de pousser l’Etat tunisien à ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) dont il est membre.

Au terme d’un cycle de formation et de sensibilisation basé sur l’approche genre, le projet intitulé «renforcement des capacités de la femme travailleuse en Tunisie» a pris fin. Fruit d’un programme de partenariat entre l’Ugtt, la Fondation de coopération et de paix et le Syndicat ouvrier espagnol-Catalogne, ce projet défend la cause de la femme et fait valoir son rôle de premier plan dans l’œuvre du développement. Il vise essentiellement à lutter contre la vulnérabilité et les inégalités entre hommes et femmes, en leur assurant les conditions favorables du travail digne et décent. Et si les lois faisaient défaut?

Le cas des femmes agricoles et aides ménagères !

C’est une sorte de plaidoyer en sa faveur, afin de pousser l’Etat tunisien à ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) dont il est membre. Sa réticence à s’inscrire, volontiers, dans cette démarche juridique et législative pèse lourd sur la situation professionnelle et matérielle de la femme. Elle ne touche quasiment pas un salaire égal à celui de l’homme pour un travail identique. Alors que l’égalité de rémunération et la non-discrimination en matière d’emploi sont deux principes fondamentaux inscrits dans la déclaration de l’OIT de 1998. Idem pour la liberté syndicale et le droit de négociation. Pour toutes ces raisons, ledit projet commun élaboré entre l’Ugtt et l’Ouvrière syndicale espagnole a opté pour le renforcement des capacités de la femme syndicale dont notamment les travailleuses dans le secteur agricole et les aides ménagères. Un vrai modèle type des catégories sous-payées, surexploitées et les plus marginalisées. D’autant que celles-ci ne jouissent point de leurs droits les plus rudimentaires. Et encore moins de ceux à caractère civique et politique.

Ces droits en débat

Mais, un tel constat aurait exigé qu’on recentre le débat sur le cadre juridique et institutionnel qu’il faut mettre en place pour protéger les droits de la femme au travail. Dans ce sens, une série de formations axées sur «les droits de l’homme et l’approche genre» ont eu lieu dans plusieurs régions du pays. Au menu également des ateliers de conscientisation et de sensibilisation ont été organisés sur la non-discrimination basée sur le genre, la violence faite aux femmes et la protection de la maternité. Ce marathon d’échange et de discussions a permis de relever que nos législations locales en ce qui concerne les droits de la femme syndicale demeurent encore tronquées. Elles sont toujours en retard par rapport aux standards internationaux.

D’ailleurs, dans son étude faite sur «la protection de la maternité», l’enseignante chercheuse Ikbal Ben Moussa a souligné le gap significatif creusé entre les législations tunisiennes et celles de l’OIT. Il importe, ici, de s’arrêter sur les fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le pacte mondial des droits civiques et politiques, ainsi que les droits économiques et sociaux. Et c’est sur ce thème que se sont focalisées les interventions des participants au programme de formation coorganisé par l’Ugtt, à travers son département relations arabes et internationales et migration et le syndicat espagnol.

Tous contre l’emploi précaire

De même, conscientiser sur l’élimination de la discrimination basée sur le genre, la lutte contre la violence à l’égard de la femme et la consécration du travail décent s’inscrivent dans la perspective de faire face à toutes les formes d’emploi précaire dont les ouvrières agricoles et les aides ménagères sont les premières victimes.

Cela invite à repenser le cadre juridique et législatif le régissant, à même de le rendre conforme aux conventions de l’OIT en vigueur. Voilà en quoi consiste la portée d’une telle formation sur l’approche du genre. Sur ce plan, l’unique femme secrétaire générale adjointe de l’Ugtt, Mme Naima Hammami, a qualifié de réussi le projet de partenariat précité dont l’objectif est de renforcer les capacités féminines dans le secteur syndical.

Ceci, résume-t-elle, ne peut se faire que par la formation, la communication et le plaidoyer, comme relais des valeurs de solidarité, d‘autonomie et d’égalité entre hommes et femmes non seulement au travail, mais aussi dans l’action syndicale.

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