Livre | «Partir ou rester» : Les petits vilains personnages de Lotfi Ben Sassi

Du temps où il nous offrait le sourire du matin avec ses caricatures en première page de La Presse, et ses Bokboks dans le magazine du dimanche, on se demandait, et on lui demandait : mais où donc trouvait-il ses sujets ? Plus cocasses les uns que les autres, mais toujours justes et percutants, appuyant là où cela fait mal, les petits vilains personnages de Lotfi Ben Sassi offraient une  joyeuse et piquante radiographie de la société tunisienne.

Avec l’âge peut-être, l’air du temps également, les sujets de notre ami deviennent plus sérieux, son humour quelquefois plus grinçant, et le rire plus amer.

Son dernier opus « Partir ou rester» est le douzième en cinq ans d’une collection qu’il s’offre et nous offre, dans sa propre maison d’édition créée pour lui donner toute liberté : Edito-Editions.

Car Lotfi Ben Sassi est un auteur-dessinateur obsessionnel, se plongeant dans le prochain livre sitôt bouclé le dernier.

« Je ne vais ni au bar, ni au café, ni à la mosquée. Je travaille : c’est sûrement une addiction. Mais c’est aussi ce qui me permet de dire ce que j’ai sur le cœur».

Par contre, Lotfi Ben Sassi lit, et lit beaucoup. Car, selon lui, on ne peut pas écrire sans lire. Et quand il lit les chiffres astronomiques — et officiels — du nombre d’ingénieurs tunisiens, de médecins, d’enseignants, partis en cinq ans. Ou encore celui, encore plus astronomique des postulants au départ, toutes catégories sociales confondues, tous genres de formations et de métiers, il ne peut pas ne pas se poser la question de « Partir ou rester », le titre de son livre. Un titre assassin car, comme il reprend la boutade :

« A part le soleil, nul n’a la chance de briller en Tunisie ». Mais il a peut-être la chance de briller ailleurs, ou du moins de l’espérer.

Ses Bokboks en font ou veulent en faire l’expérience. Ils racontent, en grinçant un peu, les péripéties, les espoirs, les déceptions, ou les succès de ces candidats à l’émigration ou à la hargua sous le double postulat de « partir, car on ne peut plus rester », ou « rester car on ne peut plus partir ».

Et déjà Lotfi Ben Sassi se plonge dans son prochain ouvrage sur les « tabous » des Tunisiens. A vous de les trouver et de les lui souffler. Et ne dites pas non, car « non » est aussi un tabou.

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