SNCFT | Nouvel accident de train à Msaken : Une entreprise qui déraille ?

 

La liste des accidents ferroviaires en Tunisie s’allonge. La Société nationale des chemins de fer de Tunisie (Sncft) n’arrive plus à offrir un service de qualité et sûr à ses passagers. Infrastructure gravement dégradée, réseau ferroviaire vétuste, parc réduit, entrepôts non conformes aux normes de santé et de sécurité, manque cruel de maintenance et de  pièces de rechange nécessaires, passages à niveau mal protégés et des erreurs humaines qui dévoilent un manque de formation et de sensibilisation. Bref, nos voies ferrées sont parmi les moins sécurisées au monde, d’où la récurrence des accidents mortels.

Un train a déraillé dans la nuit de mardi à mercredi au niveau de la gare de Msaken (gouvernorat de Sousse), causant le décès du conducteur et d’un passager, et la blessure de 34 autres passagers, selon le directeur de la communication à la Sncft et son porte-parole Hassen Miaadi. Dans une déclaration accordée au correspondant de TAP à Sousse, il a précisé que les passagers blessés ont été transférés aux hôpitaux de Msaken, Sahloul et Farhat-Hached à Sousse pour recevoir les soins nécessaires et que leur état de santé était stable.

Sans donner de plus amples détails, le ministère du Transport s’est engagé, hier, à remettre son rapport définitif sur les circonstances de l’accident au plus tard le 27 juin 2023.

Le ministre du Transport, Rabii Majidi, s’était rendu, tôt hier, sur le site de l’accident, en vue d’établir les responsabilités et de prendre des mesures administratives et réglementaires nécessaires contre quiconque dont «le manquement était avéré», indique un communiqué du ministère.

La Sncft croule sous les dettes

En effet, selon les derniers chiffres disponibles, les pertes cumulées de la Sncft s’élèveraient à 800 millions de dinars en 2020, alors que ses dettes ont dépassé les 365 MD et que les sommes dues par la société auprès des ministères au titre du transport gratuit ont dépassé 62 MD à fin mars 2021.

Conséquences : vétusté du parc, incapacité à acquérir les pièces de rechange nécessaires à la maintenance, dégradation de la situation des entrepôts de maintenance, blocage de la réalisation des nouveaux entrepôts, outre le manque de main-d’œuvre qualifiée.

Le plan stratégique de la société qui est axé sur la réhabilitation des infrastructures, le renouvellement des équipements, l’amélioration de la gouvernance, le rétablissement des équilibres financiers et le développement des services, n’a jamais été mis en œuvre.

Pourtant, une étude préliminaire relative à la restructuration de la Sncft a été présentée en 2020 et qui expose clairement les difficultés structurelles auxquelles elle fait face et qui consistent particulièrement en la vétusté de son parc, son incapacité à acquérir les pièces de rechange nécessaires à la maintenance, la dégradation de la situation des entrepôts de maintenance, le blocage de la réalisation des nouveaux entrepôts, outre le manque de main-d’œuvre qualifiée.

L’étude avait souligné l’importance de mobiliser les financements nécessaires pour lever les obstacles qui entravent les investissements de la société et impactent négativement son rendement et ses services.

Elle a également évoqué l’impact négatif de la bureaucratie sur la mobilisation des financements extérieurs, qui seraient derrière le retard accusé dans la réalisation de certains projets à l’instar de celui du Réseau ferroviaire rapide.

Pourtant, l’entreprise dispose d’un potentiel de développement élevé, notamment en matière de transport du phosphate et des céréales et qui consiste à faire porter la part du transport ferroviaire des céréales et des matières premières telles que le phosphate afin d’améliorer ses finances.

Il est à noter que le réseau ferroviaire tunisien s’étend sur 2.150 km, dont 1.777 km non exploités, alors que le parc est composé de 145 locomotives, 30 trains électriques desservant les banlieues, 30 trains pour les grandes lignes, 112 wagons pour passagers, 2.003 wagons de transport de marchandises, 1.083 wagons tombereaux, 1.361 conteneurs, outre les 28 trains électriques relevant de la société du Réseau rerroviaire rapide de Tunis.

Il devient urgent de revoir la gouvernance de la société, d’engager un programme de réformes et de modernisation de son parc et de former son personnel. Il n’est plus acceptable de classer les accidents de trains comme une simple fatalité mais un péril pour les citoyens et les usagers.

Pour rappel, le 21 mars 2022, 84 personnes ont été blessées lorsqu’un train qui transportait des passagers (de la gare de Riyad à la gare de Tunis) a percuté un autre train vide en provenance de la gare de Tunis, qui se dirigeait vers l’entrepôt de Dubosville. Quatre responsables de la Sncft ont été démis de leurs fonctions, le 24 mars 2022, suite à cet accident.

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