Baromètre RSE, ODD et féminisation des entreprises canadiennes en Afrique: Le secteur minier, un marché plein d’avenir… 

Avec 100 sociétés et 37,1 milliards de dollars, l’Afrique est le deuxième continent où se trouvent le plus d’actifs miniers canadiens, suivi de l’Asie, l’Europe et l’Océanie.


Le 14 juin 2023 à HEC Montréal, en ouverture du forum sur la RSE et la durabilité des entreprises canadiennes en Afrique, organisé par le Conseil patronal de l’environnement du Québec (Cpeq) et Doing Good In Africa (Dgia) avec le soutien de HEC Montréal, Afrique RSE, un cabinet d’expertise spécialisé sur l’économie durable en Afrique qui accompagne les acteurs publics et privés dans leurs stratégies de responsabilité sociétale et d’investissements à impacts positifs en intégrant les spécificités du contexte africain a présenté le baromètre « RSE, ODD et féminisation des entreprises canadiennes en Afrique ».

L’étude a permis de recenser 114 entreprises canadiennes qui ont des activités en Afrique et 192 filiales canadiennes en Afrique. Sur ces dernières, seules deux disposent d’un site Internet alors que sur les 114 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique, 111 ont un site internet. « Les entreprises canadiennes basées en Afrique ne sont pas transparentes et il est difficile donc d’en savoir plus sur la gouvernance et les pratiques RSE des entreprises canadiennes qui opèrent en Afrique, étant donné que sur les 192 filiales, seules deux disposent d’un site Internet », souligne l’étude.

Un actif minier de taille

Le document ajoute que les intérêts canadiens en Afrique se concentrent exclusivement dans le secteur minier. Parlons chiffres, sur les 114 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique, 86 % sont des minières.

En effet, le Canada est leader mondial en termes d’actifs miniers. En 2021, le pays comptait 1.412 sociétés possédant des actifs d’exploitation minière et d’exploration minérale totalisant 285,8 milliards de dollars.

En 2021, les actifs miniers canadiens se trouvent majoritairement en Amérique avec la répartition suivante : Canada (1.075 sociétés et 89,9 milliards de dollars), Amérique du Sud (222 sociétés et 58,9 milliards de dollars), États-Unis (300 sociétés et 41,4 milliards de dollars), Amérique Centrale et les Caraïbes (27 sociétés et 22,9 milliards de dollars), Mexique (132 sociétés et 9,8 milliards de dollars).

Avec 100 sociétés et 37,1 milliards de dollars, l’Afrique est le deuxième continent où se trouvent le plus d’actifs miniers canadiens, suivi des continents suivants : l’Asie avec 59 sociétés et 11,1 milliards de dollars, l’Europe avec 85 sociétés et 9,2 milliards de dollars et l’Océanie avec 62 sociétés et 5,5 milliards de dollars.

Dans ce même cadre, le document ajoute que trois pays africains font partie des 10 principaux qui possèdent les Actifs miniers canadiens qui sont répartis comme suit : Etats-Unis (21,1 %), Chili (12,7 %), Panama (7,7 %), Brésil (5,6 %), Pérou (5,1 %), Mexique (5 %), Zambie (4,8 %), Argentine (4,4 %), Mali (3,9 %), République Démocratique du Congo (3,6 %).

Pour ce qui est des sociétés d’exploration minérale et d’exploitation minière, la Bourse de Toronto (TSX) et la Bourse de Croissance TSX (Tsxv) offrent des marchés d’inscription de premier plan à l’échelle mondiale. En 2021, la TSX et la Tsxv représentent à l’échelle mondiale 42 % des sociétés ouvertes d’exploitation et d’exploration minières, 57 % de financements miniers par actions et 34 % des capitaux propres miniers réunis.

Qu’en est-il des ODD ?

Selon les Nations unies, avec la note de 77,7 sur 100, le Canada est classé 29e sur 163 pays en matière d’atteinte des Objectifs de développement durable. L’ODD 4 (Éducation de qualité) et l’ODD 1 (Zéro pauvreté) sont quasiment atteints au Canada malgré quelques challenges pour l’ODD 1.

Dans ce même cadre, à l’appui des ODD, Affaires mondiales Canada affine une approche visant à élargir et à approfondir son engagement avec le secteur privé transnational et local en matière de politiques et de programmes d’aide internationale. L’objectif est d’améliorer les résultats du développement en engageant systématiquement le secteur privé à l’appui des ODD, s’appuyant sur des outils et des orientations qui renforcent la qualité et le nombre de partenariats grâce à un environnement propice au partage de l’information, appliquant plus efficacement les connaissances, l’expertise et les renseignements du secteur privé aux activités de politique et de programmation de l’aide internationale et en catalysant des fonds de développement supplémentaires, notamment des investissements privés transnationaux et locaux en faveur des ODD.

En Afrique, 49 entreprises canadiennes sur 111 ayant au moins une filiale ont publié les axes de la politique ou stratégie RSE/DD. 38 de ces entreprises font référence aux ODD.

Par ordre décroissant, les ODD les plus importants pour les entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique et qui font référence aux ODD dans leur politique RSE sont: ODD 8 (Travail décent et croissance économique), ODD 3 (Bonne santé & bien-être), ODD 4 (Education de qualité) et ODD 13 (Lutte contre le changement climatique).

Par ailleurs, 36 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sur 111 ont publié leur rapport RSE, ESG, DD ou Intégré alors que 10 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sur 111 ont obtenu des certifications ISO. Par ordre décroissant, les 3 certifications ISO les plus sollicitées par les entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sont : ISO 14001, ISO 45001 et ISO 9001.

Sur un autre plan, 60 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sur 111 ont des actions phares de RSE sur les sept questions centrales de la Norme ISO 26 000. Par ordre décroissant, les trois questions centrales de la RSE les plus importantes sont : communautés et développement local, environnement et enfin relations et conditions de travail.

Le baromètre ajoute que 15 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sur 111 adhèrent au Pacte Mondial des Nations unies et quatre entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sur 111 possèdent une fondation. L’éducation / formation, le développement local et la santé sont les axes d’intervention prioritaires de ces fondations.

Seulement neuf entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique sur 111 ont publié le nom de leur Directeur RSE qui sont tous membres du Comité de Direction et où on compte cinq femmes sur les neuf.

Une présence féminine timide

En ce qui concerne la politique étrangère féministe, le baromètre souligne que les efforts continus, intégrés et pangouvernementaux du gouvernement du Canada visent à faire progresser les droits de la personne, l’égalité des genres, l’inclusion et le respect de la diversité à l’échelle internationale.

Mais, malgré le fort engagement du gouvernement canadien pour la féminisation, les instances de gouvernance des entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique ne sont pas très féminisées. Sur les 97 entreprises canadiennes, ayant au moins une filiale en Afrique, qui ont publié le nom de leur Président-e du Conseil d’administration, on compte seulement 8 femmes, soit 8,25 %.

Sur les 99 entreprises canadiennes ayant au moins une filiale en Afrique qui ont publié le nom de leur directeur-trice général-e, on compte aussi 8 femmes, soit 8,09 %, alors que sur les 7 entreprises canadiennes, ayant au moins une filiale en Afrique, qui ont publié le nom de leur directeur général adjoint, on ne compte aucune femme.

Sur les 93 entreprises canadiennes, ayant au moins une filiale en Afrique, qui ont publié la composition de leur Conseil d’administration, on compte 134 femmes sur 688 membres, soit 19,48 %. Sur les 85 entreprises canadiennes, ayant au moins une filiale en Afrique, qui ont publié la composition de leur Comité de direction, on compte 121 femmes sur 599 membres, soit 20,21 %.

Réussir l’implémentation de la RSE 

Pour conclure, le document recommande une incitation, un accompagnement et une assistance des éco-entreprises et des investissements canadiens (hors secteur minier) pour l’implantation et le développement de leurs affaires en Afrique.

Il est également question de mettre en place un dispositif pour impulser la féminisation des postes de direction des entreprises canadiennes au niveau national et dans leurs filiales africaines. Ceci, outre l’exigence de publication des rapports RSE / ODD de durabilité pour les entreprises cotées à la Bourse de Toronto, des industries minières et des grandes entreprises canadiennes.

Le document propose aussi de mettre en place une plateforme pour le suivi de la prise en compte des ODD par les entreprises, d’assurer la transparence des filiales canadiennes présentes en Afrique  (site Internet, composition des instances de gouvernance, publication de rapport de durabilité…), de mettre en place un outil pour évaluer et rendre compte du poids des investissements des Canadiens d’origine africaine en Afrique et de soutenir et accompagner les investisseurs canadiens d’origine africaine dans l’implémentation de la RSE et la durabilité dans leurs entreprises au Canada et en Afrique.

Laisser un commentaire