La Presse en deuil — Lassaad Lioui n’est plus : Un homme d’une grande correction

C’est avec un immense chagrin que La Presse annonce la disparition d’un vétéran du service de correction.  Lassaâd Lioui, un homme correct, discret et d’un apport inestimable, vient de nous quitter en silence.

Il était le superviseur diurne des pages de La Presse. Avec un regard de laser, et en francophone averti, il passait au crible, matin et soir, une masse consistante d’articles, de dépêches, de communiqués et autres correspondances.

Si une virgule bouge sans qu’on sache pourquoi, c’est grâce à lui. Si on retrouve un accent circonflexe à sa juste place, c’est grâce à lui aussi. Il avait l’art de rétablir une concordance des temps torturée par les journalistes débutants. Il traque les pléonasmes et les coquilles comme un chasseur de fautes infatigable. Partisan de l’anonymat,  il avait un cœur d’artichaut et était communicatif à souhait avec tous les employés de Snipe-La Presse.

Dans cette tanière où s’amoncellent les articles en attente de BAT (Bon à tirer),  il continuait à faire la guerre aux entorses faites à la langue française et a fait du port de la cravate un accessoire quasi obligatoire. Comme ses pairs correcteurs, il voyage à travers les écrits et savourait ce qu’il faisait avec les copies.

Il est parmi les derniers d’une génération de correcteurs qui ont formé les nouveaux loups de la correction auxquels ils ont passé le flambeau.  Ce lutteur anti-fautes dans les murs de La Presse a porté sur ses frêles épaules la responsabilité des bourdes qui passent quand même quelquefois à travers les maillons de la chaîne.  Avec son décès, les journalistes et les employés de Snipe-La Presse ont perdu un ami et un grand frère. Jovial, courtois, serviable et social, il savait créer une atmosphère conviviale, propice au travail en équipe. Critique gastronomique, il prenait la vie du bon côté et la banalisait souvent. Il aura marqué son époque et plusieurs générations de journalistes.

Ils se rappelleront tous son éducation, sa grande culture,  son altruisme, sa bonté, la douceur de ses mœurs, sa générosité, son indulgence et son humanité, sa noblesse d’âme et son authenticité, sa patience et sa ténacité, qui formaient les traits de son caractère. Depuis la triste nouvelle de son décès, ses collègues et amis ont consulté leurs cœurs pour rivaliser par leurs faire-part tout ce qui intéresse la mémoire de ce cher et précieux disparu, et ont fait paraître au grand jour les rares qualités, les talents supérieurs qu’il avait tenu cachés pendant sa vie sous le voile de la modestie.

Que Dieu le Tout-Puissant l’accueille dans son Paradis et l’entoure de sa grande Miséricorde.

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