Objectif : desserrer les contraintes financières

Les PME, fragilisées, se heurtent à des défis de taille tant internes qu’externes. Elles ont subi, ces dernières années, de nombreux revers qui ont limité leur champ d’action et affaibli leur croissance. Malheureusement, le gouvernement n’a pas apporté le soutien nécessaire pour les aider à sortir de cette situation difficile et à réussir leur relance.

De nombreuses PME tunisiennes souffrent de difficultés financières énormes dues en grande partie à l’accès limité au financement. Selon les enquêtes menées par la Banque mondiale, 21,9 % des entreprises considéraient le manque d’accès au financement comme un obstacle majeur en 2023, elles étaient 43,9 % en 2020. «Les PME qui ont, quant à elles, accès à des financements, obtiennent principalement des crédits de court terme, en raison notamment d’un manque de liquidités à long terme dans le secteur bancaire. De fait, les marchés financiers et les institutions d’épargne contractuelle, qui constituent les principales sources de financement à long terme dans de nombreux marchés émergents, ne sont pas encore pleinement développés en Tunisie», a encore souligné la BM.

Face à ces difficultés, les opérateurs économiques estiment qu’il était essentiel que le gouvernement mette en place des mesures et des programmes visant à sauver les PME affaiblies et  menacées de faillite, ainsi que les auto-entrepreneurs, et à préserver les emplois.

Potentiel de croissance et de création d’emplois

Il est crucial que le gouvernement revoie sa stratégie et accorde une attention plus soutenue aux PME. Ces petites entreprises ont un énorme potentiel de croissance et de création d’emplois. Elles ont prouvé leur capacité à s’adapter et à innover. Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures spécifiques pour soutenir leur développement, telles que des programmes de financement accessibles, des formations adaptées, des incitations fiscales et des politiques favorables à l’entrepreneuriat. En renforçant les PME, la Tunisie pourra non seulement préserver sa position sur le marché, mais aussi stimuler l’économie, réduire le chômage et promouvoir une croissance durable et inclusive.

Le monde actuel traverse moult chocs économiques qui s’installent dans la durée. Une réalité avec laquelle doivent composer les PME qui représentent près de 90% du tissu économique tunisien et sont confrontées à différents obstacles, tels que le financement. Le nombre de faillites des entreprises a enregistré un nouveau seuil inquiétant dans un contexte de pressions et de crises successives.

La PME est initialement fébrile, faisant face à des problèmes financiers, stratégiques et organisationnels. Tout objectif économique ne peut s’atteindre qu’avec une PME pérenne et apte à faire face aux chocs économiques.

D’après les statistiques dévoilées par l’Association tunisienne des petites et moyennes entreprises (Anpme), environ 200.000 PME sont en faillite en 2023 contre 120.000 en 2022. De même, 74.188 Tpme (très petites entreprises ou moyennes entreprises) ont fait faillite entre 2019 et 2021, selon les derniers chiffres publiés par l’INS.  Selon la même source, les ¾ des sociétés n’ont plus de ressources de fonds de roulement, en se référant aux dernières statistiques de l’association. Par ailleurs, l’augmentation du nombre des chèques sans provision est un élément parmi les raisons qui ont conduit à la faillite des entreprises.

Faut-il rappeler que dans une circulaire, en date du 15 décembre dernier, la Banque centrale de Tunisie a prolongé d’une année la bonification par l’Etat de l’intérêt des crédits octroyés aux PME. Il s’agit d’une prise en charge du différentiel entre le TMM et les crédits pour investissement accordés aux PME. Cette bonification sera dans la limite de 3 points et la marge ne devrait pas dépasser les 3,5 %. Elle a été accordée, en 2019, au profit des PME exerçant dans le secteur de l’agriculture et les secteurs productifs, à l’exclusion des secteurs du commerce, des finances, de la promotion immobilière, de l’énergie et des mines, et pour les crédits d’investissement, pour la création ou l’extension comprise entre 150.000 et 15 MDT, qui restera ainsi valable jusqu’à fin décembre 2024.

Les autorités doivent ainsi prendre conscience que los TPE-PME et Auto-entrepreneurs sont en train de lutter silencieusement. Pourtant, ces petites entreprises contribuent à la création d’emplois et à la cohésion sociale, qui sont menacées si rien n’est fait pour les sauver. En agissant ainsi, le pays pourra préserver l’emploi, promouvoir la paix sociale et encourager le développement économique durable.

LF 2024 : deux nouvelles lignes de financement

au profit des PME

En appui aux petites et moyennes entreprises (PME), la LF 2024 a prévu la mise en place d’une ligne de financement dotée d’une enveloppe de vingt millions de dinars tout en donnant la priorité au financement de projets d’investissement à forte valeur ajoutée, dans  les domaines des énergies renouvelables et de l’économie verte. Cette mesure permettra à la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (Bfpme) d’honorer ses engagements envers ses clients, de disposer des liquidités nécessaires à court et moyen terme  et de retrouver son rythme habituel d’activités.

Une enveloppe supplémentaires de 10 MDT sera aussi mise à la disposition de cette ligne de financement au profit de la Bfpme, et ce, conformément à un accord de principe qui devrait être conclu entre le ministère des Finances et la Bfpme, compte tenu de sa spécialisation dans le financement de ce type d’entreprises. La LF prévoit aussi la mise en place  au profit des PME d’une deuxième ligne de financement de 10 millions de dinars sous forme de crédits à moyen et long terme. Cette enveloppe sera versée dans les comptes du Fonds national de l’emploi.

De son côté, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras financier de l’Etat, a annoncé le lancement d’une ligne de financement de 200 MD, dédiée à la souscription aux Fonds d’investissement de restructuration et de relance des Petites et moyennes entreprises (PME) en difficulté.

Le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) financera cette ligne à hauteur de 120 MD. Selon Nejïa Gharbi, directrice générale de la CDC, il s’agit d’un dispositif d’aide spécifique aux PME, lequel est proposé dans le cadre du programme de relance de l’économie tunisienne adopté par le gouvernement, qui entend mobiliser  à son tour 80 MD.

L’objectif sera de fournir des liquidités et des ressources financières aux PME pour assurer leur stabilité financière, tout en leur permettant de développer leurs activités, résoudre les problème de sous-capitalisation et éviter le surendettement.

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