Commentaire: La CPI maintiendra-t-elle son objectivité ? 

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La nouvelle est tombée comme un couperet : le procureur de la Cour pénale internationale déclare, lundi 20 mai, avoir demandé l’émission de mandats d’arrêt contre le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense pour des crimes de guerre commis dans la bande de Gaza, ainsi que contre trois chefs du mouvement Hamas. Les deux camps ont dénoncé ces mandats d’arrêt contre leurs dirigeants.

La déclaration a eu l’effet d’un électrochoc sur les amis et alliés de l’entité sioniste. Joe Biden, qui, la veille (dimanche) déclarait devant des étudiants pro-palestiniens de l’université Martin Luther King (Géorgie) : «Vos voix doivent être entendues, et je vous promets que je les entends», juge «scandaleuse» la décision du procureur de la CPI, assurant qu’il «n’y avait pas d’équivalence» entre Israël et le Hamas ou «l’offensive d’Israël n’est pas un génocide» ; la réaction de son secrétaire d’État Antony Blinken ne s’est pas fait attendre non plus, il qualifie cette décision de «honteuse». 

Ce qui est consternant, bouleversant même, c’est la vitesse et la célérité dramatiques de ces réactions qu’on dirait «instinctives», «primitives». Aussi bien Biden que Blinken ne semblent pas avoir entendu le bruit du monde, ses forces actives et le sens du vent.

Il faut admettre que lorsqu’il s’agit de décisions de justice «internationales» contre Israël, un épais brouillard leur voile les yeux, les empêchant de distinguer le mal du bien, la lumière de l’aveuglement et la justice de l’injustice.

Pourtant, depuis des mois, dans les grandes villes et des capitales, des milliers de manifestants  réclament la traduction en justice du criminel de guerre et son ministre ; l’explosion de violence montre la vulnérabilité du gouvernement actuel qui affronte la pire crise de sa tumultueuse histoire, depuis des mois aussi, et au fil des samedis, les protestations se multiplient à l’intérieur de l’entité sioniste, prenant des dimensions impressionnantes. Samedi dernier, à Tel-Aviv, la police a attaqué et dispersé une immense manifestation en l’aspergeant d’eaux usées, en agressant et en arrêtant de nombreux manifestants qui appelaient au départ immédiat de Netanyahu, sa traduction en justice et à l’urgence d’un accord de cessez-le-feu. Le cessez-le-feu n’a pas eu lieu, le départ de Netanyahu non plus, mais il est dans les filets de la justice. En attendant les autres pays et, pour une fois, à rebours des positions américaines, la France «soutient la Cour pénale internationale, son indépendance, et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations», a indiqué lundi le Quai d’Orsay. La Chine lui emboîte le pas, «espérant que la CPI exercera ses pouvoirs conformément à la loi». Le monde entier attend les effets réels de cette décision.

Pendant ce temps, les massacres continuent. Selon une agence de l’ONU, 800.000 personnes ont fui les combats à Rafah et au moins 83 morts supplémentaires ont été recensés dans les dernières 24 heures à Gaza, atteignant 35.562 morts civils dont une majorité de femmes et d’enfants, et 79.366 blessés en plus de sept mois de guerre. Ces massacres nient notre humanité commune. Ni Biden ni aucune autre personne ne saurait les justifier.

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