Kairouan – Gallalas (fours à brique traditionnels) : De 25 artisans dans les années 80 à 3 aujourd’hui…

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L’utilisation de matériaux de construction traditionnels est l’un des critères les plus importants pour la restauration et la réfection permanente des vieilles demeures, des zaouias et des mosquées afin de respecter leurs éléments architectoniques spécifiques et de préserver leurs belles façades répondant aux caractéristiques architecturales d’une ville classée patrimoine mondial.

Les gallalas (fours à brique traditionnels) existent à Kairouan depuis très longtemps et ont aidé à sauvegarder le cachet de Kairouan.

Or, les gallalas ont été déplacés à cause de la pollution qu’ils provoquent et de l’extension urbaine.

Situés actuellement près de l’ancienne route de Sousse, ils fournissent la brique pleine dont la préparation se fait au soleil et avec le fumier, les variantes de carrelage préparées sans fumier et à l’ombre, la pierre à chaux destinée à fournir de la chaux vive.

Or, l’emplacement actuel de ces ateliers ne répond pas aux critères techniques standards, vu la mauvaise qualité de l’argile disponible sur les lieux, due à une terre très saline, ce qui se répercute négativement sur le rendement de ce secteur artisanal.

Un «amine» nécessaire pour la profession

M. Mokhtar Brini, 80 ans, à la tête d’une unité qui emploie six ouvriers, et ce, depuis une trentaine d’années, explique que le nombre des artisans qui possèdent des ateliers au sein de ces gallalas est passé de 25 dans les années 80 à 3 aujourd’hui.

Selon le maître artisan, la profession se heurte à de nombreuses difficultés dont le prix élevé de la pierre et des combustibles (déchets de distillation du romarin, grignon d’olives, etc.), et le manque de main-d’œuvre, contrairement au prix de vente de la chaux et des briques qui n’a pas tellement évolué, note Mokhtar Brini.

Par ailleurs, l’artisan, dont l’unité produit en moyenne 18 fournées de chaux et de brique par an et qui assure l’approvisionnement de la ville de Kairouan pour les besoins de la commune et des institutions de patrimoine, mais aussi de Sfax, Sousse, Monastir, Msaken et Nabeul pour la chaux vive, préconise, dans ce contexte, la création du poste d’un «amine» pour évaluer le coût réel de la production et de la vente de la chaux et des briques ainsi que l’octroi de primes de soutien aux artisans, et ce, afin d’éviter les spéculations.

«Après tout, nous permettons à la Médina, à ses remparts et ses monuments de garder leur authenticité tout en évitant l’utilisation  des matériaux modernes qui ne répondent pas aux normes de l’architecture traditionnelle…».

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