L’élection présidentielle d’hier a marqué un nouveau pas dans l’ancrage du processus de démocratisation du pays, avec un scrutin à la fois serein et ouvert à tous les scénarios, jusqu’à la clôture définitive des bureaux de vote et le démarrage des opérations de dépouillement des bulletins de vote, tant l’incertitude sur l’issue du scrutin se dessinait sur tous les visages, la journée durant, et hantait même les esprits de tous les candidats, marquant toutefois un net triomphe de la démocratie dans la jeune Tunisie post-révolution.

L’ambiance fort enthousaiste qui a émaillé, hier, ces élections présidentielles anticipées  dans toute la  région du Nord-Ouest, traditionnellement favorable aux candidats modérés et modernistes et qui plus est, a largement soutenu la candidature du président défunt Béji Caid Essebssi et cautionné, en grande partie,  sa victoire, en 2014, sur  son rival de l’époque Moncef  Marzouki;  lequel s’est encore une fois porté candidat à l’investiture suprême du pays lors des élections présidentielles actuelles, en compagnie de 25 autres candidats appartenant à diverses tendances politiques.  

Même si la tendance générale montrait le matin une certaine désinvolture face à ce scrutin, avec un taux de participation estimé à 6% seulement à 11h00, certains citoyens sont allés, néanmoins l’air quelque peu décidé, voter dès l’ouverture même des bureaux de vote, notamment dans la ville du Kef où une cinquantaine de personnes étaient, à titre d’exemple, en file devant l’un des bureaux de la ville, à la cité Eddir en l’occurrence où également un déploiement important d’agents de la sécurité et de l’armée nationale était visible et assurait sereinement la sécurité des centres de vote.

A leur sortie des urnes, les citoyens étaient  majoritairement  contents de la célérité avec laquelle ont été diligentées les opérations de vote, se disant toutefois réservés  sur l’issue du scrutin et  ne signalant aucun dépassement partout dans tous les centres de vote,  comme l’a confirmé à «La Presse» le président de l’Instance régionale  indépendante  des élections du Kef, Hatem Dali. Ce dernier a toutefois  fait part de deux infractions  se rapportant au silence électoral, ne manquant pas  cependant  d’exprimer sa satisfaction pour le bon déroulement des opérations de vote y compris dans les centres  à horaire aménagé, notamment dans les  délégations frontalières où 47 centres  de vote ont été régis par une telle mesure.

Le credo était pratiquement le même  sur toutes les lèvres : «Que le meilleur gagne» et que la démocratie  triomphe, ce qui semble se confirmer à l’usage même si certains citoyens ne nous ont pas caché leur aversion pour les programmes électoraux de certains candidats qui, disent-ils, ne répondent nullement à leurs aspirations en matière de développement intégré, de création d’emplois et d’amélioration des conditions de vie, comme l’a expliqué une dame d’un certain âge qui allait accomplir son devoir citoyen. le président a les mains liées et ses prérogatives sont limitées, a-t-elle souligné, ponctuant ses propos par une certain sentiment de désespoir, tant la besogne pour le prochain gouvernement lui semblait insurmontable en ce que le pays, disait-elle, n’a pas les moyens de redresser la barre de l’endettement, du chômage ou encore  du développement et de l’amélioration  des conditions  de vie de la population. Cela dit, certaines difficultés  sont apparues lors de ce scrutin, notamment à Jendouba où des citoyens ont bloqué la route à Balta Bouaoue et empêché les électeurs  d’accomplir leur  devoir citoyen en signe de protestation  contre l’état jugé déplorable de la piste vicinale de la région avant de renoncer à leur mouvement de libérer la route, tout comme dans d’autres régions où des citoyens ont empêché des femmes d’emprunter des camionnettes de fortune pour  aller voter  en réaction à la persistance du manque de moyens de transport appropriés et la persistance de la précarité dans la région.

Cela dit, dans le monde rural, la tendance semblait hier pencher en faveur du candidat Nabil Karoui qui a largement devancé ses adversaires dans cette région, à la lumière des résultats qui le donnaient grand vainqueur dans tous les  47  bureaux de vote à horaire aménagé où ont eu lieu les premières opérations de dépouillement des bulletins de vote, même si le taux de participation à ces élections n’a guère franchi le Rubicon des 30%.

Seuls, les résultats établis par l’Isie seront cependant  pris en compte dans ces élections.

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