Les efforts surdimensionnés que réserve le chef du gouvernement désigné à la constitution de son équipe ne semblent toujours pas déboucher sur le déclic vital qu’attend l’opinion.

Habib Jemli recueille, en ce moment, les C.V. des potentiels candidats sur la base des alliances envisageables, suite au désistement définitif d’Attayar et d’Echâab. Mais s’il affirme effectivement assurer la neutralité des ministères de souveraineté, il déclare garder toutes les portes ouvertes.

A ce stade, aucune voie passante n’est indiquée et les pronostics ne peuvent opter que pour un gouvernement sans âme conduit par une coalition contre nature qui ne pourra se passer de Qalb Tounès.

Alors que les accusations de corruption visant le parti de Nabil Karoui se poursuivent et s’amplifient, l’Assemblée fait des mains et des pieds pour s’assurer la vedette exclusive. Ce qui, en régime parlementaire, même ajusté, n’a pas lieu de révolter quiconque.

La personnalité de Rached Ghannouchi donne, en effet, l’impression d’agir à repousser les frontières de l’espace vital que lui confère la Constitution, grâce à des circonstances et à un cérémonial qui donnent le sentiment d’une migration de l’autorité.

Ce sentiment est bien exprimé par Samia Abbou lorsqu’elle affirme : « Nous vivons dans un mensonge, on dit que Habib Jemli se concerte avec Ennahdha, Attayar, Echâab et Tahya Tounès, mais on ne cite pas Qalb Tounès, alors que les vraies concertations sont menées là ! On veut induire les gens en erreur et on donne l’illusion d’un changement alors que le système est toujours le même. D’ailleurs ce qu’on voit maintenant, ce sont deux partis, Ennahdha et le PDL, qui se disputent le système qui a perduré depuis Ben Ali et nous ne voulons pas prendre part à cette mascarade ».

Autre recentrage mené en douce à l’initiative de l’ARP et de son président, l’amendement proposé par Ennahdha relatif à la création d’un « fonds de zakat et de dons » qui a fini par être rejeté, hier, lors de la plénière consacrée au vote des articles supplémentaires du projet de loi de finances 2020. Profitant de la rémanence d’un gouvernement sans réelles prérogatives, Ennahdha donne le ton du profil qu’elle souhaite donner au mandat parlementaire qui démarre : la relance de la symbolique islamiste dont la cheville ouvrière sera Al Karama.

Ce projet de fonds fait partie du contrat-programme gouvernemental d’Ennahdha en vue de « l’éradication de la pauvreté et l’aide aux catégories démunies ». Mais les dirigeants  islamistes affirment désormais qu’il s’emploiera à « dédommager les victimes de l’ancien régime ». Une vieille chanson qui s’invite de nouveau au débat, après avoir tant ébranlé les finances publiques.

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