La Tunisie a choisi, au lendemain de l’Indépendance, un modèle économique protectionniste qui visait à protéger l’industrie, le tourisme et l’agriculture tunisienne, en limitant, voire interdisant l’importation des produits, ayant leur similaire fabriqué en Tunisie. Cette politique économique a permis à plusieurs entreprises de s’épanouir, se développer et de recruter une main-d’œuvre spécialisée. D’ailleurs, certaines entreprises opérant dans les secteurs concurrentiels avaient une participation de l’Etat dans leur capital.

D’autres entreprises sont détenues à 100% par l’Etat. Mais cette politique a rapidement montré ses limites face à un monde qui bouge et qui privilégie une ouverture économique et une libéralisation de l’initiative privée. Les bailleurs de fonds internationaux, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, dont la Tunisie est membre et fidèle cliente, ont toujours recommandé cette ouverture économique pour pouvoir fournir des fonds colossaux destinés au budget. Ainsi, la Tunisie a rapidement assuré sa transition économique en s’orientant vers une libéralisation progressive de l’économie sous la houlette de feu Hédi Nouira, alors premier ministre.

Auparavant, l’expérience du collectivisme n’a pas donné de résultats probants et le pays est entré dans une phase de contestations graves. Au bout de quelques années, cette politique d’ouverture économique s’est essoufflée et de graves accrochages ont eu lieu avec la Centrale syndicale qui a décrété la grève générale par feu Habib Achour. C’est dire que toutes les politiques ont leur côté positif et leur revers de la médaille. Avant la révolution, la Tunisie avait poursuivi cette politique libérale qui a, certes, généré des bénéfices à l’Etat et au secteur privé.

Malheureusement, les richesses n’ont pas été distribuées d’une façon équitable à toutes les régions dans la mesure où ceux qui habitent les régions intérieures n’ont pu bénéficier d’aucune amélioration de leurs conditions de vie. Aujourd’hui, la question du modèle de développement se pose de nouveau. Les investisseurs, étrangers et tunisiens, se demandent quant au modèle économique qui sera adopté à moyen et long terme. L’Etat a donné une ébauche de réponse : l’économie solidaire et sociale et le partenariat public-privé seront privilégiés.

Mais au niveau de l’application, les réalisations sont plutôt modestes. Un tel modèle économique requiert des compétences dans les nouveaux métiers et les technologies avancées. Ainsi, l’Etat peut fournir, à titre d’exemple, un terrain à l’investisseur sous forme de concession sur 4 années ou plus, ou sous forme de location, pour créer un projet à forte employabilité et à valeur ajoutée. Un tel choix a trouvé un bon écho auprès des jeunes promoteurs tunisiens, diplômés de l’enseignement supérieur, mais ceux qui résident dans les régions intérieures n’ont pas encore vu se concrétiser ce choix. Ce nouveau modèle économique a, certes, fait ses preuves dans certains pays développés, mais est-il en mesure de répondre aux aspirations d’une population tunisienne qui a tant souffert de la marginalisation ?

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