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L’Union européenne sera-t-elle disloquée? Les États-Unis vont-ils partir en vrille? Depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus, les États de ces deux mastodontes de la géopolitique internationale se sont recroquevillés.

Dans le Vieux Continent, la zone la plus affectée par le virus — 760,383 cas de contamination et 36,863 morts, selon un dernier bilan rendu public hier —, chaque pays fait face aux affres du Covid-19 à sa manière. Les frontières sont fermées et les postes de la douane sont rétablies. Les libertés publiques sont désormais extrêmement limitées dans des pays comme la France, l’Italie et l’Espagne. Les chefs de gouvernement et la Commission se consultent par vidéo, mais il n’y a aucun soutien humanitaire mutuel.

Pis encore, on a même assisté à des évènements surréalistes, notamment le détournement d’une aide médicale chinoise destinée à l’Italie par la République Tchèque. Près de 650 000 masques envoyés par Pékin dans un avion qui fut obligé de faire escale à Prague pour se ravitailler en kérozene. Même les pirates des caraïbes n’auraient pas mis en place un tel scénario rocambolesque. Il faut dire que l’UE nous a déjà habitué par ce manque de solidarité entre les États membres, surtout durant la crise migratoire.

Devant un tel amère constat, l’Italie — le pays est le plus touché en Europe par l’épidémie de nCoV avec 101.739 cas de personnes testées positives au Covid-19 et 11.591 morts (selon le dernier bilan publié hier sur worldometers.info) — par l’intermédiaire de son Premier ministre a critiqué l’Union européenne qui n’a toujours pas affiché «la solidarité économique » nécessaire pour sortir de cette crise.

«Le problème n’est pas de sortir de la crise mais de le faire au plus vite possible » a fait savoir Guiseppe Conte dans une interview au journal espagnol El Pais.

D’après le chef du gouvernement italien, le veto d’Amsterdam et de Berlin aux aides économiques demandées à l’UE par les pays d’Europe du sud, dont l’Italie et l’Espagne, qui sont les plus touchés, est en train de menacer l’union sacrée du Club des 27.

«L’Europe dispute aujourd’hui un match historique » a souligné le Président du Conseil italien. «Ce n’est pas une crise économique qui touche certains plus que d’autres. Il n’y a aucune distinction entre les systèmes financiers. C’est une crise de santé qui a explosé dans le domaine économique et social. C’est un défi historique pour toute l’Europe. J’espère véritablement que l’UE surmontera cette situation par un esprit solide d’européanisme. Regardez, nous restreignons les droits constitutionnels de nos citoyens et l’Europe doit réagir pour prévenir les erreurs tragiques » a regretté Conte.

« Une Europe laide », pouvait-on lire à la Une du quotidien « La Repubblica ».  Et selon le « Corriere della Sera », « Si l’UE ne se met pas d’accord, le projet européen est terminé », mettant en relief « un accord a minima » et une union « qui ne fait pas la force. »

Conte a même exhorté Bruxelles à mettre en place « des instruments financiers innovants et réellement adéquats pour une guerre que nous devons mener ensemble », sans quoi il ne signerait pas de déclaration commune.

Voilà de quoi alimenter davantage l’idée d’un hypothétique « Italexit » et donner des ailes souverainistes voire même aux partis politiques nationalistes (Salvini et Cie.)

Pendant ce temps-là, la Chine et la Russie occupent le terrain. Il faut dire que la nature a horreur du vide.

Parallèlement, ces derniers jours, dans la région de Bergame en Lombardie (nord de l’Italie), la zone la plus sinistrée par la pandémie, on apprend que des forces spéciales russes se sont déployées pour désinfecter une maison de retraite dans laquelle 35 personnes sont mortes du virus.

D’ailleurs, le Kremlin a envoyé dans la péninsule «15 vols spéciaux de l’aviation militaire (…) et 122 spécialistes », dont de nombreux officiers supérieurs, précise le quotidien « La Stampa », qui cite l’ambassadeur russe en Italie.

Certes, la presse de la péninsule voit de mauvais oeil la présence des forces armées de Vladimir Poutine avec leurs combinaisons et blindés, mais que faire quand les Européens entonnent le slogan: chacun pour soi, Dieu pour tous !

Last but not least, en pleine crise du Covid-19, malgré l’inquiétude de Bruxelles et Washington, le gouvernement italien et les autorités chinoises ont signé, samedi 21 mars 2020, dans la Ville Éternelle, un protocole d’accord «non contraignant» pour sceller l’entrée de l’Italie dans les «nouvelles routes de la soie » (un méga-projet d’infrastructures maritimes et terrestres lancé par Pékin en 2013-Ndlr).

En effet, en présence du président chinois Xi Jinping et du Premier ministre italien Giuseppe Conte, le président de la commission nationale pour le développement, He Lifeng, et le ministre italien du Développement économique, Luigi Di Maio, ont solennellement signé le document.

Les accords portent au total sur 5 à 7 milliards d’euros – voire sur un «potentiel» de 20 milliards d’euros, à en croire le quotidien économique « Il Sole 24 Ore » – et prévoient des investissements chinois, pour l’instant limités, dans les ports stratégiques de Gênes et de Trieste.

« La partie chinoise souhaite des échanges commerciaux dans les deux sens et un flux d’investissements dans les deux sens », a assuré Xi, la veille de cette cérémonie de signature du protocole, lors de son entretien avec le président italien, Sergio Mattarella, au palais du Quirinal, à Rome.

Aux États-Unis, le pays qui compte désormais 145.542 cas de contamination et 2.616 décès, dont 33.000 cas et 776 morts dans l’État de New York (épicentre de l’épidémie), selon les derniers chiffres de l’université Johns Hopkins, Donald Trump poursuit sa folie de grandeurs en privant la Grosse Pomme du confinement. Après tout, pour le locataire de la Maison-Blanche, la vie des gens ne compte pas devant le spectre de la récession économique.

Ignorant les avertissements de l’un de ses conseillers, Dr Anthony Fauci qui pense que le nouveau coronavirus pourrait faire jusqu’à 200.000 morts, le président américain continue à minimiser la menace de l’épidémie.

Pour le « Commander in Chief », il ne faut surtout pas parler de prolongation du confinement et de distanciation sociale au-delà de la mi-avril. « No way »… Laissons les gens crever sans couverture médicale et sans respirateurs. Et bienvenue dans le nouveau épisode de la saga hollywoodienne « La Purge », alias « American Nightmare » (cauchemar américain).

Enfin, loin des théories apocalyptiques et des desseins catastrophiques, n’est-il pas venu le temps pour un nouveau paradigme, une autre manière de voir les choses, valorisant les chercheurs scientifiques aux dépens des stars du showbiz ou les icônes du ballon rond (Messi, Neymar, Ronaldo et Cie) qui perçoivent des millions d’euros pour divertir la plèbe alors que des chercheurs comme l’infectiologue, Pr Didier Raoult subissent les affres des coupes budgétaires?

Après tout, avec cette paralysie mondiale et devant l’impuissance des gouvernements, tout le monde reste suspendu aux lèvres des hommes de science.


 

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