Courrier du lecteur : Une mise au point pour mieux comprendre le Covid-19

Par Docteur AMOURI Faiez
Anesthésiste Réanimateur à Paris

Le Covid- 19 constitue actuellement un problème de santé à l’échelle mondiale avec des répercussions sanitaires, sécuritaires, économiques et sociales. L’agent causal est le SARS-CoV2, une  souche qui a fait son apparition  au mois de décembre 2019 à Wuhan et s’est répandue en mode pandémique.

Le virus possède un très fort potentiel de contagion, il peut se propager rapidement selon un modèle exponentiel contaminant des milliers de personnes en l’absence de mesures barrières et de moyens de confinement strict. La maladie présente une contagiosité élevée. Aucun pays n’est épargné.

Des complications thromboemboliques fréquentes et graves

On a pu récemment comprendre le mécanisme de lésion  du SARS CoV2 et ceci grâce aux résultats d’autopsies faites en Italie et qui ont été publiés récemment. Le SARS CoV 2 possède un tropisme vasculaire. Il attaque la cellule endothéliale(les cellules de la paroi vasculaire). Il se fixe aux cellules grâce à sa protéine Spike (déterminant immunologique majeur du virus). Les récepteurs cellulaires sont les récepteurs de l’angiotensine 2. Ces récepteurs sont surexprimés chez les hypertendus, ce qui explique les formes graves observées en cas d’hypertension artérielle.

Les lésions cellulaires provoquées par le virus ressemblent à une vascularite diffuse touchant essentiellement la paroi vasculaire des poumons et provoquant un effet shunt.

Il ne s’agit donc pas  d’un SDRA classique observé lors des pneumopathies classiques, ce qui explique le taux de mortalité élevé en réanimation. Il est donc conseillé de changer d’attitude thérapeutique et de ne pas avoir recours précocement à l’intubation endotrachéale.

En effet, la ventilation non invasive pourrait être une alternative intéressante pouvant empêcher l’aggravation des lésions pulmonaires provoquées par la ventilation mécanique.

Des embolies pulmonaires et des micro-thromboses sont également observées au niveau pulmonaire mais également au niveau du cerveau, du foie, des reins et des intestins, ce qui explique les manifestations multi-viscérales de la pathologie. Des lésions d’engelures ont été récemment décrites; des lésions vasculaires cutanées ont été alors incriminées. Le virus provoque un état prothrombotique au niveau vasculaire et des lésions endothéliales diffuses prédominant au niveau pulmonaire. Cette nouvelle explication de la maladie va nous permettre de nous diriger vers des nouvelles pistes thérapeutiques.

Le Covid-19 se manifeste sur le plan clinique comme une vascularite systémique. Une thromboprophylaxie précoce chez les patients infectés, voire une anticoagulation efficace, en association avec l’hydroxychloroquine et l’Azithromycine pourrait prévenir les formes graves et les complications thromboemboliques, ce qui permettrait, ainsi, de réduire la mortalité chez les patients atteints du Covid-19 à risque élevé, notamment chez les  obèses, les hypertendus et les patients aux antécédents de cancer et dans les formes graves.

L’ hydroxychloroquine trouve donc largement sa place, surtout à un stade précoce. (L’hydroxychloroquine est préconisée dans le traitement de certaines vascularites)

Je pense qu’il faut   mettre précocement les patients atteints du Covid-19 sous  Héparine à bas poids moléculaire à titre préventif, voire curatif chez les patients à risque, en association avec l’hydroxychloroquine et l’Azithromycine.

Quelles sont les mesures de protection et de prévention collectives efficaces ?

Le confinement total et strict constitue le meilleur moyen de protection et de prévention collective. La Tunisie a adopté cette stratégie depuis le 22 mars 2020, au moment où le pays a enregistré 54 cas de Covid-19  avec une hausse de 15 cas en 24 heure.

Cependant, l’application stricte de la politique de confinement semble être difficile sur le plan pratique. En effet, les conséquences économiques et sociales sont importantes. Le confinement total entraîne également des répercussions psychologiques néfastes pour la santé mentale de la population et induit des lésions séquellaires de Stress Post Traumatique Majeur.

Le confinement total ne doit pas constituer le seul moyen de lutte contre cette maladie et ne doit pas dépasser les 60 jours dans tous les cas.

Le port obligatoire de masques par la population permet de contrôler efficacement la propagation du virus (le cas de la Corée du Sud). Cette stratégie permet d’écourter la période du confinement strict et d’instaurer un déconfinement progressif sans prendre le risque d’avoir un deuxième pic endémique.

Un commentaire

  1. christian camus

    15/04/2020 à 09:22

    cet article est tres utile pour comprendre les formes les plus graves de la maladie — on croyit que c etait une pneumonie, on decouvre maintenant que c est le sang qui ne circule plus.

    – et pour eviter cela , il faut imperativement se soigner dès que les premiers symptomes apparaissent.

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