IL était difficile de se prononcer sur la crise politique en Tunisie ces derniers jours. Personne ne disposait des éléments clés à même de lui permettre de déchiffrer les codes du « casus belli » entre le Président de la République et le Chef du gouvernement. Mercredi dernier, on a commencé à rassembler les morceaux du puzzle. Les hostilités ont été étalées au grand jour avec de part et d’autre les arguments de charge. Les professeurs de droit constitutionnel, les députés et les partis politiques ont livré leurs avis sans pour autant réussir à baliser la voie de l’apaisement. On était arrivé à un point de non-retour et toutes les manœuvres pour faire converger les points de vue étaient impossibles ou vouées à l’échec. C’est que la démocratie permet tout sauf la rébellion contre la légitimité. Que la voix d’un député s’élève pour revendiquer l’enclenchement du processus en vue de déchoir le Président de la République et que de l’autre versant on invite les professeurs spécialisés en droit constitutionnel à statuer sur l’issue à donner à la crise politique, nous sommes en pleine phase de sédition.

Mais le Président de la République dans son discours mercredi devant quelques députés s’est montré fort et plus que jamais prêt à mener le combat. Il n’a pas menacé de quadriller le pays par les soldats. Mais il a averti : «La Constitution est derrière vous et le peuple est devant vous : vous n’avez pas beaucoup de choix». Autrement dit, la légalité (par la Constitution) est à son bénéfice, la légitimité (qui émane de la volonté populaire) lui est aussi tout à fait acquise. Pour s’en rendre compte, il faut tout juste visionner les vidéos qui circulent sur la Toile à propos des visites inopinées du Président de la République et les bains de foule dont il s’est glorifié. Mais malgré la force dont il dispose, le Président de la République n’a  pas abusé de son statut. Jusqu’à hier, personne n’a été inquiété. Il n’a pas non plus campé sur une position extrême, il a tout juste revendiqué le droit d’être reconnu dans son rôle de Président de la République.

Ce que la majorité des Tunisiens lui demandent. C’est que Saïed n’est pas uniquement, aux yeux de la Constitution, le Président de la République. Il est aussi le chef de l’Etat et le garant de son intégrité. Mais il sait se montrer un peu conciliant. En proposant de rayer de la liste les ministres soupçonnés de corruption, il a mis sur la table un projet de solution. Il suffit de saisir au vol cette proposition pour trouver une issue digne. C’est un début de compromis.

Laisser un commentaire