Droits et libertés | La solidarité et la citoyenneté, deux forces et valeurs républicaines qui se perdent : Esprit citoyen, où es-tu ?

Les Tunisiens doivent rester soudés et mobilisés pour faire face aux nombreuses difficultés qu’ils surmontent, à commencer par la maladie Covid-19 qui fait tant de ravages. Un état d’esprit citoyen doit renaître et émerger dans l’intérêt collectif.

Les espoirs nourris depuis la révolution du 14 janvier 2011 ont vite été dissipés par de nombreux phénomènes qui ont remis en cause certaines valeurs républicaines comme l’esprit de citoyenneté ou la solidarité même si de nombreux citoyens continuent d’œuvrer dans le bon sens et d’agir pour une meilleure Tunisie avec les moyens du bord. Mais force est de constater que la plupart sont dans l’attentisme, l’immobilisme, l’inaction, le non recours à leurs devoirs envers la Nation même si pour les devoirs électoraux, l’abstention est une position de plus en plus compréhensible sans qu’il faille l’encourager.

Ces dernières années, les Tunisiens ont appris à leurs dépens qu’ils ne pensent qu’à leur intérêt personnel bien avant de raisonner pour l’intérêt collectif. Lorsqu’on constate la fuite des cerveaux, une élite partie sous d’autres cieux plus cléments, la pression retombe sur les catégories qui se trouvent en bas de l’échelle sociale. Pourront-elles supporter tout le poids de la misère sociale qui sévit dans le pays ? Pourquoi devraient-elles le faire tandis que d’autres ont montré, malgré eux, le «mauvais exemple» en quittant illico presto un pays devenu invivable au point que l’on regrette une époque pourtant marquée par la dictature et dont on ne veut plus entendre parler en Tunisie, mais avec une stabilité économique et sociale que la Nation n’a plus jamais retrouvée au grand dam de son peuple qui aspire à plus de liberté.

Car la citoyenneté exige de nombreux devoirs et obligations et bien moins de privilèges. Le citoyen exemplaire qui paie ses impôts, respecte le code de la route, ne commet pas d’infractions, ne signe pas des chèques sans provisions même si la loi a été assouplie, ça ne court pas les rues. En effet, les notions de civisme, de citoyenneté, de tolérance, de respect, de patriotisme…sont des notions étrangères à une partie de la société tunisienne.

Leur relation quotidienne dans la société souvent conflictuelle, leur rapport à l’Etat tendu et critique, les comportements de fonctionnaires plaintifs et nonchalants alors qu’ils sont censés être au service des citoyens prouvent que la plupart des Tunisiens n’ont pas tout compris ni assimilé la notion de citoyenneté. L’égoïsme et la fuite en avant ont créé un sentiment de frustration généralisé qui a poussé les compétences grises tunisiennes à migrer vers d’autres pays d’Europe et d’Amérique du Nord où la citoyenneté est bien ancrée.

Les citoyens qui sont imprégnés de cette notion ne veulent pas l’appliquer en Tunisie à cause de nombreuses contraintes. Intérioriser et respecter le principe de citoyenneté nationale suppose qu’il faille observer et se plier rigoureusement à la loi, avoir le sens de la responsabilité, payer ses impôts, respecter autrui, travailler et servir son pays. Tout un cortège d’obligations et devoirs qui n’ont pas été appliqués dans la Tunisie post-2011….

Des textes à la réalité… l’écart se creuse de plus en plus

L’article 21 de la Constitution de la République Tunisienne de 2014, dans le chapitre des droits et libertés, mentionne : «Les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination». Mais il attribue un rôle important à l’Etat qui doit sauvegarder la souveraineté nationale et les libertés de son peuple. Chose qui est loin d’être vraie en Tunisie où des signaux évoquent le retour d’un Etat policier entre autres marqué par les derniers événements. L’article 21 poursuit : «L’Etat garantit aux citoyens et citoyennes les libertés et les droits individuels et collectifs. Il leur assure les conditions d’une vie digne». Là aussi on se demande si tout est assuré convenablement puisqu’à titre d’exemple les revenus des Tunisiens ont fondu comme neige au soleil ces dernières années, notamment avec une étude sur le budget de la dignité pour un couple avec deux enfants qui devrait avoisiner 2.500 dinars chacun pour pouvoir vivre dignement alors qu’en réalité le salaire d’un fonctionnaire ne dépasse pas 1.600 dinars par mois. De quelle dignité parle-t-on quand on voit le niveau du salaire minimum appelé SMIG en Tunisie ? A 429,312 dinars brut par mois pour le régime de 48 heures, il est indécent, comparé au niveau du SMIG en Suisse réévalué il y a quelques jours qui est désormais de trois mille Euros (10.000 dinars). En clair, l’Etat n’est plus solidaire de son peuple. En attendant, à l’exception de quelques gouvernorats qui se plient aux exigences du couvre-feu et du confinement général pour améliorer la situation comme à Sousse, même si Kairouan connaît une accalmie, les citoyens sont nombreux à se plaindre justement de l’irresponsabilité, de l’ignorance et du manque de conscience de leurs compatriotes dans le combat qu’on mène tous contre la propagation du virus Sars-cov-2, transmetteur de la maladie Covid-19.

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