Deuxième journée portes ouvertes de vaccination | Centres de Mnihla et Menzah 6 : Les jeunes prennent d’assaut les vaccinodromes

A mesure que la journée avance, le rythme s’accélère. L’affluence des jeunes, habituellement noctambules que lève-tôt, devient de plus en plus importante. Alors qu’au début de la campagne de vaccination, qui a démarré il y a quelques mois, la plupart d’entre eux étaient plutôt sceptiques.

10h, dimanche 15 août 2021, le centre de vaccination situé au lycée cité Errafaha à El Mnihla fonctionne selon un mécanisme huilé et une organisation qui frôle la perfection. Pour les jeunes qui sont venus recevoir leurs injections en cette journée portes ouvertes, sitôt arrivés, sitôt vaccinés. A l’entrée, une scoute-girl et un volontaire membre d’une association active dans ce faubourg de l’Ariana s’activent. Ils vérifient les messages de convocation reçus par les futurs vaccinés. Une fois la porte d’entrée franchie, on s’assure de l’identité. L’arrivé reçoit un numéro et attend son tour, assis sous les tentes dressées dans la cour de l’établissement scolaire.

Avec les jeunes, c’est plus fluide !

Toutes les cinq minutes, une vingtaine de candidats est invitée pour recevoir la première dose. «Jusqu’ici, près de 500 doses de vaccin ont été administrées. A vrai dire, avec les jeunes, le rythme est fluide. Ils sont déjà inscrits sur la plateforme. Ce qui est fait pour faciliter la tâche aux organisateurs. La journée du 8 août consacrée aux plus âgés était plus difficile à gérer. Les candidats n’étaient pas tous inscrits sur la plateforme», rapporte, Mohssen Ouni, directeur du lycée et coordinateur général du centre. Au total, sept salles avec une capacité de vingt personnes chacune sont mises à la disposition des vaccinateurs et des citoyens. «La municipalité d’El Mnihla nous a beaucoup aidés à nettoyer et préparer les salles. Des bénévoles et membres de la société civile, y compris des enseignants, ont pris part à l’organisation de la journée. Des médecins et des infirmiers sont également présents pour prêter main-forte», fait remarquer M.Ouni, visiblement satisfait du déroulement de l’événement. Dans ca vaccinodrome, on table sur 4.000 vaccinés, un chiffre qui correspond au quota de vaccins alloués par la direction régionale de la santé de l’Ariana. Si «Moderna» et «Janssen» sont les deux vaccins administrés dans cette deuxième journée portes ouvertes, consacrée à la jeunesse de 18 à 39 ans, le centre Errafaha-Mnihla dispose uniquement du vaccin américain Moderna, administré en deux doses. Les doses de vaccin sont rationnées par un deuxième centre situé à la salle de sport couverte se trouvant à quelques encablures de l’établissement scolaire. «La salle couverte est dotée de réfrigérateurs performants permettant de garder au frais les doses. Les vaccins sont fournis au fur et à mesure que le stock est épuisé au centre», explique Dr Lamia Mokhtar, responsable du centre Errafaha-Mnihla.

On n’est pas invincible face au virus

A mesure que la journée avance, le rythme s’accélère. L’affluence des jeunes, habituellement noctambules que lève-tôt, devient de plus en plus importante. Alors qu’au début de la campagne de vaccination qui a démarré, il y a quelques mois, la plupart des jeunes étaient plutôt sceptiques.
Emportés par la fougue de la jeunesse et par la conviction d’être invincibles face au virus, beaucoup de jeunes étaient sceptiques à l’égard du vaccin, voire indifférents. Mais la dernière vague causée par le variant Delta a fini par convaincre les plus récalcitrants. «J’ai un parent récemment décédé du Covid19. Il était infirmier, âgé de 42 ans seulement et ne souffrait d’aucune pathologie. C’est ce qui m’a le plus convaincu de me faire vacciner pour me protéger, c’est le meilleur moyen de prévention. Il n’y a plus d’autres solutions pour combattre le virus», confie Marwa, 32 ans, en train d’attendre son tour. Inès, la trentaine, propriétaire d’un site de vente en ligne, est venue à reculons. Et pourtant, elle a reçu son injection tout sourire. Elle nous explique sa perplexité: «Il faut dire que je ne suis pas très convaincue. Je suivais les fausses informations qui circulaient sur les réseaux sociaux. Mais j’ai constaté également le consentement des jeunes, j’ai fini par en être convaincue moi-même». La jeune femme poursuit, « nous avons accusé beaucoup de retard comparativement aux pays qui ont vacciné leurs populations bien avant nous. Très franchement, on n’a pas rapporté un grand nombre d’accidents graves générés par des effets secondaires pernicieux. J’ai alors pris mon courage à deux mains et me voilà, j’ai reçu ma première dose”, témoigne-t-elle visiblement contente.

200 bénévoles au vaccinodrome d’El Menzah 6

Au centre de vaccination situé au lycée secondaire d’El Menzah 6, on vaccine à tour de bras. On y retrouve les mêmes éléments d’une organisation réussie. Une procédure bien ficelée, un parcours à sens, de l’entrée jusqu’à la sortie, et surtout des bénévoles dévoués et énergiques. A l’entrée, plusieurs dizaines de candidats à la vaccination font la queue. Mégaphone en main, une jeune fille rappelle aux futurs vaccinés de présenter systématiquement à l’accueil le message de convocation ainsi qu’une pièce d’identité, de garder une distance d’au moins un mètre avec son voisin. Des volontaires, notamment du Croissant-Rouge et de la Jeune chambre internationale s’affairent à orienter les candidats, vérifier le nombre de vaccins disponibles, fournir les quantités de doses nécessaires, etc. Une véritable ruche d’abeilles, avec en bruit de fond une musique rythmée. L’ambiance est plutôt festive. «Environ 200 bénévoles sont présents aujourd’hui ici pour faire réussir cette journée», affirme Emna Zahrouni, responsable de l’arrondissement municipal d’El Menzah. Treize salles d’une capacité de 15 personnes chacune ont été aménagées pour recevoir les futurs vaccinés. «Tout est conçu de façon à vacciner 200 personnes toutes les 15 minutes. Un médecincolonel femme est également présente pour diagnostiquer les cas suspects et les femmes enceintes», assure Mme Zahrouni. Si au centre de vaccination d’El Menzah 6, on s’est bien préparé à une forte cadence, le stock fourni ne dépasse pas les 4.200 vaccins. Avec l’affluence des jeunes visiblement de plus en plus convaincus de la nécessité de se faire vacciner, il est quasi certain que les doses seront épuisées plus vite que prévu. “Au début de la campagne, je n’étais pas favorable à la vaccination. Mais j’ai pris peur, constatant la flambée des contaminations et le nombre de morts causés par le variant Delta”, témoigne Inès, trentenaire, qui poursuit actuellement ses études universitaires.
Malgré la foule et le soleil brûlant, médecins, infirmiers, bénévoles, agents de sécurité, jeunes et moins jeunes se serrent les coudes et prévoient de vacciner le plus grand nombre de personnes. Les jeunes, la cible de cette journée de vaccination du 15 août, sont au rendez-vous. Ils l’ont compris, aucun retour à une vie normale n’est possible sans passer par la case vaccin. Même les plus sceptiques semblent avoir changé leur fusil d’épaule. A la bonne heure !

Photo : © Abdelfatteh BELAID

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