Un peuple plus soudé

Editorial La Presse

Les Tunisiens ont voté hier sur le nouveau projet de Constitution. Malgré les multiples appels au boycott, une bonne partie de la population a répondu à l’appel des urnes. Plusieurs partis politiques et des activistes de la société civile se sont mis en rang d’oignons derrière la position d’Ennahdha qui considère ce scrutin comme «un coup d’Etat qui met en péril les acquis de la Révolution», laissant craindre un retour au despotisme. Mais les absents ont toujours tort, puisqu’ils ont laissé la voie libre à ce projet pour qu’il soit adopté quel que soit le taux de participation. On connaît la suite : continuer à se battre contre une constitution controversée, mais désormais légale. Certes, ce texte voté ne fait pas l’unanimité, mais il ne doit pas nous diviser non plus. Il comporte des lacunes et, dans certains de ses aspects, il est même rétrograde par rapport à la Constitution de 2014. Mais ne nous voilons pas la face, la Constitution de 2014, son système politique et ses institutions indépendantes ne sont pas parvenus à rallumer les moteurs de la croissance et à créer la prospérité. Au contraire, ils ont été les acteurs principaux des tiraillements politiques et la cause directe de la ruine du pays. C’est donc ce spectre de l’incertitude politique et de la banqueroute, conjugué aux effets d’une crise sanitaire mal gérée, qui a provoqué un tremblement de terre politique de forte magnitude, le 25 juillet 2021, dont les répliques se sont fait ressentir sur tous les aspects de la vie politique. Certains diront que la faute incombe au Code électoral, pas à la Constitution. Mais le résultat a été quand même désastreux et sur ce point, tout le monde est d’accord. Maintenant, il s’agit de ne pas sous-estimer encore une fois la capacité des Tunisiens à provoquer le changement qu’ils souhaitent. Car le Tunisien lambda, lui, ne compte pas désarmer dans ce climat de liberté retrouvée. Et il saura le prouver… par les urnes pour enfin séparer le bon grain de l’ivraie ! C’est pourquoi le combat pour la démocratie doit continuer mais avec une nouvelle vision et une nouvelle approche plus réaliste qui changent pour le mieux le quotidien des citoyens par des mesures concrètes et palpables. Disons-le sans ambages, on doit sortir de ce vote plus soudés. Car le peuple a toujours démontré, à chaque fois que le pays est touché par une épreuve, que c’est une Tunisie forte et offensive qu’on retrouve, capable à la fois d’assurer la protection de ses citoyens et de porter haut et fort les valeurs universelles.

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