Financement de l’innovation : Le «crowdfunding» est prêt à décoller

Un forum sur le financement participatif sera organisé au cours du premier semestre 2023. Il sera l’occasion d’annoncer le lancement effectif d’un nombre de plateformes de «crowdfunding».

Les premières plateformes «crowdfunding» verront le jour dans quelques mois. C’est ce qu’a affirmé Kamel Ouerfelli, directeur général adjoint à l’Apii, dans une déclaration accordée à La Presse, en marge de l’événement «Tunisia Ticad Innovation» qui s’est tenu les 1er et 2 septembre à Tunis. Il a ajouté que l’agence travaille de concert avec ses partenaires mais aussi avec les organismes régulateurs sur la préparation d’un plan d’action «crowdfunding» pour la Tunisie, et ce, dans l’objectif de faciliter la mise en œuvre du financement participatif.

Selon Ouerfelli, le plan d’action prévoit un accompagnement des régulateurs dans l’ajustement des réglementations pour la prise en compte de ce nouveau mode de financement. Outre les sessions de formation qui seront consacrées aux jeunes souhaitant lancer des plateformes de «crowdfunding», des campagnes de sensibilisation, qui visent à faire connaître les mécanismes et les moyens de financement participatif, sont prévues par le  plan d’action. Ouerfelli a, en outre, fait savoir que l’agence envisage de créer une plateforme qui regroupe toutes les informations relatives aussi bien au «crowdfunding» qu’aux plateformes existantes pour permettre un accès unique à l’ensemble des plateformes de «crowdfunding». Un forum sur le financement participatif sera également organisé, au cours du premier semestre 2023. Il sera l’occasion d’annoncer le lancement effectif d’un nombre de plateformes de «crowdfunding», selon Ouerfelli.

Il a, par ailleurs, ajouté que le financement participatif va contribuer à la résolution des problèmes de financement que les startup et les entreprises innovantes rencontrent souvent auprès des banques. Car ces institutions financières exigent, généralement, des garanties et sous-estiment les projets innovants souvent évalués comme étant des projets risqués.

Les trois métiers du «crowdfunding»

Intervenant lors du panel «le financement participatif des startup : une dynamique d’investissement en Afrique à l’ère du digital», l’expert international auprès du programme «Innovi», Mazen Al Kacem, a expliqué qu’il y a trois principaux outils de financement sur le «crowdfunding», à savoir les dons et récompenses, les prêts et les investissements (crowdequity). Ces trois métiers du «crowdfunding» vont couvrir, selon Al Kacem, chaque phase du développement de l’entreprise ou de la startup. Ainsi pour démarrer leurs projets, les startuppeurs utilisent beaucoup le «crowdfunding» par les dons et récompenses. C’est un outil qui va, entre autres, les aider à tester le marché composé d’un cercle de personnes proches et moins proches. Si le produit connaît un succès sur une plateforme de «crowdfunding» par dons et récompenses, cela va permettre au porteur du projet de se servir de sa réussite pour présenter des garanties auprès des banques et accéder au financement classique. Le «crowdfunding» par prêt va couvrir la phase suivante du développement de la startup pour financer, essentiellement, le fonds de roulement. Enfin, le «crowdequity» consiste en un financement participatif par investissement où les contributeurs vont pouvoir avoir des parts dans l’entreprise ou la startup. Il s’agit d’une levée de fonds un peu plus conséquente par rapport aux deux premiers outils.

Al Kacem a, par ailleurs, annoncé qu’«Innovi» va appuyer l’opérationnalisation du «crowdfunding» en Tunisie, à travers notamment la création de l’association professionnelle du «crowdfunding» qui verra le jour d’ici quelques mois.

De son côté, Nejia Gharbi, directrice générale de la CDC, est revenue sur le projet d’appui aux startup et PME innovantes qui a été lancé en 2021 et qui vise à financer les startup et appuyer l’écosystème de l’innovation en Tunisie. Elle a rappelé que le fonds de fonds «Anava» a, jusque-là, souscrit dans deux fonds et consacré 20 millions de dollars pour la partie «Seed stage» et 22 millions de dollars pour le «early stage». Elle a fait savoir que, sur cette composante, la CDC finance les «childfund» jusqu’à 75%. L’objectif est de toucher 280 startup via les «childfund».


C’est quoi le «crowdfunding» ?

Le «crowdfunding», que l’on définit littéralement par le «financement par la foule », est fréquemment traduit par « financement participatif ». Le «crowdfunding» se base sur la logique selon laquelle les petits efforts accumulés peuvent faire aboutir de grands projets. Le «crowdfunding» rassemble des individus pour un projet humain, une aventure collective. Il faut aller au-delà de l’aspect financier pour voir toute l’importance et la portée de cette démarche. Le «crowdfunding» propose un nouveau type de lien social créateur de valeur et déplace le centre de gravité du financement. Nous basculons dans un environnement numérique, où nous assistons au développement exponentiel de solutions alternatives de financement s’appuyant sur les internautes, que cela soit le modèle basé sur la récompense, le don, le prêt entre particuliers ou le micro-crédit (sans intérêt).

L’Europe se place en deuxième position sur l’échelle des financements participatifs notamment grâce au Royaume-Uni qui collecte 75% des montants européens, principalement pour des projets culturels et des créations de start-up. Selon une étude de KPMG et de l’association FPF (Financement Participatif France), la France est un pays en émergence dans le secteur du crowdfunding. Les sommes collectées par les trois modes de financement sont en évolution, passant de 68.6 millions d’euros collectés en 2016 à 82.8 millions d’euros à la fin de 2017.

Tout comme son économie et sa politique, le cas de l’Afrique est d’autant plus intéressant qu’il est complexe. De belles réussites montrent que certains pays ont largement bénéficié du financement participatif à tous les niveaux mais les réglementations et conditions manquent encore de transparence et de clarté. L’Asie se situe en troisième position avec 10,5 millions de dollars levés dans plusieurs pays (en priorité en Chine, au Japon et en Inde) à travers des prêts ou investissements.

Le «crowdfunding» en est encore aux prémices en Inde, notamment à causes des lois et réglementations en vigueur en termes de financements. Cependant, les projets qui sont proposés sont de qualité et aboutissent généralement à des projets de référence en termes de réussite dans le domaine du financement participatif en Asie.

Un commentaire

  1. Walid G

    06/09/2022 à 20:47

    Le crowd-funding est équivalent au système des habous éliminés au lendemain de l’indépendance.

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