Réforme du système éducatif et d’enseignement : Plus qu’un choix, une nécessité

 

Ce n’est pas un hasard, aujourd’hui, que l’enseignement soit attaqué de toutes parts. Cela est d’autant plus vrai que, dans nos établissements, on ne sait plus s’il y a des responsables effectifs ou des forces « étrangères » qui les dirigent. Un directeur ne peut plus appliquer ce que sa hiérarchie directe exige sous peine d’être saboté par les puissants syndicats. Alors qui commande vraiment ?

Tout est bon pour arrêter les cours, bloquer le travail administratif, orchestrer une fronde continue et désorganiser le système hiérarchique. Au rythme où nous en sommes, nous n’irons pas loin.

Notre enseignement périclite chaque jour. L’accumulation des événements et des obstacles depuis toutes ces années a fait perdre à nos enfants une part très importante d’acquis et d’apprentissages. 

Il n’est plus question de poursuivre indéfiniment le débat autour de ce qu’on appelle « La réforme du système éducatif et d’enseignement ». En effet, des milliers de documents ont été élaborés au cours de nombreuses consultations régionales et au niveau national autour de la question. Des recommandations claires et nettes existent à l’heure actuelle et ne demandent qu’à être mises en œuvre.

Une stratégie à mettre en œuvre 

Le ministère de l’Education et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont, chacun, un projet prêt. Des dizaines d’experts et de pédagogues ont identifié tous les aspects et examiné tous les problèmes à l’origine de la détérioration du système en cours. Ils ont, par conséquent, diagnostiqué le mal et prescrit les remèdes. Seulement, il y a eu des blocages venant comme on s’y attendait, des syndicats.

Quand on soulève de nouveau la question de la rénovation de notre système éducatif et d’enseignement, on ne fait que confirmer l’idée qui consiste à dire que nous n’avons rien fait depuis, au moins 15 ans.

Si le Chef de l’Etat reprend à son compte ce leitmotiv, c’est la preuve supplémentaire qu’il y a urgence. La réforme n’est plus un choix, mais une nécessité. Elle doit se concrétiser au plus vite. On s’étonne que des documents d’une valeur incontestable (on pense aux outputs des consultations effectuées en vue des réformes des systèmes éducatifs tant au niveau de l’enseignement de base et secondaire qu’au niveau supérieur) « dorment » au fond des tiroirs. 

Qu’a-t-on fait du plan stratégique de réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour la période 2015-2025 qui a été élaboré par la Commission nationale de la réforme ?

Autrement dit, il n’est pas nécessaire de refaire, encore une fois, le même trajet. Tout au plus devra-t-on ressortir ces dossiers et les dépoussiérer pour passer, ensuite, à la réalisation.

Quant au Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement énoncé dans la Constitution, il prête à équivoque. De nombreux spécialistes dans le domaine de l’éducation ne sont pas pour. Ce n’est qu’une perte de temps supplémentaire. En effet, les réformes nécessaires sont déjà là. Il ne manque que la volonté de les mettre en œuvre avec les réactualisations et les « retouches » qui s’imposent.

C’est vrai que bien des choses ont changé depuis l’élaboration et le parachèvement des débats et consultations sur les réformes. Donc, il est évident, comme l’a indiqué le Chef de l’Etat, d’impliquer les différents intervenants, les vrais !

Le coût de la réforme

Toutefois, il y a lieu de ne pas occulter un aspect des plus importants, à savoir celui du financement de la réforme. A cet effet, il serait bon de rappeler qu’on avait estimé, pour la période 2016-2020, le coût de cette réforme à 4.105 milliards de nos millimes ! Soit près de 1.000 milliards annuellement.

Cette enveloppe, comme nous l’avions déjà précisé dans un de nos articles publiés précédemment, engloberait 9 axes. Le premier concernerait l’équité et l’égalité des chances avec 175 milliards. En second lieu, il y a la révision de la carte scolaire dont le coût s’élèverait à 320 milliards. Il y a, aussi, l’optimisation des ressources humaines qui devrait mobiliser quelque 430 milliards. Le développement des acquis des apprenants et le relèvement de la qualité des apprentissages ont été évalués à 650 milliards. Pour leur part, l’amélioration de la vie scolaire et la restructuration de l’enseignement préparatoire et secondaire coûteraient, respectivement, 440 et 650 milliards chacune. Tandis qu’on réserverait à la lutte contre la déscolarisation près de 70 milliards et 420 autres milliards à la bonne gouvernance.

Enfin, 950 milliards iraient à la promotion des technologies modernes. Avec les revalorisations cela pourrait représenter le double.

En définitive, il ne faudrait pas que ces considérations purement techniques nous fassent oublier le côté pédagogique et pratique. La Tunisie a connu depuis la première réforme de l’enseignement du 4 novembre 1958, d’autres révisions en 1995, 2001 qui sont venues apporter les correctifs nécessaires sans introduire de changements profonds et décisifs. 

C’est pourquoi, aujourd’hui, il ne faudrait plus hésiter devant la mise en œuvre d’une vraie stratégie visant à moderniser le système éducatif tunisien. Rien n’empêche de remettre en question certaines évidences à l’instar de l’arabisation de certaines matières.

L’idée d’enseigner ces matières en arabe pour les reprendre dans le second cycle de l’enseignement de base en français (maths, sciences, etc.) n’a fait que perturber l’esprit de nos élèves. Ceux qui prônent cette voie ont oublié que l’avenir est aux langues étrangères. Celles qui véhiculent les sciences et les nouvelles technologies. Le monde dit « arabe » ne peut rien nous apporter. On le voit: il n’existe aucune coopération réelle entre ces pays.

Chacun évolue en solo sans se soucier des autres (notamment ces pays riches).

Aussi, doit-on compter sur nous-mêmes et sur nos propres moyens. Le système éducatif a été performant durant les décennies qui ont suivi l’indépendance. Il peut renaître de ses cendres, moyennant une nouvelle dynamique. On a perdu trop de temps dans ces querelles interminables entre les ministères et les syndicats. La nécessité de mettre fin à ce mauvais scénario (comme c’est le cas pour nos feuilletons télévisés) et de passer aux choses sérieuses. 

Ces dossiers en suspens entre le ministère de l’Education et les deux Fédérations (celle de l’enseignement de base et celle de l’enseignement secondaire) doivent se terminer définitivement. Il n’y a plus de place aux tergiversations ou aux combines pseudo-syndicales. 

Laisser un commentaire