Les raisons d’un assaut

Editorial La Presse

 

SUITE à la tentative d’intrusion dans le siège du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) en Tunisie par des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants, la Toile s’est enflammée par un discours de haine contre cette communauté dans notre pays.   

Certes, les actes de vandalisme perpétrés contre des biens et des voitures stationnées aux alentours du siège du HCR appartenant à de paisibles citoyens sont condamnables et inadmissibles, mais cela ne doit en aucun cas servir de prétexte pour pointer du doigt et stigmatiser tous les gens de couleur dans notre pays. Suite à une plainte contre des migrants subsahariens ayant tenté de prendre d’assaut le siège et les locaux de la représentation du HCR, la justice s’est saisie de l’affaire et un mandat de dépôt a été émis contre quinze personnes parmi les interpellés. De ce fait, l’affaire est entre les mains du Parquet et l’instruction suit son cours. Cela devrait suffire pour apaiser les ardeurs et le mécontentement généré par cet incident et l’heure est maintenant à l’examen des raisons qui ont amené ces personnes à commettre un tel forfait. En effet, le 3 avril 2023, le HCR en Tunisie a précisé avoir arrêté «toutes les activités d’enregistrement et de pré-enregistrement du 31 mars au 17 avril en raison d’une migration du système d’enregistrement et d’identité». Une suspension «temporaire» qui concerne «toutes les opérations du HCR dans le monde», selon cet organisme. Ce qui se traduit par une suspension des aides aux réfugiés en plein mois de Ramadan, plongeant ainsi toute une communauté de personnes vulnérables dans la précarité et la détresse. Fautes de moyens de subsistance, la colère dégénère et les incidents qui s’en suivirent n’en sont qu’une manifestation malheureuse qui a nécessité l’intervention des unités de sécurité pour y mettre un terme. Ce qu’on devrait cultiver en pareils cas, c’est la solidarité et la compassion et non le sentiment de révolte et  de haine envers l’autre. Car cela ne peut que compliquer davantage un quotidien déjà difficile pour des personnes vulnérables.

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