Une gauche en perdition !

Editorial La Presse

 

La gauche tunisienne, à l’image de celle internationale, vit un effondrement politique des plus ravageurs. C’est une gauche, quelle  que soit sa classification, en pleine perdition et en décalage par rapport à la réalité politique et aux attentes des citoyens. C’est aussi une gauche qui vit dans les chimères idéologiques d’un socialisme révolu et métamorphosé même dans les pays d’origine tels que la Russie et la Chine.

Et pourtant, la gauche tunisienne a des racines dans l’histoire politique du pays avant et après l’indépendance. Sauf que le passage vers la démocratie et la vie politique organisée lui a été fatal : des élections perdues malgré un mode de scrutin clément (la proportionnelle) et des leaders de cette gauche qui ont plongé dans l’opportunisme et le clientélisme, changeant de peau et d’alliés au gré des intérêts et des postes proposés. Bizarrement, cette gauche tunisienne, qui tend depuis des années vers l’extrême au détriment de la gauche sociale, n’a pas réussi pendant 10 ans à convaincre les électeurs mais aussi les observateurs par des programmes réalistes et une capacité de rassemblement, préférant à chaque fois les fausses batailles et positions polémiques relatives à la religion, à l’identité et aux droits individuels. Pis encore, c’est une gauche qui ne s’est pas renouvelée et qui a, paradoxalement, imprimé l’ego de ses chefs historiques ayant refusé de céder le flambeau et qui tiennent à s’approprier leurs partis. Cette gauche qui a lutté contre la dictature s’est transformée, malheureusement, en de petites boîtes familiales et en des clans d’amis et de partisans avec des conflits personnels.

Au moment où les idéologies classiques s’effritent au profit des extrêmes et des courants populistes ou indépendants (apolitiques), la gauche tunisienne adopte toujours les mêmes discours obsolètes et évolue loin de ce que vit le simple citoyen. Ces partis et courants «gauchistes» ressassent les mêmes slogans et exercent à tort un monopole de la modernité et du progrès social. Sans oublier souvent une culture de l’exclusion des autres courants et idéologies politiques. Une gauche qui a mal gouverné avec des personnages qui ont accepté des postes et qui aujourd’hui se désengagent en toute hypocrisie de cette dernière décennie, et une gauche qui s’oppose mal et avec inertie sans outils de mobilisation des jeunes et des électeurs. Cette gauche est-elle consciente de ses maux et plaies ? On s’en doute, car les mêmes acteurs et figures sont toujours là au milieu de partis divisés et qui n’ont aucun poids réel ou électoral sur le terrain. Rien que le culte du passé et des personnes !

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