Un lourd héritage

Editorial La Presse

De plus en plus difficiles à cerner, notamment depuis que les gouvernants de la décennie noire avaient mis le chaos dans le pays, l’évasion fiscale, la propagation du phénomène de la contrebande de fonds et les transferts illégaux ne cessent de handicaper le financement de l’économie tunisienne.

Il est toujours désolant de rappeler cette période sombre de l’histoire de la Tunisie, mais il est consternant, voire douloureux, de continuer à penser que les valeurs, le devoir et l’intégrité n’avaient pas de place dans la gestion des affaires du pays du temps d’Ennahdha et de ses alliés. La compétence et la vocation aussi et surtout. Sur fond d’un constat amer, les interrogations concernant cette période triste de la Tunisie ne semblent pas toujours finir, ou encore avoir de réponse.

Les gouvernants de la décennie noire n’étaient en fait rien que d’ordinaires gestionnaires. De simples gestionnaires, pour la plupart de salon, avec des approches descendues du ciel et travaillées à la va-vite, avant de basculer sans cesse dans des considérations personnelles. D’ailleurs, ils n’ont jamais eu la volonté, et encore moins l’aptitude d’aller bien au-delà. 

Le résultat est aujourd’hui là : 80% de l’argent de la contrebande n’est pas déclaré. Ils puisent leur «raison d’être» dans les échanges commerciaux, l’évasion du paiement des droits de douane, notamment à travers le recours à de fausses déclarations sur la nature des marchandises échangées, ce qui entraîne par conséquent la réduction de la valeur des exportations et l’augmentation de la valeur des importations.

La mauvaise gouvernance au cours de la période qui a suivi la révolution était à l’origine de la propagation du phénomène de la contrebande d’argent, mais surtout de l’aggravation des difficultés de financement économique.

Les défaillances et les manquements ont conduit le pays dans une situation très compliquée dont l’issue était incertaine et surtout difficile à trouver. Les gouvernants de l’époque avaient toujours eu du mal à remettre au centre des débats les problèmes que connaissait la Tunisie. Ils n’avaient jamais réagi à temps, même lorsqu’ils réalisaient que les responsables qu’ils avaient choisis, et débarqués de nulle part, ne faisaient que déraper. Entre l’image qu’ils voulaient donner et les ambitions auxquelles aspirait la Tunisie au lendemain de la révolution, le fossé était énorme.

Aujourd’hui, la problématique de financement économique en Tunisie attend des solutions structurelles. L’héritage est lourd et le pays est  toujours à la recherche d’un modèle de développement alternatif, permettant de développer la capacité du tissu économique, de diversifier les ressources et de faire face à la contrebande d’argent.

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