Cérémonie en l’honneur de Mongi Bawendi, prix Nobel de Chimie 2023 : Une source d’inspiration pour nous tous

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«Il y a plusieurs années, nous rêvions en secret d’avoir un prix Nobel pour la Tunisie. Désormais, nous en avons cinq (en référence à celui accordé au quartet du dialogue national en 2015)». C’est par ces propos très enthousiastes que le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, a entamé son discours liminaire à l’occasion de la réception dédiée, mardi, au prix Nobel de chimie 2023, le Tunisien Mongi Bawendi.

Malgré son parcours atypique entre la France et les Etats-Unis, l’homme de science est demeuré profondément tunisien. En témoigne la photo de la pierre tombale de son grand-père paternel, qu’il a tenu à projeter lors de sa prise de parole dans la prestigieuse et flambant neuve Académie diplomatique internationale de Tunis.

Conseils d’ami

Devant un parterre d’ambassadeurs, de diplomates, d’énarques et d’étudiants en Chimie venus écouter la légende vivante, Mongi Bawendi, très modeste, a expliqué que son travail est d’abord un travail de toute une équipe de scientifiques, et n’hésite pas à confier qu’il avait eu la pire note en Chimie lors du tout premier examen à l’université. L’éminent scientifique explique également qu’il doit à un professeur de Chimie son amour pour cette science qui l’a emmené à Oslo où il a décroché son prix.

Devant plusieurs étudiants présents et prêts à boire ses paroles, Bawendi a finalement donné des conseils simples aux jeunes, mais ô combien précieux. «Restez curieux», a-t-il insisté, en les encourageant à explorer le monde avec un esprit ouvert et à poser sans cesse des questions, mais surtout de ne jamais abandonner et de rester flexible, car tout ne se passe pas toujours comme prévu. «Profitez de la vie au maximum», a-t-il conclu, estimant que s’il a un regret, c’est celui, sans aucun doute, d’avoir mis du temps à comprendre qu’il le fallait.

Mais au fait, au-delà du discours inspirant de ce grand homme de science aux gênes tunisiennes, pourquoi Bawendi a-t-il obtenu un prix Nobel ? En fait, c’est pour ses travaux sur ce qui est appelé en anglais les «quantum dots».

Bawendi déjà décoré à Carthage

Lorsque les grains de matière deviennent très petits —lorsqu’ils se réduisent à des dimensions nanométriques— des phénomènes quantiques apparaissent. Ces particules sont appelées des points quantiques. En 1993, Mongi Bawendi a réussi à produire des points quantiques presque parfaits de tailles spécifiques et avec des surfaces lisses, ce qui était nécessaire pour les utiliser dans des applications.

Plus simplement, ces découvertes ont des utilisations commerciales actuellement. Ces recherches ont, en effet, révolutionné le domaine électronique dans les fabrications des écrans d’ordinateurs, de téléviseurs et des lampes LED. 

Sur le plan des applications médicales, Mongi Bawendi a expliqué comment ses découvertes ont été utilisées pour «cartographier», de manière précise, les tissus biologiques. Une avancée qui permet notamment de mieux comprendre les tumeurs cancéreuses.

Rappelons, enfin, qu’à l’occasion de son passage en Tunisie, le Président de la République, Kaïs Saïed, a honoré le lauréat tunisien du prix Nobel de chimie 2023, Mongi Bawendi, en lui décernant l’insigne de première classe de l’Ordre national, lors d’une cérémonie tenue mardi au palais de Carthage.


Le décret portant distinction publié au Jort

Un décret numéro 311 de l’année 2024 portant attribution de l’Ordre de la république catégorie grand officier au lauréat du prix Nobel de chimie 2023, Mongi Bawendi, a été publié mardi au Journal officiel de la république Tunisienne (Jort)

Il convient de rappeler que l’Académie royale des sciences de Suède avait décerné en octobre 2023 le prix Nobel de chimie pour l’année 2023 à trois chercheurs spécialistes en nanoparticules dont le Tunisien Mongi Bawendi, né à Paris en 1961 et titulaire de la nationalité française et américaine.

Mongi Bawendi effectue actuellement une visite en Tunisie pour donner des conférences à l’Académie diplomatique de Tunis, à la Cité des sciences et à l’Ecole nationale des ingénieurs.

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