Les déserteurs sont pires que les adversaires

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Editorial La Presse

 

Alors que le combat de libération des Tunisiens de l’emprise des ténors de la décennie noire bat son plein, quelques activistes et fervents défenseurs du processus du 26 juillet 2021 désertent le front. Non seulement ils rallient les rangs des opposants à Saïed, mais sans vergogne ils font leur mea culpa en espérant que ce geste leur vaudra la gratitude des détracteurs du régime. Au grand dam de ces derniers, ils ont été la risée des réseaux sociaux et se sont trouvés couverts de honte. Traînés dans la boue de part et d’autre, ils sont pointés du doigt comme étant des lâches et de mauvais calculateurs.
Ce n’est que dans les moments de crise qu’on peut séparer le bon grain de l’ivraie. L’histoire retiendra les noms de ceux qui ont vraiment et délibérément choisi de servir leur pays, qui, en dépit des exigences et des risques, n’ont pas hésité, n’ont pas reculé et sont allés jusqu’au bout de leur engagement. Mais aussi, l’on se souviendra de ceux  qui se sont adonnés, sous les feux nourris des protagonistes d’un retour au passé, aux manœuvres de bas étage sous la bannière du consensus avec l’islam politique. Responsables, magistrats, activistes et autres acteurs, c’est le moment de choisir ouvertement son camp et de se ranger derrière ceux qui livrent le combat sur les lignes du feu ou de se porter solidaires avec ceux qui cherchent à faire imploser de l’intérieur le pays, la société, l’économie, tout en faisant allégeance à l’étranger pour qu’il leur porte aide et secours. Certes, défendre une grande cause, porter les plus belles valeurs de notre pays et s’engager dans une guerre juste contre une tyrannie qui emprisonnait tout un peuple, qui maintenait le pays dans l’ignorance et qui l’avait transformé en base arrière du terrorisme et de l’obscurantisme, n’est pas une entreprise sans risque. Cela exige du courage, du patriotisme et de l’honnêteté. Et ceux qui quittent le navire, croyant qu’il va sombrer bientôt, sont pires que des adversaires à visage découvert. Ils n’ont pas de place ni parmi les souteneurs ni parmi les détracteurs. Le combat continuera mieux sans eux.

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