La Tunisie doit diversifier ses partenariats économiques et réaliser une montée en gamme de ses produits, si elle veut être à la hauteur des enjeux économiques et sociétaux actuels.
Dans cette optique, le pays est appelé à consolider sa coopération avec les pays du Brics, groupe des pays ayant les économies les plus émergentes aujourd’hui. D’ailleurs, le groupe comptant cinq pays, à savoir la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud vient d’être rejoint par l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Egypte, l’Argentine, les Emirats arabes unis et l’Ethiopie et est devenu Brics+.
Le président chinois, Xi Jinping, a qualifié cet élargissement d’« historique ». Il avait été le principal partisan de l’admission des nouveaux membres, présentant l’élargissement des Brics comme un moyen pour le sud de la planète de mieux faire entendre sa voix dans les affaires mondiales.
S’inspirer des expériences réussies
De l’avis des géopoliticiens et spécialistes des questions internationales, cet élargissement du groupe contribuera à un rééquilibrage de l’ordre mondial.
Pour l’Argentine, confrontée à de graves problèmes économiques, l’adhésion représente une bouée de sauvetage potentielle pour sortir de la crise qui s’aggrave. Son président, Alberto Fernández, a déclaré que l’adhésion représentait un « nouveau scénario » pour le pays.
«Nous ouvrons de nouveaux horizons pour ainsi rejoindre de nouveaux marchés, consolider les marchés existants, accroître les investissements, créer des emplois et augmenter les importations», a déclaré le chef d’Etat argentin.
L’Ethiopie est devenue le seul pays à faible revenu du groupe. Son premier ministre, Abiy Ahmed, a déclaré qu’il s’agissait d’un « grand moment » pour son pays.
Près de deux douzaines de pays avaient officiellement demandé à rejoindre le groupe.
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a déclaré que les membres s’étaient mis d’accord sur « les principes directeurs, les normes, les critères et les procédures du processus d’expansion des Brics ».
Un poids démographique et économique majeur
« Pour la Chine et la Russie, c’était une victoire. Cela fait plus de cinq ans qu’elles font pression en ce sens », a déclaré à la presse Ryan Berg, responsable du programme Amériques au Centre for Strategic and International Studies (Centre d’études stratégiques et internationales). « Pour la Chine, cela lui permet de continuer à construire ce qu’elle espère être un ordre centré sur Pékin. Quant à la Russie, elle y voit une formidable opportunité dans le contexte actuel d’isolement important qu’elle connaît.
«Si vous êtes le Brésil ou l’Inde, vous êtes moins enthousiastes à l’idée d’une expansion, même s’ils s’y engagent de manière rhétorique, parce que cela dilue le pouvoir de votre adhésion à une organisation qui comprend une puissance mondiale comme la Chine », a déclaré Berg.
L’adhésion ne devrait pas avoir de retombées économiques immédiates pour les membres, qui entretiennent déjà des liens bilatéraux étroits avec la Chine. La Nouvelle banque de développement du groupe est encore relativement petite. Toutefois, les géostratèges affirment que bien que cette décision soit largement symbolique, elle n’est pas pour autant sans importance.
Selon eux, avec l’arrivée de ces nouveaux membres, en particulier les principaux producteurs de pétrole, la configuration des Brics représente une part beaucoup plus importante de l’économie et de la population mondiales.
Les Brics représentent un poids démographique et économique majeur, avec près de la moitié de la population mondiale (46 %, contre 41 % pour les Brics), contre un peu moins de 10 % pour les pays du Groupe des sept (G7 : Etats-Unis, Canada, Japon, Royaume Uni, Allemagne, France et Italie).
Si la part des Brics dans le PIB mondial (31,6 % en parité de pouvoir d’achat — PPA — en 2022) a déjà dépassé celle du G7, les Brics+ représentent plus du tiers du PIB mondial (35,6 % en 2022). Au sein du groupe, la Chine occupe, toutefois, une place prépondérante : elle représente 52 % du PIB (en PPA) des Brics+, ce qui correspond également au poids des Etats-Unis au sein du G7.
La Tunisie devrait saisir cette opportunité de rééquilibrage de l’ordre mondial en vue de trouver de nouveaux marchés, drainer de nouveaux investisseurs et commercialiser ses produits.