Le fin connaisseur du marketing se trouvera face à face avec le juriste et l’un des éminents spécialistes du droit constitutionnel pour un dernier round. Karoui est qualifié par France 24 de «Berlusconi tunisien» et Kaïes Saïed de «Robespierre sans guillotine» par le magazine français le Point. Aucune similitude entre les deux, excepté le fait qu’ils sont tous les deux «antisystème»

N’en déplaise à certains observateurs déçus du résultat du premier tour de la présidentielle pitanchée, les urnes ont tranché et deux candidats  sont en lice pour une seconde et ultime partie. L’élite est plus que jamais appelée aujourd’hui à descendre de son piédestal et les partis à revoir leur copie. Un cataclysme électoral ? Oui c’en est un, mais c’était dans l’air en raison de l’hiatus qui, désormais, sépare les politiques du citoyen. Les dés sont jetés, le candidat indépendant Kais Saied arrive en première position suivi de Nabil Karoui (parti Qalb Tounes).

On aura pour le second tour un homme d’affaires ou plutôt un magnat des médias,  qui, depuis la mort de son fils, sillonne le pays du Nord au Sud pour se rapprocher encore plus des habitants des régions démunies contre un candidat qui puise sa force des bancs de l’université. Le fin connaisseur du marketing se trouvera face à face avec le juriste et l’un des éminents spécialistes du droit constitutionnel pour un dernier round. Karoui est qualifié par France 24 de «Berlusconi tunisien » et Kaïes Saïed de «Robespierre sans guillotine» par le magazine français, le Point. Aucune similitude entre les deux, excepté le fait qu’ils sont tous les deux «antisystème».

Kaïs Saïed  est né le 22 février 1958 à Beni Khiar (gouvernorat de Nabeul). Il est connu pour sa droiture, sa parfaite maîtrise de la langue arabe, il peut garder un visage impassible même dans les moments les plus critiques. Il fut même imperturbable  lors de son passage devant  la caméra cachée en 2013. Son visage est resté sans expression au moment du tremblement de terre fictif (espérons qu’il gardera son sang-froid lors des situations de crise qui pourraient surgir s’il est élu président de la République).

Le représentant du parti «Au cœur de la Tunisie» Nabil Karoui est né le 1er août 1963 à Bizerte. Il se lance dans le monde des affaires après des études de commerce à Marseille, en France. Contrairement à son rival, il plonge de plain-pied dans la politique et participe activement à la fondation du parti Nida Tounès qu’il quittera pour créer son nouveau parti.

Deux candidats au profil diamétralement opposé, avec un Kaïs Saïed à l’allure rétro, qualifié, notamment par les jeunes, de «Robocop», incarnant la droiture et inspirant la confiance, et qui est surtout très proche de la classe des étudiants mais qui ne badine pas avec certains préceptes de l’Islam au point qu’il est taxé de «salafiste» par ses détracteurs, et un Nabil Karoui, au look bien moderne, fonceur, mondain et trop affairiste à un degré qu’il s’est retrouvé derrière les barreaux pour soupçon de blanchiment d’argent.

Si Karoui, un candidat antisystème dans son côté populiste,  est allé dans les zones rurales pour faire campagne et s’approcher encore plus des personnes démunies, soutenu dans ce contexte par d’autres hommes d’affaires, Kaïs Saïed est lui aussi un antisystème par excellence, un pur produit du système éducatif tunisien, qui prône une nouvelle organisation politico-administrative qui part du local vers le national et une lutte plus accrue contre la corruption. Il porte une nouvelle vision autour du pouvoir et la politique de développement. Son rival s’autoproclame fervent défenseur des classes démunies.

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